Captage de CO2 dans l'air : la plus grande usine du monde lancée en Islande

Par latribune.fr  |   |  535  mots
La technique utilisée se distingue de la méthode habituelle de captage du carbone, qui se fait en général à la sortie des cheminées d'usines fortement émettrices, mais pas dans l'air où la concentration de CO2 est faible. (Crédits : Fabrizio Bensch)
Baptisée Orca, cette usine peut retirer 4.000 tonnes de CO2 de l’atmosphère chaque année. Une goutte d'eau dans l'océan des émissions de gaz carbonique pour le moment, mais qui se différencie en absorbant directement le dioxyde de carbone dans l’air - et non dans les fumées industrielles - pour le déposer sous terre.

Aspirer le gaz carbonique (CO2) dans l'air pour le pétrifier dans la roche, c'est le projet d'une usine en Islande qui se met en marche aujourd'hui. Baptisée Orca - en référence au mot islandais "orka" qui veut dire "énergie" - l'usine est capable de retirer 4.000 tonnes de CO2 de l'atmosphère chaque année. Une contribution pour l'instant symbolique pour ce site pilote, mais qui pourrait être prometteuse dans la lutte contre le changement climatique.

La quantité de CO2 captée sur un an représente pour le moment l'équivalent des émissions de 1,75 million de litres d'essence, soit la consommation de près de 870 voitures, selon l'Agence américaine de protection de l'environnement.

Lancée par la startup suisse Climeworks, Orca se situe non loin de Reykjavík en Islande, près de la centrale géothermique de Hellisheidi. Elle est constituée de quatre unités composées chacune de deux caissons métalliques, d'une apparence similaire aux conteneurs utilisés pour le transport maritime.

Une méthode originale

La technique utilisée se distingue de la méthode habituelle de captage du carbone, qui se fait en général à la sortie des cheminées d'usines fortement émettrices, mais pas dans l'air où la concentration de CO2 est faible. En effet, Air Liquide, Boréalis, Esso, TotalEnergies et Yara - cinq des plus gros émetteurs industriels français - planchent par exemple sur un projet de captage de CO2 contenu dans les fumées industrielles pour aller le réinjecter ensuite dans des cavités sous-marines au Nord de l'Europe.

Or, au sein de l'usine Orca, douze ventilateurs équipés de filtres, dont l'énergie est fournie par la centrale d'électricité renouvelable voisine, aspirent l'air pour en isoler le gaz carbonique. Grâce à l'association avec Carbfix, un projet islandais de stockage du carbone, le CO2 est ensuite mélangé à l'eau de la centrale avant d'être injecté à 1.000 mètres de profondeur dans le basalte où il se pétrifie pour toujours.

Cette technique reproduit en accéléré - deux ans seulement - un processus naturel appelé la minéralisation qui peut prendre plusieurs milliers d'années. Une réaction chimique du gaz avec le calcium, le magnésium et le fer contenus dans le basalte permet au CO2 de s'insérer dans la roche brune et poreuse sous la forme de cristaux blancs calcaires.

La capture et le stockage du CO2 dans le sous-sol terrestre sont encouragés par le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) pour contenir l'élévation des températures moyennes de 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

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Néanmoins, les critiques pointent leur coût très élevé, leur efficacité contestée et soulignent que des décennies pourraient être nécessaires pour opérer à grande échelle. Toutefois, cela ne freine pas les ambitions de Climeworks qui disposait jusqu'ici d'une petite unité pilote de 50 tonnes qui avait été installée en 2017. Le projet est en effet amené à se développer pour offrir de plus grandes capacités dans les années qui viennent.

(Avec AFP)