Les spécialistes chinois de l'eau attendent les milliards de yuans du plan quinquennal

Entre 2011 et 2015, 80,6 milliards d'euros seront consacrés au traitement des eaux usées. Groupes cotés et structures publiques se disputent ce marché concurrentiel.
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La gestion de l'eau est un enjeu considérable en Chine. Pas seulement dans l'agriculture. « Dans l'industrie, l'eau n'est recyclée qu'à hauteur de 40 % contre 70 % en moyenne dans les pays développés », peut-on lire dans une récente étude réalisée par Schroders. « L'industrie papetière utilise deux fois plus d'eau que leurs concurrentes occidentales, les aciéristes en consomment 60 % de plus. » La Chine en a bien conscience. Son douzième plan quinquennal, validé en mars dernier, devrait d'ailleurs faire la part belle aux investissements dans les infrastructures dédiées à l'eau. « Entre 2011 et 2015, ce sont près de 770 milliards de yuans (80,6 milliards d'euros) qui devraient être investis dans le traitement des eaux usées et plus de 10,47 milliards d'euros dans l'amélioration du réseau de distribution », poursuivent les analystes de Schroders. Selon eux, « le nombre de sociétés spécialisées dans ce domaine pourrait avoisiner autour de 300 d'ici à 2015 ».

À qui profiteront ces sommes ? Dans quelle proportion ? Celles-ci devraient se répartir entre les grands groupes cotés et les multiples acteurs publics. Parmi les premiers, Beijing Enterprise Water, filiale de Beijing Enterprise, gros conglomérat de la municipalité de Pékin, actif notamment dans la distribution de gaz, l'alimentaire et désormais l'eau, constitue pour l'heure la plus grande capitalisation du secteur (1,5 milliard d'euros) sur la Bourse de Hong Kong. Viennent ensuite China Water Affairs (390 millions d'euros) et China Everbright Enterprise (1,2 milliard). Cette dernière a plusieurs projets dans le domaine de l'eau mais reste pour l'heure surtout présente dans le traitement des déchets et leur transformation en électricité.

Opacité

« Ces sociétés évoluent sur un secteur porteur bien sûr mais elles fonctionnent par projets dont la rentabilité est très variable », explique un gérant français à Hong Kong : « elles peuvent construire l'usine de traitement ou s'impliquer à la fois dans la construction et la gestion de l'eau avant de revendre leur structure à l'État ». De surcroît, la demande en capital est forte, les cycles de rentabilité sont longs et l'opacité sur les affaires est grande. « Ces entreprises ont tendance à lever régulièrement des capitaux en Bourse, ce qui ne rassure pas les investisseurs », ajoute-t-il, d'autant qu'elles sont déjà bien valorisées. En outre, ces groupes se partagent le marché avec de nombreux petits acteurs locaux non cotés et soutenus par les pouvoirs publics. « Les provinces et les municipalités endettées comptaient sur la vente de terrains pour se renflouer mais ne peuvent plus aujourd'hui augmenter leur prix », poursuit un autre expert. Elles cherchent donc d'autres parades : gérer des parcs éoliens, facturer le raccordement au gaz ou augmenter le prix de l'eau. Les analystes estiment que, d'ici à cinq ans, une hausse de 10 à 20 % (selon CLSA) ou de 8 % (Nomura) sera nécessaire pour que la Chine se rapproche des prix du marché. Au vu de l'inflation actuelle, cette hausse paraît cependant bien ambitieuse. Une chose est sûre : la Chine entend développer un modèle économique viable pour ses municipalités, ce qui risque de compliquer la conquête de ce marché par des multinationales étrangères.

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