Berlin épingle l'Eurogroupe... sur la dette grecque !

Des économistes du ministère fédéral allemand de l'Économie s'interrogent sur la stratégie de réduction de la dette grecque de l'Eurogroupe et invitent à continuer à financer Athènes après 2018.
Florence Autret

On connaissait le scepticisme du Fonds monétaire international au sujet de la capacité de la Grèce à rembourser sa dette. La semaine dernière, une nouvelle voix est venue s'ajouter au concert des critiques de la stratégie de l'Eurogroupe. Elle vise en particulier les mesures de restructuration de la dette définies - mais encore très partiellement mises en oeuvre - par les ministres des Finances lors d'une réunion informelle à Amsterdam en mai 2016.

Pour les trois auteurs de cette note intitulée Est-ce que la Grèce a besoin de plus d'allégement de dettes ? Et si oui, de combien, publiée au début du mois d'avril par le Peterson Institute (PIIE, Washington), il serait préférable, du point de vue du contribuable européen, de continuer à financer la Grèce à hauteur d'environ 100 milliards d'euros après la fin de l'actuel programme, plutôt que de pousser Athènes à retourner sur le marché, comme le souhaitent les ministres des Finances.

La suggestion est en soi originale

Mais ce qui l'est plus encore est qu'elle émane des services de recherche du... ministère fédéral allemand de l'Économie, dont deux des trois cosignataires, Eike Kreplin et Jeromin Zettelmeyer, sont respectivement un économiste et un ancien directeur général de la politique économique. Les auteurs démontrent que l'objectif d'un retour de la République hellénique sur le marché après 2018 n'est non seulement pas réaliste, mais qu'il risque, de surcroît, de coûter plus cher aux contribuables européens que la poursuite d'un financement par le Mécanisme européen de stabilité.

Se fondant sur l'exemple d'autres pays développés ou émergents ayant connu des problèmes comparables dans le passé, ils estiment que « l'effort fiscal supplémentaire qu'il est possible d'attendre de la Grèce n'atteindra pas ce qui est requis pour restaurer la solvabilité sans allégement supplémentaire additionnel de la dette ».

Le risque grec « possiblement pour plusieurs décennies »

Mais surtout ils jugent que, si l'« arsenal » des « mesures de dettes » envisagées, prévues par l'Eurogroupe pourraient permettre « poussées à l'extrême » d'obtenir ce résultat, elles risquent d'aggraver considérablement et « possiblement pour plusieurs décennies » l'exposition au risque grec de la Facilité européenne de stabilisation financière - le premier fonds européen créé en 2010 et placé depuis 2012 sous l'ombrelle du Mécanisme européen de stabilité.

Le PIIE précise, comme il est de coutume, que les vues des auteurs de la note « ne peuvent être citées comme reflétant celles de l'institution » pour laquelle ils travaillent. Il n'empêche qu'il est intéressant de voir que le BMWi, actuellement dirigé par la sociale-démocrate Brigitte Zypries, laisse ses équipes empiéter sur la chasse gardée du ministère fédéral des Finances (BMF) et de son patron, le chrétien-démocrate Wolfgang Schäuble, à quelques jours de l'assemblée de printemps du FMI, à Washington.

Ni le BMWi, ni les équipes du Mécanisme européen de stabilité, qui ont apporté leurs concours aux chercheurs en répondant à leurs questions, n'ont voulu faire de commentaire.

Florence Autret

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Commentaires 17
à écrit le 14/04/2017 à 12:47
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La seule solution viable consiste à virer la Grèce de l'UE et d'avaler les pertes. Il y a eu plusieurs plans de sauvetage et de versement de fonds, mais à chaque fois la Grèce n'a pas tenu ses engagements. Ils veulent l'argent, mais pas la discipline...

à écrit le 14/04/2017 à 11:36
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comme quoi M .Schauble ne fait pas l'unanimité chez lui et la politique de toute austérité est terminée et on pourrait enfin entrevoir une VRAIE solution pour la Grèce.

