VTC : après Uber, AlloCab ouvre sa plateforme aux taxis

Par Mounia Van de Casteele  |   |  540  mots
L'entreprise française est rentable depuis mars 2016 et affiche une croissance à trois chiffres par rapport à l'année dernière.
La plateforme numérique mettant en relation passagers et chauffeurs professionnels ouvre officiellement sa plateforme aux taxis après une phase d'expérimentation de trois mois réussie.

Voilà trois mois maintenant que taxis et VTC (voitures de transport avec chauffeurs) roulent en bonne intelligence sur Allocab, la plateforme mettant en relation passagers et chauffeurs fondée en 2011 par Yanis Kiansky et Thomas Tierccelin. L'entreprise vient tout juste d'annoncer cette initiative. Pourtant, comme cela est indiqué sur son site, la jeune pousse a ouvert sa porte aux taxis depuis déjà six mois. Cependant, elle préférait attendre de voir quel serait l'engouement des chauffeurs et comment les clients réagiraient en voyant un taxi banalisé (lumineux éteint) arriver à la place d'un habituel VTC, avant d'officialiser la chose, explique à La Tribune Yanis Kiansky:

"Nous voulions d'abord tester l'appétence du côté des particuliers et des entreprises. L'initiative a été très bien prise des deux côtés. Les clients ont salué le fait qu'une plateforme sache rassembler les deux professions. Car les clients sont lassés de cette confrontation. Ce qu'ils veulent, c'est juste être transportés dans de bonnes conditions !"

Double casquette

Cette tentative de conciliation, son concurrent Uber France l'avait lancée lui aussi en janvier. Ce qui avait alors été perçu comme une "provocation de plus", de la part du groupe de Travis Kalanick. Mais depuis, en toute discrétion, des chauffeurs de taxis roulent pour Uber. Et pour cause, le fait de jongler entre les deux métiers, de marauder (prendre des clients à la volée sur la voie publique) avec la casquette de taxi, et donc  lumineux allumé, et d'accepter des commandes via l'application mobile Uber, avec la casquette VTC, lumineux éteint, n'est pas forcément bien vu par tous les professionnels du taxi. Et les chauffeurs (re)convertis vétécé préfèrent souvent rester discrets sur le sujet.

Pour rappel, un chauffeur de taxi peut obtenir une équivalence de la licence VTC sans passer d'examen. Et officiellement, rien n'interdit à un taxi de rouler en tant que VTC. Début 2016, le Conseil constitutionnel avait d'ailleurs estimé qu'un chauffeur de taxi pouvait aussi exercer comme chauffeur de VTC, au nom de la "liberté d'entreprendre".

400 taxis en attente d'affiliation

Cependant le sujet reste tabou. C'est sans doute pour cela que le député PS de Côte d'Or Laurent Grandguillaume, nommé médiateur dans le conflit taxis/VTC en janvier souhaite insister sur ce point en particulier dans sa proposition de loi.

Cela dit, la demande, de la part de chauffeurs de taxis, est bel et bien là à en croire les chiffres avancés par AlloCab. Yanis Kiansky, président de l'entreprise, qui revendique 2.500 chauffeurs affiliés en France, évoque ainsi quelque 400 chauffeurs de taxis qui seraient actuellement "en attente d'affiliation" sur sa plateforme, leur inscription devant être bouclée "en un ou deux mois". "Allocab ouvre sa porte aux 57.000 taxis français, qui pourraient ainsi profiter de la forte croissance du secteur VTC", lance-t-il. Son entreprise, désormais présente dans plus de 40 grandes villes et 20.000 communes de l'Hexagone, compte beaucoup sur ce levier de croissance. L'objectif étant d'optimiser la couverture du territoire.

En attendant, l'entreprise française est rentable depuis le mois de mars, assure Yanis Kiansky, et affiche une croissance à 3 chiffres entre 2015 et 2016, avec un rythme de recrutement de l'ordre de 80 à 100 chauffeurs supplémentaires chaque semaine.