Ryanair : une rentabilité digne… de l’industrie du luxe

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  538  mots
La compagnie à bas coûts dépasse pour la première fois la barre du milliard d'euros de bénéfices au cours du premier semestre de son exercice fiscal. Sa marge nette (hors impact de la cession des parts dans Aer Lingus) grimpe de 4 points, à 27%.

Un bénéfice après impôts qui bondit de 37% pour dépasser pour la première fois le milliard d'euros (1,09 milliard d'euros exactement) et ce, sans compter le produit exceptionnel de la vente des parts dans Aer Lingus (317 millions) ; un chiffre d'affaires qui progresse seulement de 14%, à 4,040 milliards et une marge nette (toujours hors impact de la vente des parts dans Aer Lingus) qui augmente de 4 points à 27%, un niveau rarement atteint dans le transport aérien même pour les mois de haute saison : c'est peu dire que Ryanair a présenté, elle aussi, d'excellents résultats semestriels pour son exercice 2015-2016 qui s'achèvera fin mars. Sans atteindre celui d'Hermès qui dépasse les 30%, le niveau de marge de la compagnie à bas coûts est supérieur à certains grands noms de l'industrie du luxe réputée pour ses fortes marges.

"Eté exceptionnel"

"Nous avons profité d'un été exceptionnel en raison d'une rare confluence d'événements favorables incluant le renforcement de la livre sterling, un temps médiocre en Europe du Nord, une capacité industrielle raisonnablement stable et des économies supplémentaires sur le carburant non couvert", a commenté Michael O'Leary, le directeur général de Ryanair, cité dans un communiqué.

Deux chiffres résument cette performance : le prix moyen des billets a augmenté de 2% pour atteindre 56 euros, alors que les coûts unitaires ont chuté de 6%. Le deuxième trimestre, qui correspond aux trois mois d'été (juillet-août-septembre), a contribué pour l'essentiel à ces profits : les bénéfices de Ryanair ont en effet bondi de 41% au cours de cette période, à 843 millions d'euros.

105 millions de passagers cette année

Après avoir relevé en septembre son objectif de bénéfices annuels, la compagnie s'attend à un résultat pour l'ensemble de l'année à la limite haute de sa fourchette cible de 1,175-1,225 milliard d'euros. La direction a par ailleurs révisé à la hausse son objectif de trafic. Le transporteur irlandais devrait transporter cette année, non pas 104 millions de passagers comme prévu jusqu'ici mais 105 millions. Sur l'année, la compagnie prévoit une baisse des coûts unitaires de 5% et, en en excluant l'impact favorable de la baisse du prix du carburant, de 1%.

119 ouvertures de routes

Ryanair prévoit donc à des faibles bénéfices au deuxième semestre, lequel correspond à la saison hiver, traditionnellement peu profitable pour les compagnies aériennes de l'hémisphère nord.

La compagnie s'attend à une hausse de capacités sur le marché intra-européen et à une forte pression sur les prix. La compagnie irlandaise va recevoir 28 B737 et ouvrira quatre nouvelles bases cet hiver (Berlin, Corfou, Milan Malpensa, Göteborg) et 119 nouvelles routes. De fait la recette unitaire devrait baisser au cours des trois derniers mois de l'exercice fiscal (janvier-février-mars 2016).

Couverture carburant

Par ailleurs, Ryanair a profité de la faiblesse du prix du baril pour se couvrir pour les années 2016 et 2017. Les besoins en carburant pour l'année 2017 sont couverts à hauteur de 95% au prix de 62 dollars. De quoi économiser 430 millions d'euros en année pleine selon la direction.

Enfin, Ryanair a également rehaussé sa prévision de trafic en 2024, en tablant désormais sur 180 millions de passagers transportés, contre 160 millions jusqu'ici.