Les compagnies aériennes en croisade contre la privatisation des aéroports (IATA)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  509  mots
L'aéroport de Roissy.
Pour l'association internationale du transport aérien (IATA), les aéroports privés sont, d'une manière générale, plus coûteux pour les compagnies aériennes alors que l'efficacité opérationnelle n'est pas meilleure.

L'association internationale du transport aérien (IATA) continue sa croisade contre le mouvement de privatisation des aéroports qui, selon elle, va à l'encontre des intérêts des compagnies aériennes. Ces dernières dénoncent en effet l'attitude des différents gouvernements de chercher à faire une belle opération financière à court terme en privatisant leurs aéroports, plutôt que d'investir dans de nouvelles capacités aéroportuaires pour répondre à une demande qui va doubler d'ici à 20 ans.

« Si les États recherchent uniquement à lever de l'argent, c'est l'échec assuré », explique Alexandre de Juniac, le directeur général de l'IATA, en aparté de l'assemblée générale de l'association qui se tient jusqu'à mardi à Sydney.

Un conseil qui pourrait très bien s'adresser au gouvernement français qui étudie la privatisation d'ADP. Brian Pearce, chef économiste de l'IATA, abonde dans le même sens. Ce dernier recommande aux États d'avoir une vision plus large que le gain à court terme.

« Les gouvernements doivent faire en sorte que les aéroports permettent de développer le tourisme et le commerce », a indiqué Brian Pearce.

Les redevances des aéroports privés sont plus élevées

Or, pour l'IATA, la privatisation des aéroports peut justement entraver ces objectifs.

« Les aéroports privatisés sont plus coûteux pour les compagnies aériennes que les aéroports publics ou semi-privés. Le coût médian d'un demi-tour pour un A320 est 12% plus élevé sur un aéroport privé que sur un aéroport 100% public », a expliqué Brian Pearce, se basant sur une étude interne couvrant 90 aéroports.

À en croire l'IATA, les aéroports privés n'apportent rien de bon aux compagnies aériennes. Outre "des coûts plus élevés, les aéroports privés se distinguent des aéroports publics par des profits également supérieurs, mais aussi par une efficacité opérationnelle qui n'est pas meilleure, en raison de l'absence de concurrence des aéroports et d'une régulation inefficace", fait valoir IATA.

« Dans le top 6 des meilleurs aéroports selon Skytrax (Singapour, Séoul, Tokyo-Narita, Hongkong, Doha et Munich), on trouve 5 aéroports publics (seul Tokyo est privé, ndlr) », a expliqué Brian Pearce.

14% des aéroports ont des capitaux privés

Pour IATA, la menace est d'autant plus forte que le mouvement de privatisation ne cesse de se développer depuis quelques années, puisqu'à l'échelle mondiale, les aéroports comptant des acteurs privés ayant tout ou partie de leur capital représentent 14% des aéroports, et accueillent 40% du trafic mondial. L'Europe est en pointe sur le sujet. Les aéroports comptant des acteurs privés ayant tout ou partie de leur capital représentent 31%.

Pour autant, explique Alexandre de Juniac, si des gouvernements s'obstinent à vouloir privatiser leur aéroport, ils seraient bien inspirés de suivre les recommandations de l'IATA en matière de régulation qui préconisent de ne pas avoir comme seul critère de choisir le candidat aux poches les plus profondes ou des garde-fous réglementaires.