Taxis volants : malgré des revers, le groupe ADP déterminé à les voir voler aux JO 2024

Par latribune.fr  |   |  946  mots
Si toutes les autorités donnent leur feu vert au projet, l'expérimentation devrait débuter au mois de juin, avec 2.000 à 2.500 vols de prévu. (Crédits : Reuters)
En charge du projet, le groupe ADP s'est dit « pleinement mobilisé pour rendre possible ce projet d'innovation et de décarbonation, sur des lignes aériennes en Ile-de-France ». Mais l'initiative a rencontré différents obstacles ces derniers mois.

Des taxis volants électriques passeront-ils au-dessus de la tête des Parisiens pendant les Jeux olympiques l'été prochain ? Au nom de la « course à l'innovation », le gestionnaire des aéroports parisiens affiche en tous cas sa détermination à voir aboutir son expérimentation. Et ce, malgré de multiples revers pour ce projet disputé.

Les personnels du Groupe ADP restent « pleinement mobilisés, aux côtés de nos partenaires, pour rendre possible ce projet d'innovation et de décarbonation, sur des lignes aériennes en Ile-de-France », a ainsi indiqué ce lundi l'entreprise, dont l'Etat contrôle la majorité du capital, à l'AFP. Avant d'ajouter :

« Sans expérimentation, il est difficile de répondre aux interrogations légitimes liées au projet dont nous sommes convaincus de l'utilité, notamment en matière sanitaire ».

Interviewé par France Inter samedi, le PDG d'ADP Augustin de Romanet a de nouveau argumenté en ce sens : « Nous espérons beaucoup qu'ils (ces appareils, ndlr) puissent être vus au-dessus de Paris comme une espèce de symbole de l'innovation et de l'esprit d'entreprise français. »

L'exploitant des aéroports de Paris a aussi fait valoir que de très nombreux projets de même nature étaient en cours dans le monde.

« La course à l'innovation s'est accélérée ces derniers mois et nous souhaitons que la France ouvre la voie par rapport à d'autres pays qui envisagent dès à présent d'autoriser les expérimentations », a ainsi argumenté le groupe.

Trois lignes envisagées

Avec ses partenaires, le constructeur allemand Volocopter et la région Ile-de-France, ADP veulent pourtant profiter de la vitrine des JO de Paris pour faire circuler de façon expérimentale des taxis volants électriques à une place. Trois lignes sont envisagées. La première partirait de l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle (Val d'Oise) pour se rendre à celui du Bourget (Seine-Saint-Denis).

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Une autre décollerait de l'héliport d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) pour se poser à l'aérodrome de Saint-Cyr-l'Ecole, près de Versailles. Enfin, la troisième partirait du même endroit, mais rejoindrait une barge sur la Seine, à proximité du quai d'Austerlitz, dans le sud-est de Paris intramuros.

Si toutes les autorités donnent leur feu vert au projet, l'expérimentation devrait débuter au mois de juin, avec 2.000 à 2.500 vols de prévu. Ce, jusqu'en décembre 2024. Selon Augustin Romanet, interrogé sur Franceinfo en décembre dernier, le prix de la course sera « en gros deux fois celui d'un taxi automobile », soit « de l'ordre de 110 euros » pour un Roissy-Paris, qui coûte de 55 à 65 euros en taxi.

Des signaux négatifs ces derniers mois

A ce jour, le projet est suspendu à une certification de l'appareil de Volocopter par l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), mais aussi à un feu vert du ministère français des Transports, qui a jusqu'ici soutenu l'initiative. Or, les signaux négatifs se sont multipliés ces derniers mois, le dernier étant un avis défavorable rendu le 2 février au terme d'une enquête publique effectuée en novembre et décembre 2023.

Le commissaire enquêteur, après avoir entendu les parties prenantes et obtenu 1.748 contributions du public, a notamment remarqué que cette expérimentation « ne présente pas d'intérêt a priori si elle est centrée sur des vols commerciaux correspondant à un mode de transport qui, dans les transports franciliens, ne peut offrir d'alternative aux modes actuels ni participer à une décongestion du trafic ».

« Je considère que les gains potentiellement apportés par le projet ne justifient pas les inconvénients qui seront supportés pendant l'expérimentation », a ajouté l'enquêteur.

Début septembre, l'Autorité environnementale avait jugé « incomplète » l'étude d'impact de la future base d'Austerlitz, dite « vertiport », mettant en cause la pollution sonore et visuelle. Dans le cadre de cette évaluation environnementale, les élus parisiens avaient rendu un avis négatif - non contraignant - au conseil de Paris, certains dénonçant un projet « absurde » et une « aberration écologique ».

Des élus de gauche et de droite en désaccord

Depuis plusieurs mois, un certain nombre d'élus parisiens de gauche s'opposent aux au lancement des taxis volants. Le 15 novembre dernier, le Conseil de Paris a d'ailleurs émis un avis négatif quasi unanime, dénonçant un projet « absurde » et une « aberration écologique ».

Ce lundi, le groupe Gauche communiste, Ecologiste et Citoyenne au conseil régional d'Ile-de-France a considéré que l'avis du 2 février « constituait une victoire pour toutes les personnes qui se sont estimées lésées par un projet éloigné de l'intérêt général, mené en catimini ».

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« A la lumière de cet avis défavorable à la délivrance de l'autorisation ministérielle indispensable au projet, nous demandons au nouveau ministre des Transports de clouer au sol ce projet et de se concentrer sur la galère des usagers des transports du quotidien », a réclamé la présidente du groupe, Céline Malaisé, citée dans un communiqué.

Mais le cabinet de la présidente de droite de la région Valérie Pécresse soutient l'initiative. « C'est l'occasion de faire des Jeux olympiques et paralympiques 2024 une vitrine de l'excellence des savoir-faire et technologies qui se développent sur le territoire francilien », a-t-il fait savoir à l'AFP ce lundi.

« On souhaite que la déclaration d'utilité publique soit prise par l'Etat pour permettre cette expérimentation », a-t-il ajouté. « Une décision sera rendue ultérieurement », a pour sa part indiqué lundi le ministère des Transports à l'AFP, sans autre commentaire.

(Avec AFP)