SNCF : le gouvernement dévoile le calendrier de l'ouverture à la concurrence

La ministre des Transports, qui marche sur le fil à l'approche d'une grève probablement très suivie à la SNCF, a dévoilé vendredi les modalités de l'ouverture à la concurrence, avec un calendrier conforme aux projets de départ à l'exception du cas particulier de l'Île-de-France.
(Crédits : STEPHANE MAHE)

A trois jours du début d'une grève longue des cheminots contre le projet de réforme de la SNCF pour la préparer à l'ouverture à la concurrence, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a dévoilé vendredi les modalités de l'ouverture à la concurrence du marché intérieur du transport ferroviaire.

Demande des sillons TGV dès janvier 2019

Pour les TGV, la mise en concurrence débutera à partir de décembre 2020, a déclaré la ministre, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse organisée à l'issue d'une rencontre avec les organisations syndicales et patronales.

Pour être précis, « à partir du 1er janvier 2019, les entreprises ferroviaires disposeront d'un libre choix d'accès à l'infrastructure. Cela signifie, compte tenu du fait que le processus de commandes des capacités débute près de deux ans avant la date de circulation effective du train, qu'il sera possible pour un opérateur concurrent de SNCF Mobilités de commander des sillons à partir de janvier 2019 », a expliqué cette semaine le régulateur du ferroviaire l'Arafer.

Les tarifs des péages seront par ailleurs modulés afin d'inciter les opérateurs à assurer les liaisons les moins rentables, comme le préconise d'ailleurs l'Arafer.

S'agissant des services régionaux faisant l'objet d'une convention entre la Région et un opérateur -aujourd'hui SNCF Mobilités- (idem pour les Intercités entre l'Etat et SNCF Mobilités), l'ouverture des marchés s'étalera de décembre 2019 à décembre 2023, le rythme de cette mise en concurrence étant laissé à la discrétion des régions -certaines d'entre elles ayant manifesté leur impatience.

L'ouverture à la concurrence, c'est-à-dire l'obligation pour les autorités organisatrices de transport (AOT) de procéder à des appels d'offres, va intervenir le 24 décembre 2024. Dans les faits, la concurrence pourra ne débuter qu'en 2033 puisque les régions seront habilitées à attribuer des contrats à la SNCF jusqu'à la date butoir pour une durée de 10 ans.

A partir du 3 décembre 2019 et jusqu'au 24 décembre 2023, les autorités organisatrices de transport pourront attribuer directement, sans appel d'offres, l'exploitation de leurs services à l'opérateur de leur choix, ou bien procéder directement par appel d'offres.

Régime spécifique pour l'Île-de-France

L'Île-de-France échappera à la règle générale "compte tenu de sa densité et des travaux en cours et à venir et également des volumes de trafic", a déclaré Elisabeth Borne. Île-de-France Mobilités, le syndicat des transports de la région, pourra donc déterminer son calendrier entre décembre 2023 et décembre 2033, voire à partir de décembre 2033 pour certains RER et même au-delà pour les lignes A et B, gérées conjointement avec la RATP.

Les salariés concernés conservent leur rémunération

Outre le calendrier, la question du transfert de salariés de la SNCF vers de futurs opérateurs concurrents est sensible, les cheminots craignant de perdre au change.

"Les salariés concernés conserveront leur niveau de rémunération au moment du transfert, les salariés sous statut transférés conserveront également le bénéfice du régime spécial de retraite ainsi que la garantie de l'emploi", a assuré Elisabeth Borne lors de sa conférence de presse.

Les passages d'une compagnie à l'autre se feront "en priorité sur la base du volontariat", a-t-elle ajouté. "Nous avons été à l'écoute", a encore dit la ministre des Transports, qui a entamé début mars des concertations censées se poursuivre jusqu'à la fin du mois d'avril.

Résolus à faire reculer le gouvernement, les syndicats CGT-Cheminots, Unsa-ferroviaire, Sud-Rail et CFDT-cheminots suivent leur propre calendrier, avec un coup d'envoi mardi prochain d'une grève perlée de près de trois mois. Le numéro un de la SNCF, Guillaume Pepy, a d'ores et déjà prévenu vendredi sur France Inter que le mouvement entraînerait de fortes perturbations dès lundi soir et pénaliserait "la vie de beaucoup de Français".

"Aujourd'hui, (les) annonces ne sont pas de nature à lever un grand nombre d'inquiétudes concernant les incidences sur les cheminots", a réagi Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT-cheminots, devant des journalistes.

Les dispositions concernant l'ouverture à la concurrence seront introduites par amendement dans le texte de loi, qui arrivera la semaine prochaine en commission à l'Assemblée nationale, puis le 9 avril en séance publique. Autrement dit, le gouvernement ne passera pas par ordonnance sur ce point précis.

Lire ici : La fin du monopole signifie-t-telle vraiment plus de concurrence?

