Climat : Pékin assure qu'il tiendra ses engagements...mais rouvre des mines de charbon

Par latribune.fr  |   |  659  mots
Le monde doit "avoir confiance" dans les engagements de la Chine en matière de lutte contre le changement climatique, a assuré Pékin. (Crédits : Reuters/Jason Lee)
Au lendemain du rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), la Chine demande au monde "d'avoir confiance" dans ses engagements dans la lutte contre le changement climatique. Mais dans le même temps, le gouvernement a rouvert des mines de charbon - énergie fossile très polluante - pour alimenter ses centrales électriques et faire face à la pénurie d'électricité.

Pékin tente de rassurer. Alors que la Chine s'est engagée à commencer à réduire ses émissions de gaz à effet de serre avant 2030, le premier pollueur mondial à en même temps décidé de rouvrir des mines de charbon, l'énergie fossile qui émet le plus de CO2... De quoi douter de la sincérité des engagements du Parti communiste chinois.

Mais, au lendemain du rapport alarmant des experts climat de l'ONU (Giec), la Chine demande à la communauté internationale de lui accorder sa confiance. "Nous appliquerons fidèlement nos engagements internationaux", a affirmé le ministère chinois des Affaires étrangères, dans un communiqué adressé à l'AFP.

A moins de trois mois de la conférence climat COP26 à Glasgow, les experts du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) ont une nouvelle fois tiré la sonnette d'alarme le 9 août. Le dérèglement climatique empire dans toutes les régions du globe, et à des niveaux sans précédent, expliquent-ils dans leur rapport. Cet avertissement sonne plus que jamais comme un ultime appel à l'action, dernière chance à saisir avant qu'il ne soit trop tard. Car l'actualisation des connaissances sur la science du climat par le Giec étaye encore les prévisions désastreuses sur un dérèglement climatique aux conséquences désormais imminentes. Et les humains sont "indiscutablement" responsables des dérèglements climatiques.

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Réouverture des mines de charbon

Face à ces nombreux appels à accélérer les efforts pour le climat, le président chinois Xi Jinping avait déclaré en avril que "la Chine maîtriserait strictement ses projets de centrales électriques à charbon et réduirait progressivement sa consommation de charbon". Mais la puissante agence de planification chinoise a donné son feu vert la semaine dernière au redémarrage de quinze mines qui permettront de fournir environ 44 millions de tonnes de charbon par an, pour contrer les pénuries d'électricité et accompagner la relance économique.

Ce retour en force du charbon va a l'encontre des incitations que doit créer le nouveau marché du carbone, lancé en Chine le mois dernier, dont l'objectif était précisément de pousser les compagnies du secteur énergétique à réduire leurs émissions polluantes. Mais sous la pression des industriels, la législation visant à durcir les règles concernant les secteurs les plus polluants, tels que l'aciérie, la sidérurgie et les cimenteries, est au point mort.

Afin que la Chine puisse respecter ses objectifs, 90% de sa production énergétique doit provenir du nucléaire et des énergies renouvelables d'ici à 2050, selon des chercheurs de l'Université de Tsinghua, à Pékin, contre tout juste 15% aujourd'hui. De plus, la Chine a déjà les infrastructures nécessaires pour entamer cette transition. Le pays dispose en effet de plus du tiers du parc éolien et solaire mondial, et produire de l'énergie renouvelable coûte maintenant moins cher que via le charbon.

"Mais les fournisseurs d'énergie restent hésitants face à l'idée d'augmenter la part de l'énergie verte achetée du fait de la pression importante du lobby du charbon", selon Han Chen, chercheur en politique énergétique pour le Conseil national de défense des ressources, un groupe de pression ayant son siège aux Etats-Unis.

Le gouvernement chinois s'est toutefois engagé à investir dans les réseaux intelligents et le stockage d'énergie dans les cinq prochaines années, et à autoriser l'installation de centrales solaires et éoliennes dans les régions reculées de l'ouest afin d'alimenter les usines situées sur la côte est. Les investissements dans le nucléaire sont également en forte hausse : sur les 15 prochaines années, la Chine veut installer au moins 200 GW de production nucléaire, soit plus que la capacité existante en France et aux Etats-Unis, les deux pays les plus nucléarisés au monde.

(Avec AFP)