SNCF  : nomination d'un patron de la sécurité ferroviaire pour "remettre de la rigueur"

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  480  mots
La SNCF va annoncer la nomination d'un patron de la sécurité ferroviaire qui aura autorité sur les trois établissements du groupe, l'Epic de tête SNCF, SNCF Réseau et SNCF Mobilités. Jeudi la direction a annoncé des mesures pour "remettre de la rigueur" après trois accidents en moins de trois ans.

Après l'accident du TGV d'essais qui a fait 11 morts le 14 novembre à Eckwersheim, en Alsace, la SNCF va, selon nos informations, annoncer la nomination d'un grand patron de la sécurité ferroviaire qui aura autorité sur les trois établissements, l'Epic de tête SNCF, SNCF Réseau (ex Réseau Ferré de France) et SNCF Mobilités (l'opérateur). Ce poste sera attribué en interne à la SNCF.

Par ailleurs, la SNCF a l'intention d'instaurer des réunions fréquentes avec les syndicats qui auront pour unique sujet la sécurité ferroviaire. Les annonces interviendront après une série d'entretiens avec les syndicats. Interrogée, la SNCF n'a pas souhaité faire de commentaire.

"Remettre de la rigueur"

Jeudi, la société ferroviaire avait annoncé à ses cadres et aux syndicats des décisions pour "remettre de la rigueur" dans les pratiques professionnelles, après l'accident. Ces décisions "ont un objectif, c'est de remettre de la rigueur à tous les étages", a souligné  jeudi Jacques Rapoport, président du gestionnaire d'infrastructure SNCF Réseau (ex-RFF), dans un entretien à l'AFP.

 "Chacun des trois grands niveaux de notre organisation managériale - opérationnel, production et dirigeant - a vraiment des enjeux complètement nouveaux qui rompent avec les pratiques habituelles et qui montrent bien que la priorité absolue à la sécurité se traduit dans le fonctionnement quotidien", a-t-il continué.

L'encadrement de proximité sera déchargé de certaines tâches pour passer plus de temps sur le terrain, les directeurs d'établissement devront analyser chaque incident dès le lendemain devant une autorité nationale (un peu comme cela se pratique dans le transport aérien), et l'encadrement dirigeant n'aura, en 2016, "que des objectifs de sécurité et leur part variable sera exclusivement allouée en fonction du respect de ces objectifs", a détaillé Jacques Rapport.

Trois accidents en moins de trois ans

En effet, a-t-il rappelé, "le diagnostic, ce sont les trois accidents en un peu moins de trois ans (Brétigny, Denguin, et Eckwersheim, NDLR), ce sont quatre rapports d'expertise" et plusieurs incidents, comme un TER devenu incontrôlable sur 20 kilomètres, en Normandie.

Il "ressort en fil rouge de tout ça que, parfois, on manque un peu de rigueur dans le respect et la mise en oeuvre des bonnes pratiques professionnelles", a-t-il ajouté, assurant qu'il ne s'agit pas d'une "mise en cause du personnel, de son professionnalisme, c'est un contexte général plutôt systémique, qui est d'ailleurs en partie lié à l'extrême complexité de nos règlementations et de nos organisations".

 Pour la CFDT, premier syndicat à réagir, le "manque de moyen" mais surtout "la course à la productivité et à la réduction des coûts, la gestion par activité, ont engendré une perte de savoir-faire et de compétences" et l'objectif de rigueur affiché doit "passer par une évolution des process et du management de la sécurité".