Grèves à la SNCF : nouvelles propositions de la direction pour sortir de ce bourbier social

Par latribune.fr  |   |  920  mots
Les syndicats ont jusqu'à midi, ce vendredi, pour accpeter les propositions de la direction de la SNCF. (Crédits : Benoit Tessier)
La direction de la SNCF, après avoir été sommée par de nombreux ministres de régler le conflit avec les contrôleurs, a proposé jeudi soir des « mesures complémentaires » pour éviter une grève au Nouvel An. Les partenaires sociaux ont, ce vendredi, accepté de lever le préavis de grève pour la fin de l'année.

[Article publié le 23 décembre et mis à jour à 11H20]

Mise sous pression par le gouvernement pour faire rouler des trains lors de la période du Nouvel An, la direction de la SNCF sort de sa manche « des mesures complémentaires fortes en faveur de la reconnaissance du métier de chef de bord, de la création de postes, et de la progression de leurs carrières », a-t-elle indiqué dans un communiqué publié cette nuit à l'issue d'une réunion par visioconférence avec les syndicats du groupe public, alors que près de la moitié des contrôleurs seront en grève en ce week-end de Noël, provoquant l'annulation de nombreux trains dès ce jeudi soir.

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Ce vendredi, peu avant douze heures, l'ensemble des syndicats ont signé l'accord proposé par la direction de la SNCF, et le préavis de grève est désormais levé pour le Nouvel An.

Création de nouveaux emplois et prime revalorisée

Les nouvelles propositions de la direction comprennent notamment la création d'une « ligne métier ASCT » (chef de bord), qui réunit tous les contrôleurs sous la même casquette, a indiqué une source syndicale à l'AFP. 160 emplois supplémentaires devraient être créés dès 2023, et 40 emplois de plus « dans les trains sensibles ». La « prime de travail » des contrôleurs passerait à 720 euros bruts annuels et non pas à 600 euros comme proposé initialement. Une somme qui s'ajoute à la hausse des salaires obtenue dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO) début décembre fixant une revalorisation salariale moyenne de près de 6% en 2023 pour les cheminots, selon la direction.« Et pour les chefs de bord TGV, on a même ajouté 1,5 point de plus », a indiqué hier, Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF.

Les syndicats avaient jusqu'à vendredi douze heures pour se prononcer. Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, n'avait pas mâché ses mots jeudi matin : « Ce que nous attendons de la direction de la SNCF aujourd'hui, c'est qu'elle trouve une solution dans les prochaines heures, je dis bien dans les prochaines heures. C'est ça la responsabilité de la direction de la SNCF, elle a le soutien de l'Etat, elle doit trouver les voies et moyens de sortir de ce conflit. »

L'incompréhension de Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF

« On a tout donné pour éviter la grève », avait répondu dans la foulée le PDG de la SNCF, insistant sur le niveau des hausses salariales des NAO; et le supplément de 1,5 point pour les contrôleurs. « On a mis de l'emploi, on a donné la garantie qu'il y ait deux chefs de bord par TGV et on a pris des engagements de déroulement de carrière », avait-il ajouté.

Ce vendredi, le président de SNCF Voyageurs Christophe Fanichet, se voulait rassurant : « Je pense qu'on a tout donné pour qu'aujourd'hui à midi on puisse dire que ce projet d'accord nous permettra de sauver le week-end du Nouvel An », a-t-il assuré au micro de France Inter, évoquant des mesures « très fortes » « Les organisations syndicales sont ressorties avec des choses extrêmement tangibles qui à mon sens devraient emporter leur accord », a-t-il espéré.

« Ce qui s'est passé hier soir, c'est très important », a abondé le ministre délégué aux Transports Clément Beaune, estimant qu'« on a depuis hier soir un espoir beaucoup plus sérieux de préserver (le Nouvel An) ».

Une grève atypique

Cette grève est atypique : elle est menée par un collectif informel de chefs de bord organisé sur Facebook et rejetant toute appartenance syndicale. Le mouvement est rendu possible par des préavis déposés par les fédérations CGT-Cheminots et SUD-Rail, qui n'appellent cependant pas à la grève. Le collectif, qui a rassemblé jusqu'à plus de 3.500 membres sur une page Facebook dédiée, n'était pas joignable jeudi. La page en question n'était d'ailleurs plus visible sur le réseau social.

Près de la moitié des contrôleurs se sont déclarés en grève ce week-end, provoquant l'annulation d'un train sur trois ce vendredi, et de deux trains sur cinq samedi et dimanche, surtout des TGV. Certains axes seront plus touchés que d'autres comme l'axe Atlantique ou l'axe Nord, avec seulement un TGV sur deux. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle : les clients de la SNCF ont commencé à recevoir des courriels leur proposant un remboursement à 200% en bons d'achat, qu'ils aient pu voyager ou non. Avec les annulations de certains voyageurs, quelques places étaient encore disponibles jeudi soir sur les principaux trajets.

Fort report sur les opérateurs d'autocars longue distance

Les voyageurs se sont rués sur les alternatives au train : Flixbus devrait transporter 115.000 passagers de vendredi à lundi, 10 à 15% de plus qu'en 2019. Et BlaBlaCar Bus dit doubler certaines rotations pour jeudi et vendredi, entre Paris et plusieurs villes dont Nantes, Lyon ou Rennes. Bison Futé a prévenu que la journée de vendredi risquait d'être compliquée sur la route en Ile-de-France, conseillant de quitter la région avant 10H, avec un pic de bouchons attendu entre 15h et 18h. Air France, touchée aussi par un appel à la grève de deux syndicats d'hôtesses et stewards jusqu'au 2 janvier, a pour sa part indiqué qu'elle assurerait tous ses vols vendredi et samedi.

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(Avec AFP)