Le vélo, vedette attendue du déconfinement

Par Robin Legrand, AFP  |   |  672  mots
(Crédits : Veligo location)
Go Sport chiffre l'augmentation de la vente de vélos sur le web à 300% pendant la période de confinement.

Entre l'angoisse de reprendre les transports en commun et le besoin de grand air, le déconfinement sera un moment-clé pour l'usage du vélo en ville et les réparateurs et distributeurs se préparent à une grande affluence dès le 11 mai.

"On entend beaucoup de personnes qui disent qu'elles ne pourront pas reprendre le métro", affirme Olivier Tenet, propriétaire d'une boutique de vélos à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).

"Beaucoup de gens préparent leur retour au travail mais également la possibilité de rouler en forêt par exemple", ajoute-t-il. Sa boutique est restée fermée pendant le confinement, mais a rouvert mardi "pour éviter le pic" après avoir reçu un grand nombre de demandes.

"On s'attend à énormément d'affluence parce que les gens ne prendront pas les transports en commun et ils sortiront leurs vieux vélos cassés qu'il faudra réparer", soutient également Cyrille Romain, directeur d'un magasin Decathlon, à Vélizy (Yvelines).

Pour certains, l'affluence a déjà commencé en ligne. Go Sport chiffre ainsi l'augmentation de la vente de vélos sur le web à 300% pendant la période de confinement.

"Ça a été un déclic vraiment fort, on s'est dit que ce ne sera plus comme avant, qu'il y aura un avant et un après pour la catégorie vélos", assure Benoît Legrand, directeur du réseau chez Go Sport. Le groupe a ainsi mis en place un plan pour anticiper l'augmentation des achats et faciliter la réparation en magasin.

Cet engouement s'expliquerait en partie par la décision fin avril du gouvernement d'offrir un coup de pouce: un forfait de 50 euros pour faire réparer sa bicyclette d'occasion. Les réparateurs seront référencés sur une plateforme de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB - www.fub.fr), disponible à partir du 11 mai.

"Pénurie de réparateurs"

Cette aide s'inscrit dans un plan plus global de 20 millions d'euros, qui servira aussi à financer des places de stationnement temporaires et des formations pour apprendre ou réapprendre à rouler à vélo.

"Ce que l'on fait aujourd'hui est inédit, on a utilisé le vélo dans les années 1970 aux Pays-Bas pour contrer le choc pétrolier, et dans les années 1980 à Copenhague au Danemark, mais on n'a jamais utilisé le vélo à grande échelle pour lutter contre une seconde vague épidémique, et beaucoup de villes dans le monde y croient aujourd'hui", considère le président de la FUB, Olivier Schneider.

Selon lui, les ateliers vont être "pris d'assaut" le 11 mai et il s'inquiète d'une "pénurie de réparateurs". "On n'a pas une génération spontanée de réparateurs nés dans la nuit du 10 au 11 mai", assure-t-il.

"On ne s'attend pas non plus à un tsunami", tempère toutefois Jérôme Valentin, président d'Union sport & cycle (USC), qui représente 1.400 entreprises et 3.000 points de vente. "Les vélocistes et les grandes enseignes vont faire évoluer leurs horaires de façon à pouvoir répondre à cette demande", anticipe-t-il.

Pour Jérôme Valentin, 25 à 30 millions de vélos ne sont pas utilisés en France, tandis que 2,7 millions de vélos y sont vendus chaque année. Un chiffre que partage Olivier Schneider, qui en appelle à la "solidarité", pour prêter les vélos inutilisés entre voisins.

La pénurie de matériel, et notamment de vélos neufs, n'inquiète en revanche pas les protagonistes du secteur. "Contrairement au papier toilette ou aux pâtes, les stocks de vélos sont pleins, on ne risque pas d'avoir de pénurie", plaisante le président de la FUB.

Pour Olivier Tenet, le propriétaire d'une boutique de vélos à Saint-Germain-en-Laye, la période des "gilets jaunes" et celle des grèves de transport en Ile-de-France ont bien préparé les vélocistes. Lui-même avait déjà vu une recrudescence des demandes à ces moments-là. Malgré tout, "la semaine prochaine va être très dense", prévient-il.