à écrit le 14/04/2017 à 10:37
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le fmi suggere qu'on annule la dette grecque... apres avoir bien pris soin de se faire rembourser ses creances avant....... comme les socialistes francais qui sont pour l'impot ( sur le revenu en particulier) , mais seulement apres avoir sorti en gr...

le 14/04/2017 à 16:44
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"le fmi suggere qu'on annule la dette grecque... apres avoir bien pris soin de se faire rembourser ses creances avant......." Faut s'adresser à Christine lagarde directrice générale du FMI depuis le 5 juillet 2011. Sinon, un souvenir: Voilà ...

à écrit le 14/04/2017 à 8:43
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L'Allemagne tient en otage l'Europe, elle n'écoute personne d'autre qu'elle même, peut-être qu'elle va écouter d'autres allemands plus éclairés mais ce serait étonnant. Les banquiers rackettent l'Europe avec la bénédiction du gouvernement allemand, v...

le 14/04/2017 à 10:38
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vous pouvez vous garder votre racisme anti allemand? merci

le 14/04/2017 à 12:10
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Se faire traiter de raciste par vous est un véritable régal, mais en effet de part votre profonde connaissance du sujet je devrais me méfier peut-être suis je en train de développer un ressentiment vis à vis des allemands... Laissons donc parler ...

le 14/04/2017 à 15:31
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Je ne suis pas sûr que ce soit de gaité de coeur que l'Allemagne constate qu'avec quelques pays plus petits, elle est la seule solvable en Europé, et donc que tôt ou tard elle paiera pour les gabegies de ses partenaires européens. Et pas sûr qu'elle ...

le 14/04/2017 à 16:48
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"Je ne suis pas sûr que ce soit de gaité de coeur que l'Allemagne constate qu'avec quelques pays plus petits, elle est la seule solvable en Europé, et donc que tôt ou tard elle paiera pour les gabegies de ses partenaires européens." Dans ce cas e...

le 14/04/2017 à 17:03
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Comment voulez-vous qu'elle écoute les autres nations, nos dirigeants vont se faire adouber par la chancelière!!!!! Quand a la grèce les banques C.A. et D.B. ont de telles expositions que si l'état Grec saute elles sautent avec.mais que fait Tsipras ...

le 15/04/2017 à 10:14
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"les gabegies de ses partenaires européens." Gabegie n'est certainement pas le mot approprié. Lorsqu'un gouvernement fait passer le bien-être de son peuple avant les intérêts financiers, s'il y a dépense, il n'y a pas automatiquement gabegie. Il n'...

le 15/04/2017 à 20:36
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@Valbel89 : quelques gabegies du quinquennat écoulé qui n'ont en rien amélioré le bien être en France : -Ecomouv (plus de 1 milliard) pour in fine continuer à favoriser le tout-camion et se retrouver l'un des seuls pays européens dépourvus d'écotaxe...

le 16/04/2017 à 11:43
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à grand: c'est exactement ça, nos politiciens vont se mettre à genoux devant les créanciers allemands, autant dire qu'un espoir d'évoluer n'est pas envisageable dans ces conditions. ET je m'interroge comme vous sur Tsipras, notamment sur toutes c...

à écrit le 14/04/2017 à 8:40
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berlin donne chaque jour une raison de plus de rejeter bruxelles ou est la colaboration entre états surtout pour un pays qui a vue se dette efface plusieurs fois

le 14/04/2017 à 15:45
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L'Allemagne est contributrice nette à l'UE depuis des décennies, c'est même de loin le premier contributeur (actuellement environ 15 milliards par an). Elle est le pays qui est le plus impliqué financièrement dans le sauvetage grec. Enfin elle a dû, ...

le 14/04/2017 à 19:08
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vous allez me faire pleure la reconstruction avec la rda avais ete planifie depuis willy brand allors pretendre que cela c'est realise en moin de 10ans est une arnaque

le 15/04/2017 à 9:26
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"vous allez me faire pleurer" : tel n'est pas mon objectif. "la reconstruction avec la rda avait été planifiée depuis willy brandt" : probablement, mais entre planifier (tirer des plans sur le papier) et financer et exécuter, il y a un monde. Il a ...

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