La rémunération du patron de KLM fait des vagues au conseil d'Air France-KLM

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  635  mots
Au final, l'ensemble de la rémunération annuelle de Pieter Elbers n'est pas très loin du million d'euros, soit la deuxième rémunération du groupe.
La hausse de rémunération demandée par la partie hollandaise d'Air France-KLM pour Pieter Elbers a suscité un vif débat lors du dernier conseil d’administration du groupe. Au final, la hausse de sa partie fixe est deux fois moindre que celle demandée, tandis que la partie variable n’a pas été entièrement accordée au motif qu'il ne jouait pas suffisamment le jeu du groupe.

Les histoires de rémunération font décidément des vagues à tous les niveaux du groupe Air France-KLM. Avant la polémique sur la hausse de rémunération du comité exécutif d'Air France, une autre augmentation de rémunération a provoqué quelques étincelles dans le cercle très fermé du conseil d'administration d'Air France-KLM : celle de Pieter Elbers, le président du directoire de KLM. Selon nos informations, le sujet a suscité un vif débat lors du dernier comité de rémunération du groupe le 15 février dernier et du conseil d'administration qui a suivi dans la foulée.

Excellents résultats de KLM

Fort des excellents résultats de la compagnie néerlandaise en 2016, marqués par une hausse de 77% du résultat d'exploitation, à 681 millions d'euros, le « camp hollandais » a demandé une hausse de la rémunération annuelle fixe de Pieter Elbers, laquelle lui avait été refusée l'an dernier.

Cette année, la demande portait sur une augmentation de 50.000 euros, à 500.000 euros annuels (+11%). Une hausse jugée excessive par une partie des administrateurs du groupe. La demande été refusée, et il a fallu un vif débat et l'appui de Jean-Marc Janaillac, le Pdg d'Air France-KLM, pour que la poire soit coupée en deux. Pieter Elbers verra en 2017 sa rémunération fixe passer de 450.000 à 475.000 euros, soit le niveau de son prédécesseur, Camiel Eurlings qui, contrairement à Pieter Elbers, n'a pas brillé par ses performances. Pour les défenseurs du dirigeant hollandais, cette hausse s'imposait. Sans cela, Pieter Elbers aurait vu sa rémunération 2016 égale à celle de 2015, pourtant marquée par des résultats supérieurs.

Manque d'esprit de groupe

Mais le débat ne s'est pas focalisé seulement sur la partie fixe de la rémunération de Pieter Elbers. Il a aussi porté sur la partie variable, et plus précisément sur l'un des trois points déclenchant son versement intégral. Et non des moindres, puisqu'ill s'agit de celui concernant le bon fonctionnement d'Air France-KLM qui, aux yeux du conseil, n'a pas été rempli par le dirigeant néerlandais. La charge de certains administrateurs aurait même été très violente. Il est souvent reproché à Pieter Elbers (comme ce fut le cas de Peter Hartman, l'un de ses prédécesseurs) de pas à avoir l'esprit groupe et de davantage faire le jeu de KLM que de celui d'Air France-KLM.

Deuxième plus forte rémunération d'Air France-KLM

Au final, l'ensemble de la rémunération annuelle de Pieter Elbers n'est pas très loin quand même du million d'euros. Certes, c'est largement moins que certains de ses prédécesseurs, comme Leo Van Wijk, qui touchait plus que Jean-Cyril Spinetta au début du rapprochement entre les deux groupes, mais cela constitue néanmoins la deuxième rémunération du groupe derrière le PDG, Jean-Marc Janaillac. En effet, selon plusieurs sources, Pieter Elbers gagnerait davantage que Franck Terner, le directeur général d'Air France, ou Frédéric Gagey son prédécesseur, dont les rémunérations n'ont jamais été publiées.

Quant à Jean-Marc Janaillac, sa rémunération annuelle fixe est de 600.000 euros, la même que celle de son prédécesseur, Alexandre de Juniac. Un niveau relativement faible par rapport à la taille du groupe et par rapport aux entreprises comparables dans le secteur. Il provient notamment de la décision d'Alexandre de Juniac en 2013 de conserver à Air France-KLM le salaire fixe qu'il touchait chez Air France.

Pour autant, la rémunération de Pieter Elbers doit passer devant le conseil de KLM. Va-t-il tenir la même ligne que celle du conseil d'Air France-KLM? Ou le contredire? Ce qui, auquel cas, porterait un sacré coup à l'autorité du conseil du groupe.