Éoliennes : le Sénat donne un droit de veto aux maires, "un cadeau empoisonné" rétorque Pompili

Par latribune.fr  |   |  588  mots
La ministre de la Transition écologique a mis en garde: "seuls 20% du territoire français peuvent recevoir des éoliennes", et "nous essayons d'élargir ce périmètre, mais la consécration d'un droit de veto pourrait créer un phénomène de "not in my backyard" (pas dans mon jardin, ndlr). (Crédits : photo libre de droit)
Le Sénat offre également la possibilité d'un référendum local pour l'implantation des parcs éoliens. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili est vent debout contre cette décision qu'elle juge dangereuse pour l'avenir de cette forme d'énergie. Il est néanmoins probable que l'amendement des sénateurs ne soit pas retenu dans le texte de loi, le dernier mot revenant aux députés.

Alors que le débat autour des éoliennes a envahi la campagne des élections régionales dont le premier tour se tient dimanche, le Sénat a voté en faveur du droit de veto des maires sur l'implantation de celles-ci dans leur commune.

Dominés par la droite, les sénateurs ont adopté un amendement LR prévoyant une délibération du conseil municipal sur les projets d'implantation d'éoliennes, avec aussi la possibilité de le soumettre à un référendum local. Cette décision lors de l'examen en première lecture du projet de loi climat et résilience va à l'encontre de l'avis de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.

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Une "pression sur les maires"

"Qui mieux que le conseil municipal peut prendre une décision de cette nature?", a plaidé Édouard Courtial, élu LR de l'Oise. Egalement LR, la rapporteure Marta de Cidrac l'a soutenu, soulignant que l'amendement "répond à une demande forte des élus locaux, démunis face à l'implantation de parcs éoliens".

Mais la ministre a mis en garde: "seuls 20% du territoire français peuvent recevoir des éoliennes", et "nous essayons d'élargir ce périmètre, mais la consécration d'un droit de veto pourrait créer un phénomène de "not in my backyard" (pas dans mon jardin, ndlr): je veux bien de l'électricité, mais pas les éoliennes qui la produisent", a-t-elle argumenté face à des propositions similaires, venant également des sénateurs communistes.

"Le veto n'incite pas non plus à la concertation. Il pourra ensuite être réclamé pour l'installation de panneaux solaires ou d'usines de méthanisation", redoute-t-elle. Il y a cependant des chances que l'ajout des sénateurs disparaisse dans la navette parlementaire, les députés ayant le dernier mot.

Un veto mettrait "la pression sur les maires" qui pourraient être "pris en otage par certaines associations, par certains groupes", a-t-elle ajouté vendredi sur Public Sénat, évoquant "un cadeau empoisonné" aux maires.

"On a besoin de l'éolien, il faut avoir ça en tête pour essayer de sortir des faux débats", selon la ministre.

Et d'exposer: "La méthode que je propose est de reprendre les choses à zéro, de faire une cartographie qui était demandée par de nombreux élus, cartographies des zones où on peut faire de l'éolien", et ensuite "mettre tout le monde autour de la table pour voir où on peut les mettre et où on ne peut pas les mettre".

Sujet de campagne électorale

D'autre part, les opposants aux éoliennes ont profité de la campagne des régionales et départementales pour dénoncer les dégâts occasionnés sur les paysages et les nuisances dans les territoires ruraux. Et ce, alors que leur implantation ne relève pas de la compétence des régions.

En première ligne sur le sujet, le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a affirmé le 20 mars être hostile à tout projet éolien dans la région, lors d'une vidéoconférence. Les éoliennes sont également critiquées depuis plusieurs années par le Rassemblement national. "Le combat contre les éoliennes est un combat majeur, parce que les éoliennes sont une véritable catastrophe, visuelle, écologique, économique", avait par exemple soutenu Marine Le Pen, en déplacement dans l'Aisne le 15 mai. Les candidats RN dans les autres régions, comme en Normandie ou dans les Pays de la Loire, tiennent eux-aussi cette ligne.

(Avec AFP)