Comment l'Union européenne veut atteindre la neutralité carbone en 2050

Par latribune.fr avec AFP  |   |  592  mots
En tant que pilier des "50 actions pour 2050" qui composeront le pacte, la commission promet notamment de présenter d'ici mars une grande "loi climatique", qui doit inscrire dans le droit la date de 2050 pour la neutralité carbone. (Crédits : Francois Lenoir)
La Commission a présenté mercredi un "pacte vert" englobant "tous les domaines de l'économie. Il est censé représenter la "nouvelle stratégie de croissance" de l'Union européenne.

"Faire de l'Europe le premier continent climatiquement neutre d'ici à 2050, tout en stimulant l'économie, en améliorant la santé et la qualité de vie des citoyens, en préservant la nature et en ne laissant personne de côté." Tels sont les objectifs très ambitieux poursuivis par le  "Pacte vert pour l'Europe" proposé mercredi 11 décembre par la Commission européenne.

Englobant "tous les domaines de l'économie, en particulier les transports, l'énergie, l'agriculture, le bâtiment et les secteurs tels que la sidérurgie, l'industrie du ciment, les TIC, le textile et les produits chimiques", il est censé représenter la "nouvelle stratégie de croissance" de l'Union européenne, a souligné la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement européen réuni en session plénière extraordinaire.

"100 milliards d'euros d'investissements" pour les plus vulnérables

En tant que pilier des "50 actions pour 2050" qui composeront le pacte, la Commission promet notamment de présenter d'ici mars une grande "loi climatique", qui doit inscrire dans le droit la date de 2050 pour la neutralité carbone. La Pologne, la Hongrie et la République tchèque, encore très dépendantes des énergies fossiles et en particulier du charbon, s'opposent en réalité encore à une telle législation, mais le nouveau président du Conseil européen Charles Michel espère les rallier lors d'un sommet jeudi.

Pour les convaincre et s'assurer que "personne n'est laissé de côté", la Commission prévoit d'ailleurs un "mécanisme de transition juste": une disposition très attendue par les pays les plus en retard, qui sera détaillée en janvier. Il doit permettre de mobiliser "100 milliards d'euros d'investissements" au cours des sept prochaines années pour les régions et les secteurs "les plus vulnérables".

La Commission soutient également des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ambitieux à l'horizon 2030, de 50% voire 55%, contre 40% actuellement. Elle espère pouvoir soumettre ces chiffres aux Etats membres à l'été, afin qu'ils soient approuvés avant la COP26 prévue à Glasgow fin 2020.

260 milliards d'investissements annuels supplémentaires par an

L'ambition environnementale d'Ursula von der Leyen sera très dépendante de l'argent que l'UE est prête à y consacrer. Les objectifs du Pacte vert demandent en effet 260 milliards d'investissements annuels supplémentaires par an, estime la Commission. Or les négociations commencent à peine à entrer dans le dur sur le budget pour la période 2021-2027.

"Certains disent que le coût de cette transformation est trop élevé, n'oublions jamais ce que le coût de l'inaction serait", a donc rappelé Ursula von der Leyen.

"Cet investissement nécessitera la mobilisation des secteurs public et privé", souligne encore l'exécutif européen dans son communiqué. Un Plan d'investissement pour une Europe durable sera présenté début 2020.

Parmi sa longue liste de projets, la Commission prévoit également une réforme du marché du carbone européen, qu'elle veut étendre au secteur maritime, très pollueur. Avec un "mécanisme d'ajustement aux frontières" prévu pour 2021 visant les produits importés dans l'UE, la Commission entend en outre s'assurer que les produits manufacturés en Europe ne soient pas pénalisés par rapport à des industries étrangères moins regardantes sur leurs émissions de carbone. La Commission va également développer sa stratégie "de la ferme à la table" pour une agriculture durable et de qualité, et ses plans pour la biodiversité, pour le printemps 2020. En 2021, elle s'attachera à réduire l'utilisation des pesticides.