La France peine à faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre

En raison de l'arrêt des réacteurs nucléaires et le recours aux centrales à gaz, les émissions de gaz à effet de serre de la France peinent à baisser. Lors du premier semestre 2022, elles sont restées quasiment stables par rapport à la même période en 2021 (-0,6%). La situation est contrastée selon les secteurs d'activité mais c'est bien celui de l'énergie qui tire vers le haut les émissions.
La France doit en effet faire face à l'indisponibilité de la moitié de son parc nucléaire, ce qui explique la difficulté du pays à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.
La France doit en effet faire face à l'indisponibilité de la moitié de son parc nucléaire, ce qui explique la difficulté du pays à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. (Crédits : Reuters)

Alors que la France s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40% d'ici 2030, une ambition qui doit être renforcée pour tenir compte de nouveaux objectifs européens (-55%), elle n'aura pas réussi à les faire baisser lors du premier semestre 2022. « Les émissions de GES des six premiers mois de 2022 sont quasiment stables par rapport à celles des six premiers mois de 2021 (-0,6% de différence sur le semestre), au total tout secteurs hors puits de carbone », indique le Citepa, organisme mandaté pour réaliser l'inventaire français des émissions dont les estimations sont, à ce stade, encore provisoires.

 La production électrique nucléaire devrait atteindre 280 TWh en 2022, un plus bas historique

Le secteur de la production d'énergie a ainsi connu une hausse marquée de 7,6% sur le semestre, et cela « en lien avec les nombreux arrêts de centrales nucléaires en 2022 », souligne le Citepa. La France doit en effet faire face à l'indisponibilité de la moitié de son parc nucléaire actuellement en raison de maintenances programmées ou de problèmes de micro-fissures apparues l'hiver dernier. Résultat, la production électrique nucléaire devrait atteindre 280 TWh en 2022, un plus bas historique. Pour produire son électricité, le pays a ainsi notamment eu recours aux centrales à gaz et, beaucoup plus marginalement, à charbon. Ces moyens de production émettent du CO2, contrairement au nucléaire.

Lire aussiLuc Rémont, l'homme de l'Elysée qui doit sauver EDF et le nucléaire français

Le secteur des transports a aussi vu ses émissions augmenter sur la période (+7,0%), « avec deux facteurs opposés qui ont pu entrer en compétition, la suite du rebond post covid 2020 de reprise d'activité et la crise énergétique ». Une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) en 2021 a ainsi révélé que le secteur du tourisme en 2018 était à l'origine de 11% de l'émission des gaz à effet de serre en France alors qu'il représente 7,4% du PIB. Le transport aérien représente 40% des émissions du tourisme, l'hébergement, les achats de biens et la restauration, 20%.

À l'inverse, le secteur des bâtiments (-12,5%) et de l'industrie manufacturière et de la construction (-5,2%) ont vu leurs émissions reculer, une tendance pour laquelle le Citepa évoque la crise de l'énergie mais aussi la météo plus douce, qui a des effets sur le chauffage.

D'autres pays peinent à tenir leurs engagements

La France n'est pas le seul pays à connaître des difficultés dans ses engagements. Ainsi, le Canada, quatrième plus gros producteur de pétrole au monde, envisageait cet été de repousser les objectifs de réduction de gaz à effet de serre (de son industrie pétrolière.

Le gouvernement de Justin Trudeau a déposé il y a un an aux Nations unies son plan pour se conformer à l'Accord de Paris sur le climat, qui prévoit une réduction de 40% à 45% de ses émissions de GES d'ici 2030 par rapport au niveau de 2005.

Avec plus d'un quart des émissions carboniques du pays, l'industrie pétrolière et gazière canadienne est incontournable pour atteindre cet objectif, présenté comme une cible intermédiaire en vue de la neutralité carbone en 2050. Or, « certaines mesures requises pour réussir ces franches réductions pourraient demander plus de temps que ce dont nous disposons entre maintenant et 2030 », observait alors le ministre canadien de l'Environnement, Steven Guilbeault.

Gaz de schiste, dérégulation... Au Royaume-Uni, les premières décisions du gouvernement conservateur de Liz Truss au Royaume-Uni suscitent des inquiétudes sur sa politique climatique, dans un pays qui traverse une crise énergétique inédite. Liz Truss la nouvelle Première ministre a entamé ses fonctions début septembre en annonçant accélérer l'exploitation de pétrole et de gaz en mer du Nord et geler le moratoire sur la fracturation hydraulique, une technique polluante d'extraction des hydrocarbures de schiste.

_____

ZOOM - le nouveau patron d'EDF va devoir accélérer sur le nucléaire pour se passer des énergies fossiles

L'Élysée a proposé jeudi de nommer à la tête d'EDF Luc Rémont, actuel dirigeant de Schneider Electric, en remplacement de l'actuel PDG Jean-Bernard Lévy. Dossier au sommet de la pile : celui de la relance de la production électrique en berne, en raison de problèmes sur certains réacteurs nucléaires, mais aussi de la sécheresse qui a fragilisé la production hydroélectrique.

Sur 56 réacteurs, environ la moitié est à l'arrêt en raison de problèmes de corrosion ou pour des maintenances, ce qui devrait faire chuter pour 2022 la production à un plus bas historique de 280 TWh. Or, tout l'enjeu sera de faire redémarrer suffisamment de réacteurs pour faire face aux pics de consommation, notamment en cas d'hiver très froid.

D'autres chantiers plus structurels attendent le nouvel homme fort d'EDF. À moyen et long terme, le nouveau patron aura aussi à gérer le branchement de l'EPR Flamanville, qui accuse dix ans de retard, et de faramineux investissements à venir pour relancer le nucléaire, selon la feuille de route fixée par Emmanuel Macron en février 2022.

L'exécutif veut doter la France de six nouveaux EPR de seconde génération, avec une option pour huit autres tout en prolongeant la durée de vie d'un parc vieillissant au-delà de 50 ans, pour accroître la sécurité énergétique de la France, alors qu'il faudra de plus en plus se passer des énergies fossiles, et le gouvernement veut presser le pas.

 (Avec agences)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 30/09/2022 à 20:36
Signaler
Bonjour, Notre pays dois réduire ses gaz a effet de Serre et ses émissions de CO2... Même si notre part est très faible (8% du total). Mais puisque nous avons 50% des réacteurs nucléaires a l'arrêt ( merci EDF et la CGT ) , notre pays dois donc brû...

à écrit le 30/09/2022 à 8:48
Signaler
On ne représente que 0,8% des émissions mondiales de CO2...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.