La logistique de la santé opère sa mutation

Par Béatrice Delamotte  |   |  548  mots
En cas de pandémie de grippe A, comment les médicaments, les masques de protection, etc. seront-ils mis en place dans les pharmacies ? S'ils sont complexes et atomisés, les circuits de distribution sont bien rodés. Poussés par les laboratoires qui veulent réduire leurs coûts, ils doivent désormais gagner en productivité et s'élargir à l'Europe.

Les circuits logistiques dans le domaine de la santé sont particulièrement complexes de par la nature même des produits concernés. « La supply chain de la santé est globalement de haut niveau, aussi bien du côté des industriels que des centres de soins ou des plates-formes de répartition, analyse Jean-Michel Guarneri, PDG de Savoye. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour avoir une couverture globale de la chaîne... » « La multiplicité des canaux de distribution est une des particularités de la logistique de la santé, complète Éric Langlois, responsable grands comptes chez Geodis Wilson. La supply chain est très atomisée et sa rationalisation est d'autant plus complexe que les intervenants sont soumis à des contraintes réglementaires très importantes. »

Difficulté supplémentaire, les circuits de distribution sont parfois très différents. Par exemple, les pharmacies peuvent s'approvisionner en médicaments, produits de parapharmacie et dispositifs médicaux (pansements, orthèses, etc.), soit par vente directe des laboratoires, soit auprès des répartiteurs pharmaceutiques ou de regroupements d'officines.

Un marché à fort potentiel

Longtemps privilégié, le rôle des répartiteurs a cependant tendance à diminuer. « Les laboratoires réfléchissent à l'optimisation des circuits de distribution pour réduire leurs coûts, confirme Éric Langlois. Le déremboursement de nombreux produits pharmaceutiques en Europe, la plus grande place des génériques et le faible retour sur investissement de certaines molécules les poussent à trouver des sources d'économies dans la distribution et la logistique, pour préserver la recherche et développement. » Du coup, un énorme marché s'ouvre aux acteurs de la supply chain. « Les laboratoires vont de plus en plus externaliser des prestations logistiques. Encore faut-il qu'ils aient des partenaires capables de respecter les référentiels de bonnes pratiques », analyse Éric Langlois.

Ainsi, la plupart des grands acteurs de la logistique ont décroché la certification « Certipharm » délivrée par l'Afaq, à l'instar de DHL Express France. « Sur un marché en pleine mutation avec des réglementations sanitaires de plus en plus strictes quant à la sécurité des médicaments, cette certification constitue une garantie supplémentaire pour répondre aux exigences de nos clients », affirme Vittorio Battaglia, PDG du pôle messagerie de DHL Express France. Idem chez Geodis, aussi certifié, et qui travaille sur le « revignettage » de produits génériques pour plusieurs laboratoires. « Grâce à nos équipements, nous pouvons traiter jusqu'à 3 millions de vignettes par mois, précise Dominique Nicol, responsable de la logistique pour l'Ouest et l'Île-de- France chez Geodis Logistics. C'est une activité en développement avec le reconditionnement et le contrôle. »

Solutions de pilotage

Autre aspect, l'émergence de réflexions dans le monde du médicament et de la santé sur des supply chains européennes : « Les laboratoires ont besoin de solutions de pilotage de flux paneuropéens », déclare Bertrand Bourgogne, responsable grands comptes chez Geodis Calberson. En outre, les entreprises de dispositifs médicaux ont réussi à obtenir des références utilisables en France et au Benelux et donc des entrepôts européens capables de distribuer dans plusieurs pays. Mais pour Bertrand Bourgogne, in fine, « qu'il s'agisse d'une distribution nationale ou paneuropéenne, l'essentiel est d'assurer une contrainte majeure : la traçabilité ».