Rapport Gallois : un choc peut en cacher un autre

Par Eric Walther, directeur de la rédaction  |   |  510  mots
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Soixante-sept pages, 22 propositions, un bruit médiatique et politique considérable. Le rapport Gallois aura donc fait le buzz depuis la mi-juillet, date de sa commande officielle par Jean-Marc Ayrault. De fuites en rumeurs, de démentis en sommations, ce Pacte pour la compétitivité de l?industrie française aura il est vrai bénéficié d?un climat particulièrement favorable à sa notoriété : entre le plan social de PSA, l?affaire dite des Pigeons et la poussée désormais acquise, et si l?on ose dire admise, du chômage pour plusieurs mois, l?actualité a largement nourri le débat sur les remèdes et les anti-remèdes à apporter à l?économie française.
On lui devra au moins ça, à monsieur Gallois, qui doit se remémorer avec nostalgie le peu d?écho que rencontraient ses rapports lorsqu?il était patron de feue la Direction générale de l?industrie dans les années 80. Car si choc de compétitivité il ne provoquera pas ? on remarquera qu?il a repris dans l?intitulé de son texte le beaucoup plus consensuel vocable « Pacte » - c?est désormais acquis, ce texte en aura provoqué un de toute autre nature, mais pas moins conséquent : celui de la prise de conscience.
Entendons-nous bien : on peut débattre à l?envi de l?origine réelle du déficit de notre compétitivité ? coût direct du travail, performances hors-coûts, inadaptation de l?offre?- il n?en reste pas moins que nous avons un sérieux problème. Le mérite de la saga Gallois aura été que tout le monde finisse pas le reconnaître. Certes, François Hollande avait esquissé le sujet pendant sa campagne, mais jamais en posant la question aussi brutalement qu?elle ne l?a été ces dernières semaines. Passons sur les politicailleries de gauche comme de droite ? « c?est toi qui voulais augmenter la TVA donc je ne le ferai pas », « vous n?aimez pas les entreprises et vous ne savez qu?embaucher des fonctionnaires » - , et regardons plutôt le bilan de cette séquence politico-économique :
- La compétitivité n?est plus un mot tabou, même si il faudra encore un peu de temps avant que Jean-Luc Mélenchon puisse le prononcer.
- Le surpoids des charges sociales patronales et salariales devient lui aussi un sujet partagé par une grande majorité de la classe politique. Oui, les avis divergent sur la façon de les réduire, sur le niveau des salaires à soulager, mais là encore c?est un acquis.
- Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault n?aurait certainement pas préparé le plan visant à améliorer les performances de notre économie  sans la pression exercée par un rapport Gallois, dont l?ombre portée a été finalement aussi opérante que sa publication, qui n?a finalement apporté guère de surprises.

En ce sens, il y aura un avant et un après Gallois. Et ce n?est déjà pas si mal.