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Commentaires 39
à écrit le 05/04/2018 à 10:52
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Celui qui a compris expliquera aux autres. L'application du principe de mise en concurrence semble très difficile à appliquer d'autant qu'il y a mélange des genres entre TER, et lignes interrégionales; comment tout cela sera appliqué. et puis, qui vi...

à écrit le 03/04/2018 à 6:32
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Il faut aller plus vite...Trop d'attente pour la mise en concurrence !

le 03/04/2018 à 17:32
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Oui les morts attendent ! "La privatisation de British Rail, (l'équivalent de la SNCF), est devenue le symbole de ce que les privatisations peuvent avoir de désastreux. À l'époque, les financiers prétendaient que le secteur privé fournirait un se...

à écrit le 02/04/2018 à 20:36
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Vous vous souvenez du traité constitutionnel que nous avons refusé en 2005 et que nos politiciens nous ont imposé en 2007 ? Ben c'est ça le programme... Le "courage" de Macron n'est que la politique appliquée de l’orthodoxie néolibérale européenn...

à écrit le 02/04/2018 à 19:44
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Pas de doute, l' ouverture à la concurrence résulte de notre appartenance à l' UE et au développement du scénario des GOPE ou Grandes Orientations de Politiques Economiques, mis en scène par l’article 106 du traité sur le fonction...

à écrit le 02/04/2018 à 4:28
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et la creuse le 23700 coupait de toute communication ;transport,zone blanche ,route il ne faut pas en parler? pour les taxe nous somme présent , le reste?

à écrit le 01/04/2018 à 14:44
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Il aurait été légitime de consulter les français par référendum sur le démantèlement de ce qui leur appartenaient avant de le brader au privé, mais il est vrai que nous ne sommes plus souverain dans nos décisions et nous agissons sur ordre de Bruxell...

le 02/04/2018 à 11:57
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Qui prend les décisions à Bruxelles, si ce n’est les gouvernements européens ?

le 02/04/2018 à 20:33
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"Qui prend les décisions à Bruxelles, si ce n’est les gouvernements européens ? " Mike le poulet sans tête: "«L'Union européenne tue l'Europe»" http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2017/01/28/31002-20170128ARTFIG00106-l-union-europeenne-tue-l-europe....

à écrit le 01/04/2018 à 11:37
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Je crois que dans quelque temps je vais être obligé de mettre le train dans la liste des produits à boycoter... Merci l'Europe et merci à notre banquier président.

à écrit le 01/04/2018 à 11:31
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Tout ce que dit le ministère est de la pure manipulation. Exemple : Les passages d'une compagnie à l'autre se feront "en priorité sur la base du volontariat", a-t-elle ajouté. Aujourd'hui un jeune agent SNCF peut grimper dans la hiérarchie en passa...

à écrit le 01/04/2018 à 10:26
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SNCF: pour Elisabeth Borne (notre carotte sur patte), "rien ne justifie" la grève de ce lundi Ben si, il suffit de lire l'article.

à écrit le 01/04/2018 à 9:56
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Il reste du pognon à la SNCF: Le site Franceinfo révèle ce dimanche matin, que la direction de la SNCF a décidé d’attribuer à certains de ses cadres une prime dite de « conducteur occasionnel », pour les inciter à conduire les trains.Cette prime, ...

à écrit le 01/04/2018 à 9:33
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les cheminots ont alerté l opinion sur la méthode de gouverner par ordonnances ! tous les secteurs sont concernés...public et privé

à écrit le 31/03/2018 à 23:33
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la CGT est le dernier carré des temps anciens . Son heure est arrivée , elle va tomber.

à écrit le 31/03/2018 à 10:16
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Honte à tous nos politicards de tous bords qui ont fait n'importe quoi pendant des décennies! Ce sont bien eux, décisionnaires en dernier lieu, qui ont imposé par cet état actionnaire cette incurie d'aujourd'hui ! Remarquez d'ailleurs que partout où...

le 31/03/2018 à 15:53
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Belle analyse mais conclusion naive .

le 31/03/2018 à 22:28
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Aujourd'hui, c'est environ 45 milliards de dettes....qui auraient pu servir à être injecté dans les hôpitaux, la justice, etc.....

à écrit le 31/03/2018 à 9:25
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touche pas a mes avantages les autres on s'en fout le slogan des cheminots pourquoi ne pas faire comme chez orange cela s'est tres bien passe il est vrai que les pauvres ils ont besoin de jours de conges supplementaires, le printemps arrive et leur...

le 31/03/2018 à 12:41
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Croyez vous que le déficit de la SNCF aux alentours de 40 milliards soient simplement les avantages des cheminots. Je vous conseille d'étudier la dette de l'entreprise mais également les décisions politiques encore aujourd'hui. preuve s'il en était l...

le 31/03/2018 à 18:34
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@Réponse de sens étude "le volet économique les cheminots ne sont que l'excuse de l'exécutif et du management de la SNCF pour passer une réforme dont le politique et le management sont les deux vrais responsables de la dérive de cette entreprise d...

le 02/04/2018 à 17:55
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@sens étude Ce n'est heureusement pas le déficit mais la dette cumulée de la SNCF qui s'élève à 40 milliards... dont une bonne partie correspond en effet au statut superavantageux dont ont longtemps bénéficié les cheminots en termes de retraite (le ...

