La malédiction des matières premières est de retour

L'édition 2011 du Cyclope souligne la crise latente des matières premières agricoles.
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Pour la vingt-cinquième édition du Cyclope, qui relate chaque année les aventures des matières premières, le secteur « se retrouve au coeur d'un nouveau choc », constate Philippe Chalmin. La « malédiction des matières premières », ce cercle vicieux dans lequel les pays disposant de ressources ont tendance à se retrouver en s'endormant sur leur rente, serait partiellement à l'origine de ce choc selon le spécialiste. « Cette année, cette malédiction est à l'origine des printemps arabes, tout comme les révolutions de 1848 avaient pour terreau une série de mauvaises récoltes », assure Philippe Chalmin, peu impressionné par le recul des cours des ressources naturelles depuis quinze jours. En avril, les prix de ces matières étaient en effet à un pic historique. Difficile pour autant de savoir ce que l'avenir réserve : le Cyclope a laissé de côté les prévisions pour se concentrer sur l'analyse des faits, et note simplement que la responsabilité des variations de change sur l'évolution des matières premières obère toute prévision qui s'appuierait sur les seuls fondamentaux. Un point de vue qui affaiblit également toute velléité de régulation sur les matières premières : il faudrait avant tout réguler le marché des changes. Même si sur les questions agricoles, des mesures concrètes pourraient changer la donne.

Vraie agence d'information

Alors que la France pousse le sujet dans le cadre du G20, Philippe Chalmin estime qu'il faudrait avant tout favoriser l'émergence de fonds de financement des produits agricoles dans chaque pays susceptible d'être sensible aux fortes variations de prix. « La FAO fait partie du problème, il faudrait créer une vraie agence d'information dotée de moyens », assure l'expert. La prédisposition des stocks du Programme d'aide alimentaire sur les zones à risques constituerait une autre solution envisageable. Les denrées alimentaires et surtout le blé, risquent cette année encore, de défrayer la chronique en raison des perspectives de récolte déjà tendues, alors que la demande poursuit sa course en avant. « Une partie des semis de blé de printemps est en retard en Russie, ce qui pourrait signifier 10 millions de tonnes de moins sur le marché international. Et les plants ne sont pas en très bonne condition sur l'Europe du Nord, ou le sud des États-Unis. Mais rien n'est joué ! », assure François Luguenot, analyste sur les céréales chez InVivo et coauteur du Cyclope.

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