Les compagnies aériennes françaises demandent une « prime à la casse » pour encourager l'achat d'avions neufs (Fnam)

Par latribune.fr  |   |  545  mots
L'A350 offre une réduction de 25 % de la consommation de carburant. (Crédits : Reuters)
Pour Pascal de Izaguirre, président de la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam), les compagnies aériennes devraient bénéficier d'une « prime à la casse » pour encourager l'achat d'avions neufs, au bilan climatique moins néfaste. Par ailleurs président de Corsair, le responsable demande aussi « à l'État la mise en place d'un comité de filière biofioul, avec ses différents acteurs, dont les énergéticiens ».

Une prime à la casse pour remplacer des avions vieillissants par des appareils neufs et économes en carburant, c'est l'idée de Pascal de Izaguirre, président de la Fnam, exprimée lors d'un entretien accordé au Journal du Dimanche. « La transition énergétique est possible. Des solutions techniques existent. Un levier très important est le renouvellement des avions », justifie-t-il. « Nous demandons des systèmes d'incitation fiscale pour accélérer l'achat d'appareils neufs. Il existe des primes à la casse dans d'autres secteurs. Nous souhaiterions un dispositif similaire pour nos flottes ».

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En effet, acquérir des avions nouvelle génération permet aux compagnies de faire de substantielles économies en carburant et, à court terme, il n'existe pas beaucoup d'autres solutions pour décarboner le secteur. La propulsion électrique se cantonne pour l'heure aux petits avions et aux futurs taxis volants en milieu urbain.  A plus long terme, les recherches portent sur la pile à combustible pour alimenter un moteur électrique en s'affranchissant des batteries : l'électricité serait produite à bord par la réaction chimique entre l'oxygène prélevé dans l'air et l'hydrogène liquide embarqué dans des réservoirs. Ces recherches diffèrent de celles portant sur l'avion à hydrogène, où celui-ci serait directement brûlé dans un moteur thermique.

Les carburants verts, « principal levier » pour décarboner dès maintenant le secteur

 Au-delà du renouvellement de la flotte, Pascal de Izaguirre juge par ailleurs que les carburants verts représentent le « principal levier » pour décarboner le secteur mais regrette « qu'à ce jour, il n'existe pas de filière de production française et donc de carburant non fossile disponible ». La Fnam « demande à l'État la mise en place d'un comité de filière biofioul, avec ses différents acteurs, dont les énergéticiens », plaide-t-il.  « Il faut mettre en place un mécanisme de soutien à l'achat de kérosène issu de la biomasse, comme il en existe par exemple aux États-Unis », avance le responsable.

La production de carburants d'aviation d'origine non-fossile devrait au moins tripler cette année dans le monde

 « La production de carburant d'aviation durable atteindra au moins 300 millions de litres en 2022 » contre 100 millions en 2021, a affirmé début décembre l'Association internationale du transport aérien (Iata). « Des calculs plus optimistes estiment que la production totale pourrait atteindre 450 millions de litres » pour ces carburants, élaborés par exemple à partir de biomasse ou d'huiles usagées, a ajouté Iata, à l'occasion de « journées de presse » à son siège de Genève. Encore embryonnaire, la production de SAF progresse très vite, puisqu'elle n'était que de 25 millions de litres en 2019, selon Iata. Une quantité infime par rapport aux quelque 413 milliards de litres de carburant d'aviation consommés cette année-là. Alors que des obligations d'incorporation de SAF sont en cours d'adoption, notamment en Europe, les compagnies utilisent actuellement « jusqu'à la dernière goutte » disponible de ces carburants, a noté Willie Walsh, DG de Iata. « Clairement, c'est un problème d'offre, et les forces du marché ne sont pas suffisantes pour le résoudre », a-t-il ajouté, en appelant les gouvernements à mettre en place des « incitations à la production » comparables à celles ayant dopé le développement des énergies renouvelables.