La vraie différence entre Macron et Le Pen sur l'Europe

Par Florence Autret  |   |  568  mots
L'Allemagne distribue en toute légalité des tombereaux de subventions à ses entreprises, comme le montrent les statistiques européennes. Pourquoi la France n'est-elle pas capable d'avoir conçu un système plus efficace d'aide à ses propres PME ?
En louant la « protection » apportée par l'Union européenne à la France, le président de la République François Hollande omet de souligner que la bonne politique est celle qui poussera le gouvernement à plus d'efficacité pour satisfaire, non pas les règles européennes... mais les citoyens contribuables.

La « grande idée » de l'Union européenne est « de permettre à chacun de nos Etats d'être encore plus souverain », a dit le président Hollande lors de son dernier sommet, le 29 avril, à Bruxelles. En guise d'appel à voter pour Emmanuel Macron, c'est un peu court. Dans un pays où le succès des forces prêtes à bazarder l'héritage européen a réuni plus de 46% des voix, on aurait attendu des arguments plus forts. On aurait aimé une once d'autocritique. On aurait aimé entendre dire par exemple que ce sont autant les politiques publiques que les entreprises qui sont mises en concurrence au sein de cette Union et qu'à ce jeu, les dirigeants politiques français n'ont pas brillé.

Aides aux agriculteurs, PME... le modèle allemand meilleur que le français

L'Allemagne, oui, aide ses agriculteurs grâce à un régime de TVA forfaitaire hyper-avantageux que Bruxelles se refuse à dénoncer. Mais pourquoi la France, grande bénéficiaire par ailleurs des aides agricoles, ne copie-t-elle pas ce modèle puisqu'il est légal et apparemment efficace ? Est-ce par ailleurs la « faute à Bruxelles » si, entre 1980 et 2005, pendant que le nombre d'agriculteurs était divisé par deux, celui des fonctionnaires du ministère de l'agriculture (environ 30.000 !) a continué à augmenter, comme l'a déploré la Cour des comptes à l'époque ? C'est hélas probable car les milliards de la Politique agricole commune versés chaque année à la France et défendus avec la dernière énergie par tous les ministres de l'agriculture se succédant rue de Varenne, n'encouragent guère à la parcimonie.

L'Allemagne distribue en toute légalité des tombereaux de subventions à ses entreprises, comme le montrent les statistiques européennes. Pourquoi la France n'est-elle pas capable d'avoir conçu un système plus efficace d'aide à ses propres PME ?

Indulgence de nos partenaires européens

Quand l'Etat a dépensé 5 milliards d'euros pour mettre sur pied à Saclay ce qui était annoncé comme un joyau de l'excellence scientifique française et que le projet périclite pour cause de querelles entre Bercy et l'enseignement supérieur, entre l'université et les grandes écoles, comme l'a établi la Cour des comptes et rapporté le quotidien Le Monde, faut-il s'en prendre à qui que ce soit d'autre qu'à nous-mêmes ?

Nos voisins payent très cher ce ratage. Rien que pour le projet Grand Paris Express, la ligne de métro 15 Sud, qui doit relier le campus à Paris, la Banque européenne d'investissement (la banque publique de l'UE), cofinancée avec nos partenaires allemand, espagnol, portugais, italien, britannique, etc., a mis 1 milliard d'euros sur la table. Nous sommes plus victimes de leur indulgence que de leur sévérité.

Macron, candidat de l'effort, et Le Pen, candidat de l'autosatisfaction ?

La différence entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ne tient pas seulement à leur programme, à leur profil, à leur passé. Elle réside aussi dans le fait que le premier prétend utiliser le levier européen pour hisser la décision publique à la hauteur des défis du moment, alors que la seconde flatte ses électeurs dans le sentiment de leur supériorité et joue la carte de la victimisation. C'est une grande différence. La « Grande Nation » serait peut-être plus avisée de sortir un peu d'elle-même, de ses corporatismes et de son colbertisme... que de l'Union européenne. La bonne nouvelle est que l'Europe peut éventuellement l'y aider.