La SNCF perd son monopole le 18 décembre : Trenitalia à l'assaut du marché français

Par latribune.fr  |   |  631  mots
Trenitalia a déjà commencé à faire la promotion de ce train rouge vif, barré de blanc et de noir, prévoyant quatre classes. (Crédits : Ferrovie dello Stato Italiane)
Le tout premier concurrent de la compagnie ferroviaire française met un pied dans l'Hexagone, sur les lignes grande vitesse entre Paris Gare de Lyon et Milan Centrale. Offensif, "le train à très grande vitesse le plus rapide et le plus silencieux en Europe" avance ses arguments pour séduire les voyageurs.

La "flèche rouge" italienne débarque en France. La compagnie publique de chemins de fer italienne Trenitalia lancera à partir du 18 décembre ses trains à grande vitesse "Frecciarossa" sur la ligne Milan-Turin-Lyon-Paris, a appris l'AFP de source proche du dossier. Depuis l'ouverture en accès libre de ce secteur à la concurrence en décembre 2020, Trenitalia deviendra ainsi le premier opérateur étranger à défier la SNCF sur le marché convoité de la grande vitesse.

Les TGV italiens devraient faire deux allers-retours par jour, entre Paris Gare de Lyon et Milan Centrale, en passant par Lyon Part-Dieu, Chambéry,  Modane et Turin,  le matin et le soir, selon le site internet de Trenitalia France (ex-Thello).

Ultérieurement, cette offre devrait être complétée avec trois allers-retours quotidiens entre Paris et Lyon, la liaison à grande vitesse la plus rentable de la SNCF.

"Un mythe du +Made in Italy+ est sur le point de débarquer en France, nous travaillons pour que ce qui semblait être un rêve devienne réalité", avait déclaré jeudi dernier le PDG de Trenitalia Luigi Corradi.

"Le parcours en Italie se fera à grande vitesse, puis nous nous connecterons à la ligne TGV française", a-t-il indiqué devant la presse, sans dévoiler la date de l'arrivée du Frecciarossa en France.

Avant même d'annoncer la date, Trenitalia a déjà commencé à faire la promotion de ce train rouge vif, barré de blanc et de noir, prévoyant quatre classes "pour tous les goûts et tous les conforts".

Présenté comme "le train à très grande vitesse le plus rapide et le plus silencieux en Europe", le Frecciarossa 1000 peut "transporter quelque 460 passagers à des vitesses pouvant atteindre 360 km/h en service commercial", avait assuré en août 2020 Bombardier Transport, constructeur du train aux côtés de Hitachi Rail.

La rentabilité de SNCF Voyageurs en jeu

Un nouveau rival pour le TGV, qui, pour l'heure, n'inquiétait pas la SNCF. Sur les lignes à grandes vitesses, à commencer par le Paris-Lyon, Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs est convaincu que l'arrivée de Trenitalia dans les prochains mois sera elle aussi génératrice de trafic supplémentaire.

Toute la question pour la SNCF est donc de savoir si la hausse de trafic globale générée par l'ouverture à la concurrence sera suffisante pour compenser la perte de parts de marché au profit d'opérateurs concurrents.

D'autant que SNCF Voyageurs peine à faire grossir ses recettes. Au premier semestre 2021, son chiffre d'affaires était encore près de 30 % inférieur à celui de 2019, à 6 milliards d'euros. A titre de comparaison, le chiffre d'affaires du groupe n'était lui en recul que de 10 %.

Rien de moins évident, tandis que SNCF Voyageurs fait face également à des coûts exceptionnels tels que la mise en place de moyens de contrôle pour le passe sanitaire sur les grandes lignes et les systèmes d'informations liés.

Pour redresser ses comptes déficitaires, le groupe est aussi engagé dans un plan de 1,3 milliard d'économies en 2021.

Trenitalia en embuscade

De son côté, le train Frecciarossa peut atteindre la vitesse de  300 km/h en quatre minutes, précise Trenitalia France. 

Au total, cinq Frecciarossa 1000 ont reçu l'autorisation de rouler en France. La durée du trajet Milan-Paris est estimée entre 6 et 7 heures.

Trenitalia était déjà présente à travers sa filiale Thello, qui a annoncé fin juin la fermeture des deux lignes qu'elle y exploitait. Ainsi, le train de nuit Paris-Milan-Venise, dont la circulation était suspendue depuis le début de la crise sanitaire le 10 mars 2020, n'a pas repris. L'autre ligne, la liaison Marseille-Nice-Milan, que Thello exploitait depuis 2014, a été arrêtée le 29 juin.

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