Viaduc de Gênes : le concessionnaire Atlantia n'est pas un inconnu en France

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  547  mots
(Crédits : Massimo Pinca)
Le groupe italien était faisait partie du consortium franco-italien Ecomouv qui avait remporté le contrat des portiques de la collecte de l'écotaxe en 2011 avant qu'il ne soit annulé en 2014. Il gère aujourd'hui l'aéroport de Nice et lorgne ceux de Paris et détient aussi les autoroutes du nord et l'est de la France.

Maison-mère de la société Autostrade per l'Italia, concessionnaire de l'autoroute sur laquelle une partie d'un viaduc s'est effondrée à Gênes mardi 14 août, causant la mort de 38 personnes, Atlantia n'est pas un inconnu en France.

Réalisant 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ce géant spécialisé dans les infrastructures -qui a notamment comme principal actionnaire Sintonia (plus de 30%), une société du groupe Edizione détenue par la famille Benetton- faisait partie aux côtés de Thales, SNCF, SFR et Steria du consortium franco-italien Ecomouv qui avait remporté le contrat des portiques de la collecte de l'écotaxe en 2011 avant qu'il ne soit annulé en 2014. Cette rupture du contrat avait entraîné le versement par l'État d'une indemnité de plus de 800 millions d'euros de manière échelonnée.

Gestionnaire de l'aéroport de Nice et candidat potentiel pour ADP

Depuis 2016, Atlantia est le gestionnaire de l'aéroport de Nice-Côte d'Azur. Dans le cadre de la privatisation de l'aéroport niçois, Atlantia l'avait emporté en finale (en partenariat avec EDF Invest) contre le groupe Vinci. Le groupe italien, qui gère par ailleurs l'aéroport de Rome Fiumicino, suivait jusqu'ici de très près la privatisation d'ADP, le gestionnaire des aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et d'Orly.

Enfin, en rachetant au printemps (avec l'espagnol ASC) le groupe espagnol Abertis, Atlantia a mis la main sur la Sanef qui gère notamment les autoroutes du nord et l'est de la France.

L'action dévisse en Bourse

Pour l'heure, la note pourrait être salée pour Atlantia. Elle l'est déjà sur le plan boursier. Le risque de se voir retirer la concession autoroutière en Italie, évoqué mercredi 15 août par le ministre des Transports Danilo Toninelli, au lendemain de la catastrophe, a fait plonger le cours de l'action de plus de 22% ce jeudi à la Bourse de Milan. Danilo Toninelli a déclaré avoir ouvert une procédure de retrait de la concession autoroutière accordée à la société Autostrade per l'Italia, filiale du groupe Atlantia. Selon les analystes de BofA Merrill Lynch (BAML), la concession principale d'Atlantia, Autostrade per l'Italia (ASPI), représente 67% de l'EBITDA de la société (avant la consolidation d'Abertis).

Atlantia a déploré une annonce intervenue avant qu'elle ne reçoive une plainte officielle et avant que les causes de la catastrophe ne soient établies. Autostrade per l'Italia a déclaré avoir effectué des contrôles de sécurité réguliers et approfondis sur le viaduc long de 1,2 km, achevé en 1967 et rénové il y a deux ans. Le gouvernement italien estime néanmoins qu'Autostrade est responsable de la catastrophe.

Si la concession est révoquée ou résiliée avant terme, Autostrade a droit à une indemnisation, a déclaré sa maison mère. Or, "les modalités d'une telle annonce peuvent avoir un impact sur les actionnaires et les détenteurs d'obligations d'Atlantia", indique Atlantia. L'argument a fait mouche. Selon l'agence Reuters qui cite jeudi une source gouvernementale, Rome pourrait infliger à Autostrade per l'Italia, une amende plutôt qu'une révocation de sa concession autoroutière. Un retrait de la concession impliquerait en effet une longue procédure judiciaire, avec le risque de devoir verser une importante indemnisation au groupe.