Investir dans l'eau peut rapporter gros, et même très gros

Par Dominique Pialot  |   |  505  mots
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Une étude de Frontier Economics montre que les régions des 10 principaux bassins fluviaux pourraient produire en 2050 l'équivalent d'un quart du PIB mondial. La banque HSBC a annoncé ce lundi 11 juin un partenariat avec WWF, WaterAid et Earthwatch d'un montant de 100 millions de dollars sur cinq ans pour en améliorer la gestion.

Le potentiel des dix plus importants bassins fluviaux du monde (en termes de population) est prometteur ; bien gérés, ils pourraient produire pas moins d'un quart du PIB mondial en 2050 (contre 10 % aujourd'hui). Soit le produit cumulé des Etats-Unis, du Japon et de l'Allemagne à la même époque. Sauf que d'ici là, sept d'entre eux pourraient se trouver confrontés à une pénurie d'eau sévère si leur mode de management n'est pas modifié. La plupart de ces bassins se situent en Inde (ceux du Gange, de l'Indus et du Krishna), en Chine (du Yantze, du Huang He ou Fleuve jaune et du Hai), en Afrique (Niger et Nil) et en Europe de l'Est (Danube).

2,5 milliards de personnes n'ont pas accès à des installations sanitaires de base

La problématique de l'accès à l'eau est l'une des plus délicates à laquelle l'humanité est aujourd'hui confrontée. Les Objectifs du Millénaire élaborés en 2000 (et qui devraient être ensuite remplacés par des Objectifs de développement durable, dont le principe pourrait être acté lors du Sommet Rio+20), prévoient de diviser par deux le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable et le nombre de celles n'ayant pas accès à des installations sanitaires entre 1990 et 2015.

Les bénéfices qui en découleraient s'élèveraient à 56 milliards par an d'ici à 2015. Et si l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires était étendu à l'ensemble de la population mondiale, c'est pas moins de 220 milliards par an qui pourraient être générés, dont 113 milliards pour les seuls Brésil, Inde et Chine. Mais en 2010, on estime à 800 millions les personnes sans aucun accès à l'eau potable, et à 2,5 milliards celles n'ayant pas accès à des installations sanitaires de base. 2,7 milliards de personnes vivent aujourd'hui dans des bassins souffrant déjà de pénurie pendant un mois par an.

Chaque dollar investi dans l'eau en rapporte cinq

Certes, un investissement de 725 milliards de dollars serait nécessaire pour généraliser complètement l'accès à l'eau potable (175 milliards) et à l'assainissement (550 milliards). Or, ces investissements ne représentent plus que 5 % du total des aides au développement, au lieu de 8% il y a 20 ans.

Le programme de 100 millions de dollars sur cinq ans annoncé ce 11 juin par HSBC (dont de nombreux clients vivent sur ces bassins), WaterAid et Earthwatch, doit permettre d'approvisionner en eau potable 1,1 millions de personnes et d'en équiper 1,9 millions d'installations sanitaires au Bangladesh, en Inde, au Népal, au Pakistan, au Nigéria et au Ghana. Ce programme englobe 1000 entreprises et 100.000 pêcheurs et agriculteurs qui vont être formés à une meilleure efficacité dans leur utilisation de l'eau. 100.000 collaborateurs vont également être sensibilisés à ces pratiques.

En moyenne, selon les calculs de Frontier Economics, un dollar investi dans l'approvisionnement en eau en rapporte cinq, et cette rapporte peut monter à 16 dans certains pays d'Amérique Latine. Peut-être ces chiffres sauront-ils convaincre d'autres investisseurs et favoriser "l'action  mondiale et collaborative" que le président du groupe HSBC, Douglas Flint, appelle de ses v?ux...