En France, les émissions responsables du réchauffement climatique ne faiblissent pas

Par latribune.fr  |   |  661  mots
Les émissions liées au transport ont augmenté de 4% sur les neuf premiers mois de l'année 2022. (Crédits : Reuters)
La France peine actuellement à faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre à cause d'un recours plus important aux énergies fossiles pour compenser les difficultés du parc nucléaire. Les transports sont aussi dans le collimateur des ONG. Ces tendances s'inscrivent en net décalage avec la baisse nécessaire pour que la France respecte son objectif d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050.

Il n'y pas eu de miracle. En France, sur les neuf premiers mois de l'année, les émissions responsables du réchauffement climatique ont quasiment stagné (-0,3%) par rapport à la même période de 2021. C'est ce que révèlent les données provisoires du Citepa, organisme mandaté pour réaliser l'inventaire français des émissions.

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« Ces chiffres nous inquiètent forcément mais on s'y attendait », a réagi Jérémie Suissa, délégué général de l'ONG Notre affaire à tous, qui a fait condamner l'Etat français pour inaction climatique l'an dernier. « On n'a pas du tout fait ce qu'il fallait pour diminuer les émissions », estime-t-il, regrettant l'absence de politique ambitieuse en matière de transports en commun ou d'énergies renouvelables.

Dans le détail, les émissions ont notamment augmenté de 12% sur les neuf mois dans la production d'énergie, selon le Citepa. « Cela s'explique notamment par l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires en 2022 qui a entraîné le recours aux centrales thermiques ». La France a en effet été confrontée à l'indisponibilité d'une partie de son parc nucléaire en raison notamment de problèmes de micro-fissures. La France n'a ainsi jamais autant consommé de gaz pour sa production d'électricité, pour compenser des défaillances du parc nucléaire et hydraulique. De plus, le gouvernement a aussi renoncé à fermer cet hiver la centrale à charbon de Saint-Avold, dans le nord-est de la France.

Une hausse de 4% des émissions liées au transport

Le Citepa pointe également une hausse de 4% des émissions des transports, avec une évolution en dent de scie selon les mois. « On revient sur le mode de fonctionnement d'avant la crise Covid dans le secteur des transports, qui continue à être tendanciellement à la hausse et pour l'instant on ne voit pas changement structurel réel », remarque Michel Colombier, membre du Haut conseil pour le climat (HCC).

Ces tendances s'inscrivent en net décalage avec la baisse nécessaire pour que la France respecte son objectif d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Elle s'est engagée à réduire ses émissions de 40% d'ici 2030, une ambition qui doit être renforcée pour tenir compte de nouveaux objectifs européens (-55%). Selon le HCC, le pays devrait doubler le rythme de baisse de ses émissions à environ -4,7% par an sur la période 2022-2030.

Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de la régulation de l'énergie (CRE) reconnait qu'il va falloir se retrousser les manches : « Maintenant on sait qu'en fait on a besoin de beaucoup plus d'électricité en 2050 pour être au rendez-vous de la décarbonation, de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut plus de nucléaire et plus de renouvelables. C'est vraiment ça le changement ».

 (Avec AFP)

La consommation de charbon dans le monde devrait atteindre un record en 2022

La consommation mondiale de charbon devrait croître d'1,2% par rapport à l'an dernier, à plus de 8 milliards de tonnes, battant un record de 2013, selon le rapport annuel sur le charbon élaboré par selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) Cette demande globale devrait ensuite se maintenir à peu près à ce niveau jusqu'à 2025, « en l'absence d'efforts supplémentaires pour accélérer la transition énergétique », estime l'AIE, qui entrevoit un recul dans les économies avancées mais une demande toujours « robuste  » en Asie. « Le monde est proche d'un pic dans son usage de l'énergie fossile, avec en premier le déclin attendu du charbon, mais nous n'y sommes pas encore », résume Keisuke Sadamori, directeur des Marchés et de la sécurité énergétiques à l'AIE. « En même temps, de nombreux signaux montrent que la crise actuelle accélère aussi le déploiement des renouvelables, l'efficacité énergétique, le recours aux pompes à chaleur », ajoute l'expert, pour qui « les mesures gouvernementales seront déterminantes » pour accélérer ce mouvement.