à écrit le 30/03/2018 à 22:22
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Tout ça est bien dommage. Le réseau de train Français était une pure merveille et était un bel exemple partout en Occident. Probablement que plusieurs ont encore des troubles de mémoire chroniques mais je me souviens d'expériences inoubliables d'un...

à écrit le 30/03/2018 à 20:36
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J'étais à la gare Montparnasse, il y a quelques temps.La SNCF n'est pas une entreprise, c'est un outil d'état géostratégique énorme. Ce qui s'y passe ? C'est bien à la France et à l'état de gérer ça, comme pour une décision de guerre nucléaire, je n'...

à écrit le 30/03/2018 à 20:10
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Jupiter Macron c'est beaucoup de blablabla. Première réforme dans le public à l'occurrence la sncf première reculade avec l'abandon des ordonnances. La république en marche arrière c'est sur. Tous les mêmes...

à écrit le 30/03/2018 à 20:06
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j''ai hâte de monter dans le train de Deusch Band (en français :-) ) compagnie ferroviaire allemande en regardant de l'autre côté la sncf en leur faisant un doigt d'honneur comme pour air France. vive la concurrence contre les entreprises publique...

le 31/03/2018 à 9:47
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"Q 2 Bonheur", votre raisonnement est un peu court ! Il y a 3 ans jour pour jour (28 avril 2015) , le journal LA TRIBUNE relatait dans ses colonnes une étude du groupe BCG (Boston Consulting Group)qui classait la SNCF 3ème (sur 25) derrière les rés...

à écrit le 30/03/2018 à 19:43
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Si la SNCF, du PDG jusqu'à tous les cheminots, arrive à comprendre un jour que ses passagers sont des CLIENTS et non des usagers qui devraient se plier à toutes leurs fariboles, elle aura fait un très grand pas en avant. Elle est sensée transporter d...

le 30/03/2018 à 23:26
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@ azer C'est intéressant votre commentaire surtout si la SNCF réussit à peut-être comprendre (un jour dans ce siècle) que le client n'est pas seulement un clown d'usager mais un utilisateur-payeur, un quidam qui donne des pesos pour un certain ser...

à écrit le 30/03/2018 à 19:36
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Il ne va pas se passer grand chose dans les années qui viennent. Pour les TGV le ticket d'entrée risque d'être trop élevé pour des entreprises privées en recherche de profits immédiats. Une rame TGV c'est entre 30 et 35 m€ et en France il n'existe pa...

le 31/03/2018 à 7:10
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Malheureusement ce qui anime Macron n'est pas l'intérêt public....il s'en moque.....et ce n'est pas terminé...😲

le 31/03/2018 à 8:26
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La SNCF a trop de rames TGV et on vient de lui imposer d'en racheter 100 de mieux pour sauver Alstom. La solution est donc, soit de privatiser les rames excédentaires en les vendant à un consortium par exemple bancaire pour créer une entreprise de lo...

le 31/03/2018 à 9:23
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Bruno . C est par déduction ou vous connaissez quelqu un de chez Keolis ? Si mise en bourse affaire à faire . Mais administrateurs déjà servis !

le 31/03/2018 à 9:45
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@bruno_bd Actuellement le parc de TGV est dimensionné pour assurer les heures et les périodes de pointe. Son taux d'utilisation est d'environ 98%. Les rames commandées ces derniers jours n'arriveront qu'à partir de 2023 et serviront à radier les p...

le 02/04/2018 à 12:01
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@L'australien 22 : m'abusé-je ou il y a 2-3 ans l'exécutif Hollande a acheté des rames TGV pour les faire circuler sur des lignes classiques, la SNCF n'en ayant pas besoin sur les LGV ? Il y a donc de la marge.... Et quand on voit combien de temps on...

à écrit le 30/03/2018 à 17:37
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Encore un régime spécifique pour l'Île-de-France. Au final pas de mise en concurrence pour les opérateurs de transport autres que la SNCF en Île-de-France. L'Île-de-France échappera à la règle générale "compte tenu de sa densité et des travaux en co...

le 31/03/2018 à 8:19
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Ce qui est compliqué en IDF c'est d'avoir plusieurs opérateurs (sur les RER A et B, il y en a déjà 2, la RATP et la SNCF, tous les franciliens savent les millions d'heures perdues à cause des changements de conducteurs à Nanterre Préfecture que cette...

à écrit le 30/03/2018 à 17:04
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Les agents de la SNCF ne veulent pas de la concurrence mais cela ne leur pose pas de probléme de savoir que la SNCF est présente dans plus de 120 pays étrangers au travers de son millier de filiales.... Keolis, Geodis, Ouigo, Ouibus, Voyages-sncf, Ef...

le 30/03/2018 à 18:15
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vilipender de la sorte au nom de pierre et paul pour défendre son apanage n est pas le reflet d un bon niveau pour le pays

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