Eolien : la (mauvaise) saga de Vestas continue

Par Dominique Pialot  |   |  415  mots
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Déjà malmené par les marchés dans un contexte économique difficile, et controversé pour n'avoir pas su anticiper cette situation, le numéro un de l'éolien est à nouveau fragilisé par la révélation des malversations de son précédent directeur financier.

Fin août, le danois Vestas, leader mondial de l'éolien, annonçait un quatrième plan de licenciement en deux ans et un cinquième trimestre de pertes depuis début 2011. Les marchés avaient favorablement réagi aux rumeurs concernant des discussions avec le Japonais Mitsubishi Heavy Industry. Mais ils risquent de moins apprécier la déclaration faite hier mardi 2 octobre par la direction du groupe, à propos de contrats indiens qu'aurait passés l'ancien directeur financier en outrepassant ses prérogatives, et qui pourraient coûter à Vestas jusqu'à 18 millions d'euros, un montant qui a d'ailleurs été provisionné.

Pas d'action en justice

Henrik Noerremark avait brutalement quitté le groupe en février dernier, un mois seulement après avoir été promu directeur des opérations (COO) du groupe et quelques heures avant l'annonce d'une perte de166 millions d'euros, quatre fois supérieure à ce qu'attendaient les analystes. La direction a décidé d'annuler son package de départ, mais la décision de le poursuivre en justice n'a pas été prise. Le président du groupe a déclaré que les investigations menées jusqu'à présent montraient que ni le Conseil d'administration, ni le PDG n'étaient au courant de ces faits.

Le PDG encore plus fragilisé

Néanmoins, c'est une pierre de plus dans le jardin de Ditlev Engel, l'emblématique PDG du groupe depuis 2005. Récemment désigné par la profession comme l'homme le plus influent du secteur, il n'en suscite pas moins la défiance dans le monde de la finance. C'est lui en effet qui est tenu responsable de l'explosion des coûts fixes subie par Vestas entre 2008 et 2011, et accusé de ne pas avoir désinvesti assez tôt en réaction à la crise de 2008, contrairement à la plupart de ses concurrents. « Malgré l'attractivité opérationnelle de Vestas, il est difficile d'être très agressif à l'achat, rapporte l'analyste Julien Desmaretz (Bryan, Granier & Co). A chaque fois qu'on ouvre une porte, on se demande ce qu'on va trouver derrière. »

L'action en baisse à la Bourse de Copenhague

Dans ce contexte, pas sûr que les déclarations faites aujourd'hui à Copenhague devant une salle d'analystes et de journalistes comble suffisent à renverser la vapeur. Outre la sortie d'une éolienne offshore de 8 mégawatts prévue pour 2014 au lieu des 7 initialement annoncés, Vestas a indiqué des prévisions de marge opérationnelle légèrement inférieure à 10 %.
A 10H50 (08H50 GMT), Vestas perdait 4,90% à 38 couronnes, dans un marché quasiment stable (-0,05%).