Captage de CO2 : Cinq poids lourds de l'industrie veulent relever le défi en Normandie

La chasse au CO2 est ouverte en aval de Paris et elle se fait en meute. Air Liquide, Boréalis, Esso, TotalEnergies et Yara, cinq des plus gros émetteurs industriels français lancent une étude pour évaluer la faisabilité d’un projet commun de captage et de stockage à l’échelle de leurs établissements normands.
La raffinerie Total de Normandie fait partie des établissements qui pourraient être concernés.
La raffinerie Total de Normandie fait partie des établissements qui pourraient être concernés. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Piéger le gaz carbonique contenu dans les fumées industrielles pour aller le réinjecter ensuite dans des cavités sous-marines au Nord de l'Europe. C'est le projet sur lequel vont plancher cinq industriels du raffinage, des engrais et de la chimie de la basse vallée de Seine. Air Liquide, Boréalis, Esso, TotalEnergies et Yara ont annoncé ce lundi avoir signé un protocole d'accord pour travailler ensemble au développement d'une « chaîne de captage et de stockage du CO2 » (CSC) à l'échelle du bassin industriel normand).

Le choix du lieu ne relève pas du hasard. La zone qui s'étend de Rouen au Havre est unanimement considérée comme l'une des seules en France -avec celles de Dunkerque et de Lacq-  propices à la mise en œuvre de cette technologie aussi complexe que coûteuse. Les raisons ? La présence d'installations portuaires (pour le transport offshore du gaz), un savoir-faire technique avéré mais surtout la concentration de gros établissements émetteurs sur un périmètre relativement réduit. Un prérequis pour le déploiement du CSC, comme l'indique l'Agence de la transition écologique (Ademe) dans une note datant de juillet 2020.

« Les grands volumes de CO2 qui y sont émis permettent de réaliser des économies d'échelle nécessaires à la rentabilité des investissements engagés ».

Les big five se sont donnés pour objectif de réduire leurs émissions jusqu'à trois millions de tonnes par an à horizon 2030, soit environ la moitié du gisement « captable » de la zone concernée selon les estimations de l'Ademe. Les signataires restent néanmoins prudents. Pour l'instant, le projet -ouvert à d'autres partenaires industriels- ne fait qu'entrer en phase d'étude. Il s'agit, dans un premier temps, d'évaluer la faisabilité « technique et économique » d'une infrastructure mutualisée et de rechercher des financements « français, européens et régionaux », ont-ils expliqué.

Le prix à payer

Difficile d'affirmer à ce stade que l'idée ira jusqu'à son terme ne serait-ce qu'en raison des montants faramineux qu'il conviendrait d'investir. Là encore, l'Ademe s'est livrée à des calculs : chaque tonne de CO2 éliminée dans le bassin industriel rouenno-havrais coûtera au bas mot 125 euros, transport compris. Très au-delà du prix auquel s'échange aujourd'hui la tonne de carbone.

Pour autant, les vents ont rarement été aussi favorables. C'est, en effet, la première fois que des raffineurs et des chimistes avancent groupés sur un sujet aussi stratégique, comme le souligne Leo Alders, le président de Borealis France, dont l'une des principales usines est implantée sur le port de Rouen. « Ce projet permet une collaboration innovante entre grands acteurs industriels régionaux et ainsi de créer de nouvelles chaînes de valeur », a-t-il relevé dans le communiqué commun.

En outre, les cinq firmes concernées rappellent qu'elles ont toutes pris des engagements en faveur du climat devant leurs actionnaires. Yara, par exemple, devra réduire de 200.000 tonnes les émissions de son site du Havre pour honorer ses promesses de décarbonation. « Le captage et le stockage de carbone sont indispensables pour atteindre notre objectif de moyen terme d'une réduction de 30% de nos émissions de CO2 », a insisté Jorge Noval, président de la branche Industrial Solutions, dans le même communiqué.

De son coté, Total voit dans le projet normand un complément utile à ses investissements dans l'enfouissement. « Cet effort collectif complète les actions de TotalEnergies qui, avec ses partenaires, développe en mer du Nord des projets de stockages de CO2 comme Northern Lights et Aramis », a indiqué Bernard Pinatel, membre du Comex. Avant cela, restera aussi à lever un autre verrou, règlementaire celui-là : la possibilité d'exporter du CO2 hors du territoire par bateau interdite jusqu'à nouvel ordre.

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Commentaires 5
à écrit le 13/07/2021 à 16:34
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le captage de CO2 , le pire du pire de ce greenwashing neolibéral qu'est la "croissance verte", un oxymore délétère. C'est juste un serpent de mer pour faire croire qu'on peut continuer la croissance et qu'on va récupérer le CO2 qu'on balance dans l...

à écrit le 13/07/2021 à 11:03
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et si au lieu d'avoir des projets a la con, les occidentaux faisaient dminuer les emissions de co2 de la chine , de l'inde et de l'afrique en y envoyant les ecolofachos y pousser des cris de singe dans la tolerance?

le 13/07/2021 à 15:31
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Mais oui mon bon Churchill, prenez votre bâton de pélerin et allez obliger les Chinois à ne plus produire du CO2. A mon avis, votre bâton vous risquez de le retrouver dans un lieu qui pourrait ne pas vous plaire...voire vous empêcher de marcher.

à écrit le 13/07/2021 à 8:19
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Vous pourriez crier moins fort que vous n'en avez rien à faire de l'écologie svp ? Non parce que là vous êtes grotesque. Merci.

à écrit le 13/07/2021 à 8:15
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Il n'y avait pas un projet vers Fos s/mer d'une unité qui réduirait le CO2 en méthanol ? Stocker c'est bien mais le transformer pour en avoir l'usage (carburant, par ex, E80 = éthanol mais le méthanol est proche, juste un carbone de moins) c'est mieu...

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