Le président du SNPL Air France "se prend pour le lider Maximo", selon Laurent Berger (CFDT)

Par latribune.fr  |   |  623  mots
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé dimanche ses membres à voter pour la fin du conflit chez Air France et dénoncé une "prise en otage" de la compagnie par le syndicat de pilotes majoritaire menant le mouvement.

Si la CFDT fait partie des quatre syndicats ayant appelé à la grève contre le projet de réforme de la SNCF, il est au contraire avec la CFE-CGC en dehors de l'intersyndicale qui appelle à la grève depuis le mois de février. Invité du Grand rendez-vous Les Echos/CNews/Europe 1, son leader, Laurent Berger, n'a pas mâché ses mots à l'égard du syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) qui « prend tout le monde en otage (...) et « entraîne Air France vers le fond », mais aussi de son président Philippe Evain qui, selon lui « se prend pour le lider maximo (surnom de Fidel Castro, NDLR) et veut emmener tous les personnels du sol avec lui ». « Ils n'ont pas intérêt à le suivre, parce que c'est eux (...) qui vont payer la facture à la fin », a déclaré Laurent Berger.

"Ca va se passer comment à la fin si on suit le SNPL? Les pilotes, on va leur donner de quoi s'en sortir, et le personnel au sol, il trinquera. On aura des suppressions d'effectifs, on aura des réductions de personnel", a estimé le leader de la CFDT.

"Le SNPL, suivi par d'autres organisations très contestataires, sont en train de bloquer cette compagnie, et sont en train de la mettre en grosse, grosse difficulté", alors qu'Air France est "soumise à une concurrence énorme", a-t-il encore estimé.

Après 11 jours de grèves, le conflit a déjà coûté environ 300 millions d'euros à l'entreprise, estime la direction. L'intersyndicale a annoncé quatre nouvelles journées de débrayage les 3, 4, 7 et 8 mai.

Référendum

Pour tenter d'y mettre fin, la direction de la compagnie a présenté un projet d'accord salarial qu'elle a soumis pour consultation au personnel jusqu'à vendredi prochain. Les salariés sont appelés à répondre à la question: "Pour permettre une issue positive au conflit en cours, êtes-vous favorable à l'accord salarial proposé le 16 avril 2018?". Le patron d'Air France, Jean-Marc Janaillac, a mis sa démission dans la balance. Vu le faible nombre de grévistes (moins de 10%), il ne risque pas grand chose.

La CFDT "n'est pas demandeur de ce type de consultation", mais "dans ce cas précis où il y a une impasse totale, (...) nous disons aux salariés: il faut voter oui pour sortir de cette impasse", a dit Laurent Berger.

Le texte prévoit dès 2018 une augmentation des grilles salariales de 2% (et une enveloppe de 1,4% d'augmentations individuelles au sol), puis 5% supplémentaires étalés sur trois ans, conditionnés aux résultats économiques de l'entreprise. Le projet d'accord a été rejeté par les onze syndicats appelant à la grève, dont ne fait pas partie la CFDT. Ils réclament une augmentation générale des salaires de 5,1 % dès cette année.

"La négociation ne s'est pas terminée" (FO)

Elu vendredi, Pascal Pavageau, le nouveau secrétaire général de Force ouvrière (FO) , membre de l'intersyndicale d'Air France, a appelé pour sa part à voter contre la proposition. Avec cette consultation, "on a un phénomène de contournement des organisations syndicales", a-t-il expliqué.

"La négociation, elle n'a pas eu lieu, elle ne s'est pas terminée", a-t-il déclaré sur Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

"Le rapport de force n'est pas une prise d'otage, quelle que soit l'organisation syndicale". Il estime que ce référendum est une stratégie de "contournement des organisations syndicales" et critique les propos du Premier ministre qui viennent, dit-il, "fausser l'intégralité (...) de toute capacité de négociation".

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a accusé la semaine dernière le patron d'Air France de vouloir dramatiser la situation et déplacer le problème.

 (avec AFP et Reuters)