Les éoliennes terrestres, si mal aimées, vont rapporter près de 8 milliards d'euros à l'Etat

Par latribune.fr  |   |  594  mots
Pour la première fois, les énergies renouvelables vont venir gonfler les caisses de l'Etat, et c'est l'éolien terrestre qui contribue très majoritairement à ce retournement inédit. (Crédits : Pascal Rossignol/Reuters)
La Commission de régulation de l'énergie (CRE) estime que les énergies renouvelables en France seront rentables pour l'État en 2023. La filière éolienne terrestre y contribue majoritairement, à hauteur de 7,6 milliards d'euros.

Conséquence directe de la flambée globale des prix de l'énergie, pour la première fois, les énergies renouvelables vont venir gonfler les caisses de l'Etat, plutôt que l'inverse. D'après les estimations de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), « la recette prévisionnelle liée aux énergies renouvelables électriques s'élève[rait], au titre de 2022 et 2023, à 8,6 milliards d'euros cumulés pour le budget de l'État. La filière éolienne terrestre contribue majoritairement à cette recette, à hauteur de 7,6 milliards », précise le gendarme français de l'énergie dans un communiqué publié lundi.

Ce retournement inédit s'explique par le fait que l'État paie les opérateurs quand le prix du marché est inférieur au prix garanti, et inversement, les opérateurs doivent reverser des recettes à l'État lorsque le prix du marché dépasse le prix garanti. Dans le contexte actuel d'inflation des prix des énergies fossiles, et des difficultés que connaît le parc nucléaire français, les filières renouvelables deviennent rentables pour l'Etat.

« Les charges liées au soutien aux énergies renouvelables en France métropolitaine continentale sont en baisse du fait du niveau exceptionnellement élevé des prix de gros de l'électricité et du gaz », indique la Commission de régulation de l'énergie. « En particulier, les prix de gros de l'électricité sont devenus en moyenne supérieurs aux tarifs garantis par l'État dans les contrats de soutien aux énergies renouvelables électriques. Ainsi, ce qui constituait les années précédentes des charges pour le budget de l'État représente pour la première fois une recette pour les finances publiques », ajoute la CRE.

Le photovoltaïque continue de peser sur les finances publiques

La CRE évalue ainsi le montant des charges à compenser par l'État envers les opérateurs pour 2023 à « -11,1 milliards d'euros, en baisse de 18,7 milliards d'euros par rapport à l'évaluation réalisée l'an dernier pour 2022, qui s'élevait à 7,6 milliards ». Au titre de ces deux années, la recette prévisionnelle liée aux énergies renouvelables électriques s'élèverait donc « à 8,6 milliards d'euros cumulés pour le budget de l'État », portée donc par l'éolien terrestre.

De son côté, la filière photovoltaïque continue « de peser marginalement sur les charges de service public à hauteur de 0,9 milliard d'euros » en cumulé. « Le poids des contrats historiques », conclus à son lancement « à des tarifs élevés, n'est pas encore compensé par les nouveaux contrats qui contribuent positivement aux finances publiques », précise la Commission de régulation de l'énergie.

Enfin, la filière hydraulique apporte une contribution positive, à hauteur de 0,8 milliard d'euros cumulés au titre de 2022 et 2023.

Accélérer le développement des énergies renouvelables

Fort de ce constat, la Commission insiste donc sur « la nécessité d'accélérer le développement des énergies renouvelables, par ailleurs indispensables pour renforcer la sécurité d'approvisionnement et atteindre les objectifs de neutralité carbone ». Toutefois, la CRE met en garde contre d'éventuels effets d'aubaine liés à la crise énergétique, concernant notamment le plafonnement des contrats de complément de rémunération et la résiliation anticipée des contrats de soutien.

De quoi peut-être inciter Emmanuel Macron à revoir ses positions vis-à-vis des éoliennes terrestres. Le président de la République avait déclaré lors de son discours à Belfort en février dernier prévoir un doublement de la capacité des éoliennes terrestres à l'horizon 2050, alors que l'objectif initial était un doublement de la capacité dès 2030.