
Pour beaucoup d'industriels duaux, 2020 est l'année où les activités de défense ont été un formidable antidote à la crise brutale et violente qui a secoué le secteur aéronautique civil. Et Thales a pu apprécier à nouveau tout le charme de ses activités de défense, qui lui ont permis de passer sans trop de casse le cap de 2020, année maléfique pour tant d'entreprises. C'est également le cas du du secteur Identité & Sécurité numériques, qui a enregistré des commandes en hausse de 18% l'année dernière, et, à un degré moindre, le spatial, qui a apporté de très belles satisfactions commerciales à Patrice Caine, qui a toujours défendu cette activité comme cœur de métier au sein de son groupe.
Pour autant, Thales a été contraint de faire une pause dans sa folle croissance lors de ces dernières années, crise du Covid-19 oblige. Ainsi les prises de commandes sont en légère baisse de 3% à 18,5 milliards d'euros. Mais le book-to-bill (ratio commandes sur chiffre d'affaires) est supérieur à un (1,09). Le chiffre d'affaires a quant à lui reculé de 7,7 % à 17 milliards d'euros. En revanche, l'EBIT a pris une bonne claque, en chute de 33% à 1,35 milliard d'euros. Tout comme le résultat net ajusté en baisse de 33%, à 937 millions d'euros.
Un carnet de commande historique
Fin décembre, le carnet de commandes consolidé, bien alimenté par les commande de 2020, a atteint 34,4 milliards d'euros. "Un record historique", qui va permettre à Thales de retrouver rapidement une dynamique de croissance rentable. Avec 9,92 milliards d'euros, les prises de commandes dans le secteur Défense & Sécurité atteignent là aussi "un nouveau record historique". Le ratio de book-to-bill dans cette activité atteint 1,23 contre 1,20 en 2019 et 1,09 en 2018. "Ce niveau élevé s'explique par l'enregistrement de 14 contrats de plus de 100 millions d'euros, dont un contrat majeur, d'une valeur supérieure à 1,5 milliard d'euros,en Allemagne : le projet MKS180". Ce contrat est l'un des plus importants jamais signés par Thales. Le carnet de commande de la défense atteint ainsi 23,2 milliards d'euros, soit 2,9 années de chiffre d'affaires.
A 3 milliards d'euros (contre 2,57 milliards en 2019), les prises de commandes du secteur Identité & Sécurité numériques dépassent très légèrement le chiffre d'affaires. Enfin, Thales Alenia Space (TAS) a enregistré de nombreux succès commerciaux dans les domaines de l'observation de la terre et de l'exploration spatiale même si les prises de commandes spatiales s'inscrivent en baisse sur l'année (- 5 %). TAS a obtenu la construction de deux satellites de télécoms pour l'opérateur luxembourgeois SES. La filiale commune Thales et Leonardo a signé le contrat de développement de Space Rider, le futur système européen de transport spatial non habité, autonome et réutilisable. Enfin, TAS a engrangé des travaux complémentaires sur la mission Exomars 2020 et sur le segment sol et le centre de sécurité de la constellation Galileo.
Par zones géographiques, les prises de commandes dans les marchés émergents ont plongé à 3.56 milliards d'euros, en baisse de 32%. En revanche, les prises de commandes dans les marchés matures se maintiennent à un niveau élevé (14,9 milliards) ont légèrement progressé (+ 3 %). Elles ont notamment été tirées par 12 grands contrats militaires dans cinq pays (France, Allemagne, Etats-Unis, Australie et Grande-Bretagne).
Retour du dividende
Thales a affiché pour 2020 un EBIT de 1,35 milliards d'euros, soit 8 % du chiffre d'affaires, contre 2 milliards (10,9 % du chiffre d'affaires) en 2019. Un EBIT plombé par le secteur Aérospatial qui a enregistré un EBIT négatif de 76 millions d'euros (- 1,8 % du chiffre d'affaires). Toutefois, le plan global d'adaptation à la crise a généré des économies estimées à environ 850 millions d'euros. Soit 100 millions d'euros au-dessus de l'objectif. Le conseil d'administration a décidé de proposer aux actionnaires la distribution d'un dividende de 1,76 euros par action. Ce niveau correspond à un taux de distribution de 40% du résultat net ajusté, par action.
En dépit d'un environnement global affecté par la crise sanitaire du Covid-19,Thales prévoit cette année encore un book-to-bill supérieur à 1, comme en 2019 et en 2020, et un chiffre d'affaires dans la fourchette de 17,1 à 17,9 milliards d'euros, en tenant compte des perturbations toujours importantes dans l'aéronautique civile. Enfin, le groupe table sur une marge d'EBIT comprise entre 9,5% et 10%, "en hausse de 150 à 200 points de base par rapport à 2020, grâce au plein effet du plan global d'adaptation, à la poursuite des initiatives de compétitivité mises en œuvre dans le cadre du plan Ambition 10 et à la montée en puissance des synergies de coûts liées à l'acquisition de Gemalto", selon Thales.
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