Thales vend ses systèmes de signalisation ferroviaire à Hitachi Rail pour 1,66 milliard d'euros

Par latribune.fr  |   |  717  mots
(Crédits : Thales Ground Transportation Systems)
Le groupe d'électronique français a finalement trouvé pour sa division Ground Transportation Systems (Systèmes de transport terrestre) un repreneur qui pourrait ainsi devenir le numéro un mondial du secteur.

[Article publié le 4.08.2021 à 8:53, mis à jour avec note Moody's à 12:23]

Le groupe d'électronique Thales, spécialisé dans l'aérospatiale, la défense, la sécurité et le transport terrestre, annonce dans un communiqué publié ce matin, être entré en négociations exclusives pour la vente de ses « Systèmes de transport terrestre » ("Ground Transportation Systems" ou "GTS") avec Hitachi Rail, un leader mondial du secteur de la signalisation et de la sécurité ferroviaire (ex-Ansaldo, dont le siège est à Gênes, en Italie), qui se verrait ainsi en position de numéro un mondial. Le montant de la transaction pour la totalité des activités du français est estimée à 1,66 milliard d'euros.

Le prix final de la transaction sera fixé ultérieurement, et l'opération devrait être finalisée fin 2022 ou début 2023, sous réserve de l'approbation des autorités concernées, a de son côté précisé Hitachi dans un communiqué.

Filiale en difficulté et appel à recentrer le portefeuille d'activités

Thales, groupe dans lequel l'Etat français possède une participation, avait annoncé en avril dernier son intention de vendre ses activités GTS arguant de la nécessité de recentrer ses activités, ce qu'il confirme aujourd'hui par la voix de son patron Patrice Caine, cité dans le communiqué.

« Avec ce mouvement stratégique important, nous allons pouvoir nous concentrer sur le développement de 3 grandes activités de hautes technologies en croissance à long terme et capables de générer des marges à 2 chiffres dans la durée -- l'Aérospatial, la Défense & Sécurité, et l'Identité et la Sécurité numériques - et ainsi continuer de renforcer leurs positions de leaders mondiaux. », indique Patrice Caine, Pdg de Thales

En avril, le groupe disait attendre de cette vente un montant situé dans une fourchette assez large, entre 1,5 et 2,5 milliards d'euros, en raison des incertitudes sur son redressement.

De fait, la division transport de Thales avait enregistré un recul de 6% de ses prises de commande l'an dernier, certains de ses clients ayant retardé des projets en raison d'un ralentissement de la demande liée à l'épidémie de Covid. Mais sa marge d'exploitation s'était en revanche nettement améliorée pour atteindre 5,3%, bien en deçà toutefois de l'objectif de 8%. Et dans une note de recherche diffusée un mois auparavant, en mars, les analystes de JPMorgan estimaient que le redressement de la division était en bonne voie: "La marge du deuxième semestre 2020 à 9,1% était encourageante et la direction semblait avoir bon espoir que le transport puisse atteindre une marge élevée à un chiffre sur une période complète de 12 mois, ce qui n'est pas arrivée depuis 2013", indiquaient-ils.

Cependant, l'activité de signalisation ferroviaire de Thales souffre de sa relative petite taille et sa marge demeure plus faible que celle d'autres divisions de Thales et de concurrents.

Aujourd'hui, le groupe explique être satisfait de la valorisation fixée avec Hitachi à 1,66 milliards d'euros, qui, selon lui, "reflète le redressement significatif de l'activité". En outre, il estime que le "renforcement du positionnement stratégique de Thales sur trois grands marchés porteurs à long terme : Aérospatial, Défense & Sécurité, Identité & Sécurité numériques" lui donnera les moyens "d'accélérer la progression de la marge d'EBIT et de poursuivre le désendettement".

Cette vente signe donc la fin des espoirs de Thales de faire de sa division GTS un leader mondial. Pour mémoire, en octobre 2016, Patrice Caine, le PDG de Thales, déclarait sur BFM Business qu'il ne vendrait pas son activité de signalisation ferroviaire, malgré l'intérêt d'Alstom: "Même sans Alstom, nous serons leader mondial dans la signalisation ferroviaire."

Dans la matinée, l'agence Moody's publiait son avis sur l'opération dans une note:

« L'accord d'acquisition de l'activité systèmes de transport terrestre de Thales est positif car il élargit le portefeuille d'activités de Hitachi (A3 négatif). Le montant de l'acquisition d'environ 1,7 milliard d'euros (215 milliards de JPY) représente moins de 10% de la dette totale de Hitachi au 30 juin. Compte tenu de la marge BAII de 7,3% de l'entreprise acquise, comparable à celle de Hitachi, l'acquisition aura un impact limité sur l'effet de levier de Hitachi pour l'exercice 2021", écrit ainsi Motoki Yanase, analyste chez Moody's Investors Service.

(avec Reuters et AFP)