Aérien : Rolls-Royce et Easyjet ont testé avec succès l'alimentation d'un moteur avec de l'hydrogène

Par latribune.fr  |   |  601  mots
Fervent partisan de l'hydrogène, Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, reconnaît qu'il s'agit davantage d'une technologie pour la deuxième moitié du siècle. (Crédits : Reuters)
Rolls-Royce a testé avec réussite, en partenariat avec Easyjet, l'alimentation d'un moteur d'avion à hélice avec de l'hydrogène à la place du kérosène. De très nombreux défis techniques restent néanmoins à surmonter.

Dans sa course à la décarbonation, le transport aérien se penche sur toutes les solutions possibles, même les plus complexes. Rolls-Royce a ainsi testé avec succès, avec le concours d'Easyjet, l'alimentation d'un moteur d'avion à hélice avec de l'hydrogène à la place du kérosène. C'est le « premier essai au monde d'un moteur d'avion moderne avec de l'hydrogène », et il « marque une étape majeure pour prouver que l'hydrogène pourrait être le carburant zéro carbone de l'aviation du futur », a fait valoir le motoriste britannique.

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Le test réalisé sur un banc d'essai pendant plusieurs semaines au cours du mois de novembre est « une démonstration déterminante dans les stratégies de décarbonation » de Rolls-Royce comme d'Easyjet, souligne un communiqué. L'essai a eu lieu dans un centre d'essai militaire britannique à Salisbury (ouest de Londres), sur un moteur utilisé normalement pour de petits avions de dessertes régionales. Transformé en démonstrateur avancé, il était alimenté par de l'hydrogène sous forme gazeuse et « verte » - créé à partir d'énergie éolienne et marémotrice.

« Une ambition à plus long terme de réaliser des essais en vol »

Les deux partenaires entendent « prouver que l'hydrogène peut fournir de l'énergie de manière sûre et efficace aux moteurs d'avions civils et prévoient déjà une deuxième série d'essais », avec à la clé le test d'un Pearl 15, un réacteur de Rolls Royce. Le motoriste et la compagnie aérienne ont « l'ambition à plus long terme de réaliser des essais en vol », ajoute le communiqué.

Mais pour y parvenir, les entreprises devront surmonter des défis techniques, notamment en termes de stockage : l'hydrogène liquide, la forme la moins volumineuse, doit être maintenu à -253°C. Et même dans ces conditions, il est encore quatre fois plus volumineux que du kérosène, à quantité d'énergie équivalente. Autre problème : l'hydrogène est difficile à obtenir. L'élément le plus abondant sur terre n'est pas disponible à l'état pur mais emprisonné dans l'eau et les hydrocarbures tels que le gaz naturel. L'hydrogène vert est fabriqué par électrolyse, c'est-à-dire séparation de l'oxygène et hydrogène de l'eau grâce à un courant électrique, lui-même obtenu à l'aide d'énergies renouvelables.

D'autres méthodes de fabrication existent, bien plus courantes, mais elles émettent des gaz à effet de serre, comme l'hydrogène « gris », à partir de gaz naturel, ou encore « bleu » avec la même technique assortie d'une capture d'une partie du CO2. Fervent partisan de l'hydrogène, Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, reconnaissait lui-même, lors du dernier Paris Air Forum, qu'il s'agissait davantage d'une technologie pour la deuxième moitié du siècle dont « l'impact sera encore très limité » avant 2050

Plutôt que compenser, Easyjet investit dans la technologie

Easyjet s'est lancée dans une trajectoire de réduction de son empreinte écologique jusqu'en 2050 basée sur la technologie, quitte à laisser de côté les mécanismes de compensation jugés court-termistes. La compagnie à bas coût britannique a présenté, le 26 septembre, sa feuille de route pour atteindre cet objectif d'ici à 2050. Celle-ci mise uniquement sur des piliers technologiques, une démarche qui va conduire la compagnie à stopper son programme de compensation carbone. Dans la vision d'Easyjet, les futures générations d'avions doivent apporter près de la moitié des réductions d'émissions de CO2 en 2050. Un discours qui semble très optimiste avec un fort degré de confiance dans les évolutions technologiques.

(Avec AFP)