Polémique à Air France autour de la hausse de rémunération du comité exécutif

Par latribune.fr  |   |  479  mots
Jeudi, les déclaration des syndicats d'Air France concernant une hausse de 41% (de 67% pour certains) de la rémunération des membres du comité exécutif en 2016 avait provoqué une forte émotion au sein des syndicats et des salariés. Ce vendredi, la direction a rectifié et expliqué cette progression (+17,6%). Pas suffisant probablement pour éteindre la polémique, alors que les salariés n'ont pas été augmentés depuis 5 ans. Les négociations salariales qui débutent le 7 mars s'annoncent tendues.

Alors que le vote des pilotes d'Air France cette semaine en faveur du projet Boost de création d'une compagnie à coûts réduits pouvait donner l'illusion d'un début de déblocage des tensions sociales qui minent la compagnie depuis trois ans, au moins du côté des pilotes, la polémique sur hausse de rémunérations des membres du comité exécutif recrée de fortes tensions parmi les syndicats, alors que les salariés voient leur salaire bloqué depuis de nombreuses années et que la direction demande des efforts supplémentaires.

"Scandale" pour les syndicats

Selon la CGT, SUD Aérien et FO, jeudi, lors d'un comité central d'entreprise (CCE), la direction a indiqué à l'oral que la rétribution de la quinzaine de membres dirigeants avait atteint 4,8 millions d'euros pour 2016, contre 3,4 millions l'année précédente, correspondant à une hausse de 33%. Des chiffres arrondis selon, FO qui, dans un tract, FO parle même d'une hausse de 67% ! «Un scandale» pour les syndicats, alors que les les négociations annuelles obligatoires doivent démarrer le 7 mars. "

"Rappelons que les salariés d'Air France n'ont pas été augmentés depuis 5 ans, ont perdu des acquis en nombre (congés, temps de travail, ancienneté, nouvelle grille d'emplois et de rémunération...)", avait notamment souligné la CGT.

Hausse de 17,6%

Une ampleur qu'a rectifiée ce vendredi la direction qui fait état "d'une augmentation de 17,6% en 2016, et non de 41% ou 67% comme indiqué initialement suite à une mauvaise imputation comptable".

"Cet examen a permis de déceler une mauvaise imputation comptable en 2016 d'un montant de 0,8 million d'euros". "Le chiffre exact pour l'année 2016 est de 4 millions d'euros à comparer aux 3,4 millions d'euros en 2015, soit une hausse de 17,6%", poursuit la compagnie.

"Cette mauvaise imputation fausse la comparaison, conduisant aux chiffres d'augmentation qui ont ému les représentants du personnel et certainement beaucoup de salariés qui en ont pris connaissance", a ajouté Air France.

La compagnie explique la hausse de 17,6% de la rémunération des dirigeants par plusieurs facteurs: une "augmentation de la rémunération variable compte tenu des résultats redevenus positifs en 2015", des "modifications du nombre et de la composition" du comité, et "le versement de soldes de congés payés à des membres du Comex ayant quitté l'entreprise".

Peu importe pour les salariés. Même rectifiée, même expliquée, le mal est fait. Personne ne se souvient en effet qu'en 2013, le salaire des 50 premiers dirigeants d'Air France avait été diminué quand celui des autres catégories du personnel avait été gelé.

En 2015, le salaire du PDG du groupe, Alexandre de Juniac, parti en juillet 2016, avait augmenté de 65% grâce à une part variable principalement indexée sur les résultats financiers. En 2013, lors de son passage de la présidence d'Air France à celle d'Air France-KLM, ce dernier avait néanmoins refusé toute augmentation de salaire.