EDF doit rester un groupe « unique », ne pas avoir d'énergies renouvelables est une « utopie » (Jean-Bernard Lévy, PDG)

L'énergéticien EDF, doit rester un groupe « unique », a estimé lundi le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy, en réponse aux craintes des syndicats, qui redoutent que la renationalisation annoncée du groupe ne soit le prélude d'un démantèlement futur.
Jean-Bernard Lévy

Alors que le périmètre du futur EDF fait l'objet de nombreuses spéculations et notamment celles d'un démantèlement à terme redouté par les syndicats, Jean-Bernard Lévy, le PDG du groupe qui s'apprête à laisser son poste dès que le choix du successeur aura été fait, a estimé lundi sur BFM Business que l'énergéticien devait rester un groupe « unique ».

Les syndicats craignent un démantèlement

Pour sa première prise de parole depuis l'annonce la semaine dernière par le gouvernement du lancement du processus de sa succession, il a indiqué :

« Tous les interlocuteurs avec lesquels je discute, ont bien en tête qu'il faut garder un EDF unique, (...) dans l'intérêt de la performance du système énergétique et électrique française. Qui peut penser un seul instant qu'on aura un EDF sans renouvelables, quelle utopie ! » en s'enthousiasmant du fait que le groupe « sait tout faire », le nucléaire, l'hydraulique, les énergies renouvelables. De nombreux observateurs estiment en effet qu'EDF se concentrera sur le nucléaire et l'hydraulique et qu'il pourrait être amené à céder les autres actifs comme les renouvelables. Engie s'est d'ailleurs clairement positionné sur les renouvelables si cette activité devait être vendue.

Jean-Bernard Lévy a réfuté lundi la vision des syndicats à propos du projet de réorganisation du groupe baptisé Hercule discuté pendant le précédent quinquennat, lequel était censé apporter des moyens en mettant en Bourse les activités d'EDF liées aux renouvelables et en améliorant la rémunération du nucléaire. Enterré en raison de désaccords avec la Commission européenne sur le maintien de l'unité du groupe, et aussi du fait de l'approche des élections françaises, ce projet était considéré par les syndicats comme un démantèlement.

Hercule, « c'était un groupe dans lequel on donnait à notre filiale renouvelables dont nous gardions le contrôle absolu, avec au moins 70% du capital, les moyens par la Bourse de trouver des capitaux additionnels pour accélérer », a expliqué Jean-Bernard Lévy.

Ce dernier a confirmé avoir été sur la même longueur d'ondes que l'Etat, s'agissant de sa succession anticipée. Le gouvernement a jugé préférable d'anticiper son départ dans la mesure où son mandat devait prendre fin au plus tard le 18 mars 2023, en raison de la limite d'âge prévue par les statuts du groupe.

 « Je suis moi-même allé voir l'État en leur disant 'il va y avoir une très grande réforme d'EDF qui va durer à peu près la durée du quinquennat et moi il se trouve que j'ai 68 ans en mars de l'année prochaine », a-t-il indiqué, en trouvant « normal qu'il y ait un pilote qui assure cette réforme dans la durée et ça ne peut pas être moi compte tenu de mon âge ».

S'exprimant samedi devant des journalistes en marge des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, a indiqué qu'il comptait sur une nouvelle direction dès septembre.

Lire aussiEDF : Le Maire compte sur un nouveau PDG en septembre pour reprendre en main la production d'électricité

Concernant l'opération en elle-même, Bruna indiqué que la nationalisation à 100% d'EDF permettra d'agir plus vite face à une crise énergétique qui va être un « problème considérable » dans les mois à venir, la coupure des approvisionnements de gaz russe étant « l'option la plus probable ».

« Une unité de commandement totale »

La montée prévue de 84% à 100% au capital de l'électricien « change beaucoup de choses parce qu'il y a beaucoup de projets qui peuvent prendre parfois quelques semaines ou quelques mois de plus, parce qu'il y a des débats qui sont légitimes à partir du moment où il y a une part d'actionnaires qui ne sont pas des actionnaires de l'Etat », a expliqué le ministre.

« Là, vous aurez une unité de commandement totale », a-t-il poursuivi. « Cela nous permet de prendre des décisions plus rapides sur le sujet stratégique de la production d'électricité décarbonée en France », a-t-il ajouté. Le numéro deux du gouvernement a précisé ne pas encore avoir obtenu l'aval de la Commission européenne pour la nationalisation d'EDF. « J'ai eu de longues discussions avec (la commissaire à la Concurrence) Margrethe Vestager sur ce sujet, donc nous reprendrons nos très longues discussions », a rapporté le ministre.

Enfin, Bruno Le Maire a chargé la direction d'EDF au sujet des problèmes opérationnels qui ne sont pas « acceptables » à ses yeux. 27 réacteurs nucléaires sur les 56 réacteurs que comptent le parc français sont à l'arrêt soit pour des questions de maintenance, soit pour des problèmes de corrosion. Concernant ces derniers, 12 sont à l'arrêt.

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 (Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 12/07/2022 à 11:11
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Ne manque plus que HBL, et nous aurons 4 producteurs d'énergie.

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