SNCF : une grève qui s'annonce dure

Par latribune.fr  |   |  673  mots
"Personne ne peut comprendre que les syndicats de cheminots engagent une grève longue et pénalisante alors que le gouvernement est dans le dialogue", a estimé dimanche dans Le Parisien la ministre des Transports, Elisabeth Borne. (Crédits : EMMANUEL FOUDROT)
Une journée noire est annoncée mardi sur l'ensemble du réseau SNCF pour le début de la mobilisation contre les projets de réforme ferroviaire du gouvernement, rejetés unanimement par les syndicats

L'établissement public a déjà fait état d'un taux de grévistes, calculé sur les déclarations fournies 48 heures à l'avance, de 48% pour l'ensemble du personnel et de 77% pour les seuls conducteurs.

Le mouvement se poursuivra mercredi, ces deux journées marquant le coup d'envoi d'une grève intermittente censée s'étaler sur près de trois mois, à raison de deux jours par tranche de cinq à l'appel de quatre des cinq syndicats représentatifs de la SNCF. Sud-Rail s'est distingué des autres organisations en lançant un appel à une grève illimitée reconductible par 24 heures.

Dans les faits, les conséquences du conflit devaient commencer à se faire sentir lundi à partir de 19h00 - même si le trafic sera encore quasi normal, assure la direction. Mais pour mardi, la SNCF ne prévoit qu'un train sur huit sur les liaisons TGV, un sur quatre vers l'est de la France, un sur huit sur les axes nord et Atlantique et un sur dix vers Lyon, Marseille et Nice.

Des liaisons intercités perturbées

Les liaisons Intercités seront également fortement perturbées avec un train sur dix par exemple sur Paris-Toulouse et un sur quatre sur l'axe Paris-Caen-Cherbourg, selon les prévisions actualisées diffusées lundi à 17h00. S'agissant des TER, un sur cinq en moyenne circulera en province, avec des régions "très touchées" comme la Bourgogne, la Bretagne, le Grand Est et les Hauts de France.

Le trafic sera aussi limité à un train sur cinq (Transilien)en région parisienne. Pour le RER, il ira d'un train sur deux sur la ligne A, à un sur cinq sur la ligne C.

A l'international, il sera quasi normal sur les Thalys (Paris-Bruxelles-Amsterdam) et d'un train sur quatre pour l'Eurostar. Mais il sera nul vers la Suisse (Lyria), l'Italie et l'Espagne.

La CGT veut faire converger les luttes

"Cette grève sera très pénalisante pour nos clients", a déploré le président de SNCF Mobilités, Guillaume Pepy, dans une interview au Journal du dimanche (JDD). "Elle a été pensée pour avoir un maximum d'impact sur le trafic (...). Ses modalités vont créer beaucoup de difficultés."

La ministre des Transports Elisabeth Borne a déclaré de son côté que "personne ne peut comprendre que les Français se retrouvent pénalisés par une grève longue". "Les Français n'ont pas envie de subir trois mois de galère que rien ne justifie", a-t-elle dit dans un entretien accordé au Parisien Dimanche. Le mouvement est d'autant plus malvenu, selon elle, que les concertations entamées au début du mois de mars doivent théoriquement se poursuivre jusqu'à la fin avril.

La ministre des Transports a dévoilé vendredi les premiers résultats de ce processus en précisant les modalités et le calendrier très progressif de l'ouverture à la concurrence du rail, en précisant que les salariés qui passeront d'un opérateur à l'autre conserveront certains droits.

Bras de fer sur le statut des cheminots

Le bras de fer se cristallise surtout autour du statut des cheminots, que le gouvernement veut supprimer pour les futures embauches. Très offensive, la CGT, en quête d'une "convergence des luttes" pour faire plier l'exécutif, a appelé aussi à une grève illimitée dans le secteur de la collecte et du traitement des déchets à partir de ce mardi 3 avril.

La branche énergie de la confédération organise aussi une mobilisation qui pourrait passer par des grèves du 3 avril au 28 juin, calquant son calendrier sur celui des syndicats de la SNCF, pour réclamer "la fin de la libéralisation du marché de l'électricité et du gaz".

Indépendamment de ces mouvements, les syndicats d'Air France sont aussi sur la brèche avec l'organisation ce mardi d'une quatrième journée d'action à l'appui de leur revendication d'une hausse générale de 6% des salaires. La compagnie a indiqué qu'elle serait en mesure d'assurer 75% de ses vols

(Avec agences)