Le PDG de la SNCF "choqué" par les méthodes de la CGT pour semer la pagaille

Par latribune.fr  |   |  772  mots
La direction prévoit en effet de faire circuler 40% des TGV, 25% des Intercités et 50% des TER, tandis que 30% des trains d'Ile-de-France seront assurés. (Crédits : Stephane Mahe)
Alors que la circulation des trains sera perturbée par la journée de jeudi, Guillaume Pepy et la ministre des Transports Elisabeth Borne dénoncent un projet de la CGT dévoilé par le Parisien de désorganiser la production pendant les jours ouvrés prévus dans l'appel à la grève du 3 avril au 28 juin. Les syndicats ont appelé à la grève deux jours sur cinq pendant cette période

Premier jour de grève à la SNCF. Les perturbations seront importantes. La direction prévoit en effet de faire circuler 40% des TGV, 25% des Intercités et 50% des TER, tandis que 30% des trains d'Ile-de-France seront assurés. Mais le plus dur reste à venir. Pour s'opposer aux projets de réforme du secteur ferroviaire, les quatre syndicats représentatifs de l'entreprise ferroviaire ont appelé à la grève deux jours sur cinq, du 3 avril au 28 juin.

"Pour les grèves qui sont annoncées dans les semaines à venir, notre engagement est très clair: à 17H00 la veille, nous publierons la liste précise de tous les trains qui circulent", a souligné Guillaume Pepy.

Pour autant, cet engagement pourrait être mis à mal par la volonté de certains syndicats de désorganiser la production pendant les jours ouvrés comme le dévoile le Parisien.

"Le mouvement sera IN-GE-RA-BLE"

Dans un long message signé par le secrétaire général d'une section parisienne, la CGT Cheminots se réjouit du mode d'action choisi, une grève deux jours sur cinq du 3 avril au 28 juin, qui selon elle "permet de désorganiser fortement le plan de transport et les travaux".
"La direction avait anticipé et s'est organisée pour une grève dure et reconductible classique. Ils n'ont à aucun moment senti venir le coup", se réjouit-elle, notant que le mouvement sera "IN-GE-RABLE" pour les dirigeants de l'entreprise publique et le gouvernement.

"Nous pouvons tenir trois mois tout en ayant quasiment le même impact qu'une grève reconductible classique sur les jours où nous serons à la production", écrit-elle, ajoutant que "la désorganisation du travail devra se faire également sur les jours ouvrés".


La CGT prédit de fait une belle pagaille au bout de quelques jours.

"Les agents ne seront pas au bon endroit, les rames perdues au milieu de nulle part, etc.", prévoit-elle. L'entretien des voies et du matériel deviendra vite impossible.
"La direction sera totalement perdue et incapable d'anticiper quoi que ce soit", et les plans de transport annoncés par la direction à 17H00 les veilles des jours de grève annoncés seront impossibles à tenir, dit-elle.

"Si jamais nous voyons que ces deux jours ne suffisent pas à désorganiser la production alors nous pourrons toujours durcir le ton. Mais je suis intimement persuadé que, si tout le monde joue le jeu et s'implique dans la grève, cette stratégie est la meilleure que l'on puisse avoir. (...) On va gagner!", conclut le responsable syndical.

Organiser la désorganisation pendant les jours ouvrés

Interrogée par l'AFP, la fédération CGT Cheminots n'a pas réagi dans l'immédiat. Se déclarant extrêmement choqué, Guillaume Pepy a quant a lui demandé des explications à la CGT en lui rappelant que la méthode évoquée est le contraire de la notion de service public que les syndicats ne cessent de mettre en avant pour dénoncer le projet de réforme de la SNCF.

"On organiserait la désorganisation?", s'est-il interrogé sur RTL. "Ca ce n'est pas la SNCF, ce n'est pas les cheminots, ce n'est pas le service public. (...) Rien ne justifie que pendant trois mois on prévoit une gêne permanente des usagers", a-t-il asséné.

"Moi je crois que l'auteur de ce mail doit s'expliquer, parce que moi je suis extrêmement choqué et je pense que les autres cheminots, l'immense majorité des cheminots, comme moi, ne se reconnaissent pas dans ces menaces. Qu'il y ait grève, c'est un droit constitutionnel. Mais lorsqu'il n'y a pas grève, il faut que tout le monde fasse ses efforts pour que le service public fonctionne pour les 4,5 millions de voyageurs quotidiens", a-t-il ajouté.

"Je ne peux croire que les cheminots adhèrent à ces méthodes" (Borne)

La ministre des Transports, Elisabeth Borne a également réagi. "Si l'objectif c'est de perturber au maximum les voyageurs, de désorganiser le service public, là je pense que ça n'est pas ce qu'on peut attendre de l'action syndicale. Je ne peux pas croire que les cheminots adhèrent à ces méthodes", a-t-elle déclaréé sur RMC, répétant que "la bonne démarche, c'est la négociation".

"Je suis déterminée à mener cette négociation, dans l'intérêt du service public, dans l'intérêt des cheminots et de la SNCF", a martelé la ministre. Dans un courrier adressé mardi aux syndicats, Mme Borne a annoncé un nouveau calendrier de négociations, tenant compte du calendrier parlementaire et prévoyant notamment "des réunions multilatérales pour restituer le résultat (des) échanges bilatéraux".