La taxe Chirac ? "Une idée généreuse d'un ancien président ...payée par des tiers"

Par Sarah Belhadi  |   |  381  mots
Dans une lettre adressée au Ministre des Finances, Air France réclame un moratoire sur la taxe Chirac qui finance le fonds UNITAID depuis 2006.
Air France accuse la taxe Chirac sur les billets d'avion - créée pour faciliter l'accès aux soins des pays en développement - d'entraver la compétitivité des compagnies françaises. Trois questions à Jean-Louis Baroux, président de l'APG Global Associated, observatoire des pratiques commerciales du transport aérien, pour y voir plus clair.

La Tribune : La taxe Chirac est-elle un frein à la compétitivité des compagnies aériennes françaises comme l'affirme Air France ?

Jean-Louis Baroux : Il est important d'apporter une précision. Ce ne sont pas les compagnies aériennes qui payent cette taxe, mais leurs passagers ! La vraie question est de savoir si c'est au consommateur de supporter cet effort qui fait grimper le prix des billets : plus de 45 euros pour un vol international en classe supérieure. On peut se demander si cette taxation est juste d'autant plus qu'elle ne concerne que l'aérien. Il est regrettable que cet effort de solidarité n'ait pas été étendu à d'autres secteurs. D'autant plus qu'aucun autre pays européen ne l'applique.

>> Lire aussi : La taxe Chirac dans le viseur d'Air France 

Dans un rapport sur la compétitivité du transport aérien de novembre 2014, Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis  proposait de taxer au prorata du bénéfice et non du chiffre d'affaires. Et d'étendre la taxe à d'autres secteurs. Une solution ?

Les compagnies françaises comme Air France versent 90 millions d'euros chaque année. Cette somme est quand même bien dérisoire par rapport aux économies qu'elles doivent faire pour redresser leur situation !  Il ne suffit pas de dire qu'on va l'étendre à d'autres secteurs. Il faut s'interroger sur les conditions de faisabilité. L'aérien est pratique car on sait combien de passagers embarquent. Je trouve cela idiot de vouloir transformer cette taxe en impôt : les entreprises supportent déjà un impôt sur les bénéfices.

Pensez-vous que cette taxe a un avenir ?

Quand cette taxe de solidarité a été mise en place en 2006, j'estimais qu'elle devait être sur la base du volontariat. J'en suis toujours convaincu, c'est un acte généreux, mais il ne doit pas être contraint. Pour l'instant, c'est l' idée généreuse d'un ancien président ...payée par des tiers, et destinée à disparaître à la mort de l'ancien président. De plus, on peut s'interroger sur le contrôle de ces financements et leur destination. La France, me semble t-il n'a pas accès aux comptes des bénéficiaires.

>> Pour aller plus loin : Pourquoi la taxe Chirac sur les billets d'avion est quasiment parfaite.