L'éclaircie au bout du tunnel pour l'énergie solaire

Par Dominique Pialot  |   |  474  mots
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Le secteur traverse une très mauvaise passe, mais un rapport de McKinsey affirme que dans moins de dix ans, les entreprises qui auront passé le cap proposeront des prix compétitifs avec ceux des énergies conventionnelles.

Les ténèbres avant l'aube. C'est à peu près le titre de la dernière étude publiée par McKinsey sur le secteur du solaire : « Solar Power : Darkest before the dawn. » Sans minimiser la gravité de la situation actuelle, où chaque jour, ou presque, apporte son lot de licenciements massifs quand il ne s'agit pas carrément de faillites, le cabinet de conseil en stratégie voit le secteur continuer de croître grâce à une poursuite de la baisse des coûts, de 10 % par an en moyenne d'ici à 2020.

Les experts en sont d'autant plus convaincus que les prix vont continuer de baisser pour des raisons classiques liées à l'industrialisation : économies d'échelle, amélioration des process, système d'achats et chaîne d'approvisionnement plus performants, ou encore design amélioré des panneaux. Ces mêmes leviers ont d'ores et déjà permis une baisse de 75 % au cours des sept dernières années. Toute innovation technologique majeure ne ferait qu'amplifier le phénomène.

Des prix bientôt compétitifs avec ceux des énergies conventionnelles

Selon le rapport, la capacité de production devrait doubler dans les trois à cinq prochaines années. Le coût par Watt crête (Wc) pourrait atteindre 1 dollar pour un système posé sur le toit d'un logement. Et même s'il ne baissait que jusqu'à 2 $/Wc, cela permettrait au secteur d'ajouter de 400 à 600 gigawatts (GW) supplémentaires d'ici à 2020.

Le rapport n'esquive pas les difficultés que rencontrent aujourd'hui la plupart si ce n'est la totalité des entreprises du secteur. Confrontées à une situation de surcapacité en même temps qu'à une chute brutale de la demande liées aux réductions drastiques des tarifs de rachat. C'est grâce aux économies d'échelle, à la différentiation technologique et à la poursuite de l'industrialisation que certaines passeront ce cap difficile et atteindront un stade où la compétitivité des coûts les rendra indépendantes de ces subventions publiques.

Un bouleversement du secteur de l'énergie dans son ensemble

Autre point, sans doute le plus intéressant du rapport, cette « parité » entre les coûts des énergies renouvelables et ceux des énergies conventionnelles (dite parité réseau) bouleversera le secteur de l'énergie dans son ensemble.

Dans les pays émergents ne bénéficiant pas d'infrastructures électriques, les énergies renouvelables permettront d'apporter l'électricité à des millions de personnes vivant en zones rurales.
Mais même dans les pays de l'OCDE, une croissance rapide de l'énergie décentralisée pourrait changer la donne. D'ici moins d'une dizaine d'années, le solaire représentera une alternative crédible lorsqu'il s'agira de construire de nouvelles infrastructures énergétiques. Pour McKinsey, il ne faudra pas plus de deux à trois ans pour que leur coût soit compétitif pour l'énergie de pointe, et moins de dix ans pour l'énergie de base.