Le secteur minier, théâtre d'une bataille mondiale entre pays des « Bric »

Dans le rachat d'entreprises ou le financement de projets, les pays émergents occupent désormais un poids prépondérant sur la scène internationale.
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Sur quelles places ont eu lieu les deux plus importantes introductions en Bourse du secteur minier en 2010 ? Bombay et Hong Kong. D'où sont originaires les entreprises minières ayant levé le plus de liquidités via des émissions obligataires ? De Chine. Qui a vu ses entreprises quadrupler ses rachats ? Le Brésil... Le bilan 2010 du secteur des mines et métaux publié par le consultant Ernst & Young fourmille d'exemples spectaculaires sur le poids conquis par les pays émergents dans ce secteur.

En 2010, les rachats par les entreprises des pays émergents ont ainsi pesé pour près de la moitié du marché mondial des fusions- acquisitions, qui a atteint 113,7 milliards de dollars (80 milliards d'euros) - soit près du double des volumes atteints en 2009. « La valeur moyenne des deals menés par les entreprises basées dans les émergents s'est élevée à 155 millions de dollars, soit bien plus que la moyenne constatée pour les pays développés, de 80 millions », constate Ernst & Young.

Dans le « top 10 » des pays acquéreurs, cinq sont émergents : derrière les deux premiers, Canada et Australie, figurent le Brésil (n° 3), la Chine (4), la Corée du Sud (6), l'Inde (7) et la Russie (9). Et en 2011, l'effervescence autour du secteur se poursuit : le conglomérat philippin San Miguel prévoit de dépenser 4 milliards de dollars dans les mines et les infrastructures, tandis que le gouvernement sud-africain vient d'annoncer la création de la Compagnie africaine de financement et d'exploration minière (AEMFC), un nouveau géant public...

« Soif de ressources »

Dans son étude, Ernst & Young se penche notamment sur la Chine et l'Inde. L'Inde, dont les entreprises ont dépensé 5,5 milliards de dollars en rachats en 2010 - un chiffre en forte progression mais deux fois inférieur à l'ex-empire du Milieu -, connaît désormais une « soif de ressources aussi urgente que celle de la Chine », constatent les auteurs du rapport. D'ailleurs, et c'est une première, l'Inde a dépensé plus à l'international que la Chine.

Alors que la compétition pour les projets s'accroît, l'étude relève qu'investisseurs chinois et indiens ciblent désormais les sociétés minières « juniors » à des stades précoces de leur exploration pour apporter les financements et accélérer leurs projets. De plus, « nous voyons les entreprises chinoises et indiennes devenir une première source de financement pour la composante infrastructure de l'équation », relève l'étude. Exemple avec l'indien Adani Mining, qui en acquérant auprès de l'australien Linc Energy le bassin charbonnier de Galilée situé à 600 km de l'océan, s'est engagé à financer aux côtés du gouvernement de l'État du Queensland des infrastructures pour expédier ses productions.

De plus en plus présents sur les marchés de fusions-acquisitions, les émergents le sont également sur les levées de fonds. Au total, 23 % des sommes récoltées lors d'introductions en Bourse en 2010 l'ont été à Hong Kong - qui a accueilli le numéro un mondial de l'aluminium Rusal - et 22 % à Bombay, notamment grâce à l'ouverture du capital du numéro un mondial du charbon, Coal India Limited. Les pays émergents ont également dominé les émissions obligataires, la Chine, le Brésil, la Corée du Sud et la Russie représentant conjointement près de la moitié des sommes levées.

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