Un responsable de la BCE a trouvé LE moyen de "casser le Bitcoin"

Par latribune.fr  |   |  495  mots
(Crédits : Kai Pfaffenbach)
De nombreux banquiers, y compris centraux, ont exprimé leurs réserves sur la sulfureuse cryptomonnaie. C'est au tour d'un des membres du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) de proposer la solution pour réguler le bitcoin.

L'Autrichien Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, s'est prononcé en faveur d'une régulation du bitcoin, "objet purement spéculatif qui se fait passer pour une monnaie", a t-il déclaré mercredi dans une interview.

"Il suffirait d'appliquer la règle de base de toute transaction financière: chaque participant doit divulguer son identité. Cela casserait le bitcoin", a déclaré Ewald Nowotny dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. "Nous avons besoin d'une TVA sur le bitcoin qui n'est pas une monnaie", a-t-il également esquissé.

Le gouverneur de la banque centrale d'Autriche va beaucoup plus loin que les autres représentants de la BCE. En décembre, le Luxembourgeois Yves Mersch, membre du directoire, avait estimé dans le Börsen-Zeitung que les échanges en bitcoin étant faibles en volumes, ils ne constituaient "pas actuellement un problème pour la politique monétaire", ajoutant :

"Les investisseurs particuliers sont libres de parier. Cependant, si quelque chose ne va pas, ils ne devraient pas venir nous dire que nous aurions dû l'interdire et les protéger d'eux-mêmes."

Yves Mersch s'était déclaré toutefois préoccupé par l'entrée des bourses (comme le Chicago Mercantile Exchange) sur ce marché, qui "représente une menace majeure pour la stabilité financière".

L'autre risque concerne le blanchiment de capitaux que pose le développement des blockchains et des cryptomonnaies.

"Nous venons de décider de ne plus imprimer de billets de 500 euros pour cette raison et nous assistons à un vaste recyclage de cet argent sale à travers le bitcoin", déplore Ewald Nowotny.

Un cours trop volatile pour des paiements

Le Bitcoin est passé d'environ 1.000 dollars en janvier à plus de 16.000 dollars à la mi-décembre, une ascension vertigineuse faisant craindre une bulle, même dans les milieux financiers rompus à la spéculation et à la volatilité.

Le président de la banque centrale autrichienne estime que le bitcoin est avant tout une mode et souligne l'impossibilité à terme de généraliser les paiements avec une monnaie dont le cours est aussi volatile.

"Quand je prends le métro le week-end avec mes petits-enfants, il y a toujours quelques personnes qui viennent m'en parler, avant on me demandait s'il fallait acheter de l'or", ironise M. Nowotny.

Des responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont aussi récemment exprimé des craintes sur le sujet, tandis que la Banque centrale de Singapour a recommandé aux investisseurs d'agir avec "une extrême prudence" vis-à-vis du bitcoin. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, avait déclaré en décembre dernier

"Il ne doit pas y avoir d'ambiguïté : le bitcoin n'est en rien une monnaie‎, ou même une cryptomonnaie. C'est un actif spéculatif. Sa valeur et sa forte volatilité ne correspondent à aucun sous-jacent économique et ne sont la responsabilité de personne."

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(avec l'AFP)