Pouvoir d'achat : le gouvernement demande un coup de pouce aux concessionnaires d'autoroutes

Par latribune.fr  |   |  503  mots
(Crédits : Reuters)
Au moment des grands chassés-croisés de l'été, les gestionnaires des péages Vinci, Sanef, et APRR vont-ils accepter de rogner sur leurs marges à l'appel de leur ministre de tutelle de "faire un geste" pour le porte-monnaie des consommateurs ? En plus de sa loi pouvoir d'achat, le gouvernement d'Emmanuel Macron entend mettre certaines entreprises à contribution pour éloigner le risque d'une crise sociale à la rentrée.

Après les géants de l'énergie, c'est au tour des concessionnaires d'autoroutes de donner un coup de pouce au plan pouvoir d'achat du gouvernement. Pour l'exécutif, qui a vu le niveau de la dette publique atteindre 112,5% fin 2021, et alors que l'inflation risque de plomber la croissance, les marges de manoeuvres sont étroites. Aussi, il s'agit d'aller solliciter le secteur privé. Le nouveau ministre délégué aux Transports Clméent Beaune est monté ce lundi au créneau par voie de presse (Le Parisien) pour demander aux gestionnaires de "faire un geste".

Après la facture d'essence dans les stations-services, au-delà des 2 euros le litre de super sans plombs, l'autre point de dépenses pour les Français en vacances est le péage. En France, le marché autoroutier et ses 12.000 km s'est réparti principalement auprès de trois opérateurs : Vinci Autoroutes, Sanef et APRR (groupe Eiffage).

Or, chaque année, les tarifs des péages augmentent au 1er février de 2% en moyenne. Face à une inflation déjà présente en début d'année, Vinci avait alors décidé de geler ses tarifs sur certaines trajets courte distance. Un tel geste avait également été concédé lors de la crise des gilets jaunes. Avec les départs en vacances de l'été, le gouvernement craint le retour de la colère sociale dès la rentrée.

Un triopole français

La rentabilité des géants des autoroutes versus le pouvoir d'achat des Français est un serpent de mer. En 2020, un rapport du Sénat pointait "un contrôle plus étroit des marchés des Sociétés concessionnaires d'autoroutes (SCA)", une "amélioration du service aux usagers".

"Plus de 90% du réseau autoroutier français concédé est géré par des SCA +historiques+",créées entre le milieu des années 50 et le début des années 70, explique le rapport, notant que "depuis leur privatisation en 2006" la durée des concessions de ces SCA, détenues par trois groupes privés Vinci (ASF, Cofiroute, Escota), Eiffage (APRR) et Abertis (Sanef) "a été prolongée à plusieurs reprises sans mise en concurrence", soulignait-il.

D'autre groupe ont été mis à contribution, à l'image d'EDF qui va être nationalisé à 100%, alors que l'Etat possédait déjà 84% du capital de l'énergéticien.

Aussi, Bruno Le Maire avait reçu le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné pour lui réclamer de prolonger ou d'augmenter pendant l'été la baisse de 10 centimes par litre de carburant qu'a accordé TotalEnergies aux clients de ses stations-service au printemps. Le groupe l'a prolongé pour cet été. Puis l'Etat doit prendre le relai avec une indemnité à la fin de l'année.

Le gouvernement d'Elisabeth Borne s'est engagé sur un paquet de 20 milliards d'euros pour 2022 avec sa "loi pouvoir d'achat". Il assure qu'il est financé et qu'il n'y aura pas de dérapages dans les comptes publics.

(Avec AFP)

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