En Chine, les vélos partagés chamboulent le paysage urbain

Par Mounia Van de Casteele  |   |  657  mots
Si les vélos sont généralement bien rangés, lorsque la place manque, il y a parfois quelques petits ratés.
Les Chinois semblent avoir adopté ce nouveau mode de transport doux, avec plus ou moins de discipline. Ce qui nécessite quelques ajustements.

C'est un vrai succès ! A Pékin, les vélos en libre service ont en quelques mois seulement envahi le paysage. Les habitants de la métropole chinoise se sont appropriés ce nouveau mode de transport. Selon le Centre de recherche chinois sur le commerce électronique, le pays comptait l'an dernier 16,9 millions d'utilisateurs de vélos partagés, un chiffre qui devrait atteindre les 50 millions à la fin de cette année.

Au total, une trentaine de sociétés s'arrachent les parts de marché. Selon le media indépendant Le vent de la Chine, Ofo, qui revendique la première place, pèserait deux milliards de dollars et couvrirait 81 villes. La société gérerait pas moins de 4 millions de vélos, 800 millions de locations pour 50 millions d'usagers. Avec son rival Mobike, ils ont commandé 30 millions de deux-roues soit plus de la moitié de la production locale (53 millions).

Il faut dire que, contrairement aux Vélib' parisiens, les vélos peuvent être déposés n'importe où, comme les scooters électriques de Cityscoot, ou bientôt ceux de Bosch. Un simple smartphone suffit aux millions d'usagers de Pékin jusqu'au Tibet : ils ouvrent une application, puis scannent un QR code collé sur le vélo. Ce qui débloque son cadenas. Reste à enfourcher le deux-roues pour la modique somme de 0,5 yuan (0,07 euro) la demi-heure. Puis, une fois arrivé à destination, on laisse la petite reine où l'on veut. L'engin est aussitôt prêt pour l'utilisateur suivant. Il arrive donc parfois de tomber sur un vélo esseulé.

Des mesures drastiques contre l'indiscipline

Mais les utilisateurs de ces vélos en libre-service sont plus ou moins disciplinés. Il arrive ainsi parfois de croiser sur son chemin de véritables montagnes vélocipédiques, qui nuisent à la circulation des cyclistes, et des piétons !

Si bien que les autorités locales ont dû prendre le problème au sérieux en aménageant des parkings dédiés. Des zones interdites à la dépose de vélos seront également instituées ainsi qu'une interdiction du vélopartage pour les moins de 12 ans. A Shanghai, l'approche envisagée est encore plus drastique : interdire aux personnes trop grandes, trop petites ou trop grosses d'utiliser les vélos partagés, au motif qu'elles risqueraient de ne pas être stables une fois en selle, la taille et la structure du vélo n'étant pas adaptées à leur cas.

"Le problème c'est que les Chinois pédalent en regardant leur téléphone portable ! Ce qui rend la circulation un peu périlleuse parfois... Mais sinon ça anime bien les rues", s'enthousiasme une expatriée française, qui habite Pékin depuis deux ans.

Devant l'anarchie ambiante, certaines entreprises récupèrent désormais elles-mêmes leurs vélos, pour les placer là où ils ont le plus de chances d'être utilisés.

Généralement, les vélos de toutes les couleurs forment de belles et longues files bien droites, surtout aux abords des stations de métro.

Cependant "il y a parfois quelques petits ratés", s'amuse une Pékinoise.

Selon elle, ce nouveau service est une alternative efficace au métro "toujours bondé aux heures de pointe", et résout la problématique du dernier kilomètre.

"Cela permet en outre d'aller travailler les jours où les voitures sont interdites de circulation à cause de la pollution...", analyse-t-elle.

Indéniablement, c'est un succès. "En six mois, le paysage urbain a été révolutionné ! Il y a beaucoup plus de cyclistes, et en plus maintenant il y a pas mal de firmes et chacune a une couleur de vélos, donc on a des vélos oranges, jaunes - surtout ces deux couleurs - (celles de Ofo et Mobike, ndlr), bleus, verts, vert d'eau... Honnêtement c'est assez joli à voir. Et c'est convivial le vélo", conclut-elle.

[Crédits photos : Mounia Van de Casteele/La Tribune.]