Et si le succès de la primaire de droite inspirait la gauche

Par Robert Jules  |   |  735  mots
Après tout, ne serait-il pas instructif de voir lors d'une telle primaire Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg ou encore François Hollande, sans compter l'outsider qui pourrait percer, confronter leurs programmes ?
La primaire de la droite et du centre a été un vrai succès. Ses débats ont même déjoué les pronostics des médias et des instituts de sondages. Cela devrait inciter la gauche à s'en inspirer. Un candidat légitimé par cette procédure aurait des chances d'être présent au deuxième tour au détriment de la candidate du FN.

Dimanche, le second tour de la primaire de la droite et du centre désignera qui, de François Fillon, désormais favori, ou d'Alain Juppé portera les couleurs de la droite et du centre à l'élection présidentielle de 2017.

En attendant, on peut d'ores et déjà saluer une gagnante : la primaire elle-même qui aura tenu ses promesses bien au-delà des espérances, en matière de démocratie et de transparence.

Pourtant, ce n'était pas gagné, tant la droite fut pendant des décennies plus encline à suivre un chef auto-proclamé: Jacques Chirac avant-hier, Nicolas Sarkozy hier.

Pourquoi un tel changement ? C'est d'abord la conséquence des luttes fratricides alimentées par la guerre des chefs qui a miné la droite durant des années - de l'affrontement Balladur/Chirac jusqu'à la polémique Fillon-Copé en passant par la concurrence Sarkozy/Villepin - et exaspéré nombre d'adhérents et d'électeurs.

Une ouverture qui donne une légitimité décisive au scrutin

Cette primaire, même s'il ne l'a pas acceptée sans arrière-pensées, doit beaucoup à Nicolas Sarkozy. En prenant la présidence de l'UMP en décembre 2014, transformée ensuite en « Les Républicains », il a réussi à unifier le parti en réconciliant les différentes familles de droite.

C'est lui également qui a consenti à l'élaboration du cahier des charges de la primaire, ouverte aux candidats du centre, autorisant tout Français ou Française inscrit sur les listes électorales à pouvoir voter, se dotant d'une haute autorité indépendante. Une telle ouverture a donné une légitimité décisive au scrutin. Soulignons que, malgré les suspicions initiales et le fait que ce soit une première, la consultation n'a connu aucun incident ni contestation, preuve de la qualité de l'organisation.

Loin des petites phrases et polémiques, des débats de haute tenue

Surtout, elle a permis à chacun de se faire une idée précise des programmes et mesures proposées. Loin des petites phrases et polémiques, les débats télévisés, qui ont passionné des millions de téléspectateurs, ont été des moments démocratiques où chacun a pu évaluer réellement la qualité et la teneur de candidats qui s'étaient sérieusement préparés à l'exercice. Ainsi, en tant qu'ex-président de la République, Nicolas Sarkozy n'a pas eu plus d'avantages que Jean-Frédéric Poisson, un quasi inconnu avant le premier débat.

Ce choix de la transparence et de la démocratie explique pourquoi les prévisions des sondages et des médias ont été déjoués, que ce soit la vague François Fillon, l'élimination de Nicolas Sarkozy, le score moyen d'Alain Juppé, l'écroulement de Bruno Le Maire, ou encore la performance plus qu'honorable de NKM.

Au regard de ce succès, la gauche -pionnière en la matière- serait bien inspirée de suivre l'exemple. Après tout, son électorat doit pouvoir lui aussi juger des candidats déclarés et de leurs programmes en toute transparence. Cette « compétition » permettrait de pouvoir dégager celui ou celle qu'ils pensent les représenter au mieux tout en offrant à chacun d'entre eux une chance égale à défendre son programme.

Pas de primaire à gauche, c'est risquer l'échec au premier tour

Après tout, ne serait-il pas instructif de voir lors d'une telle primaire Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg ou encore François Hollande, sans compter l'outsider qui pourrait percer, confronter leurs programmes ? L'électeur de gauche comme celui de droite n'est pas naïf, il sait très bien que le candidat idéal n'existe pas, mais il aura la possibilité de se faire sa propre idée et sélectionner celui ou celle qui lui semble le plus à même de défendre un programme cohérent et réaliste qui correspond à des valeurs de gauche.

Car, si les futurs candidats de gauche se présentent en ordre dispersé, le seul probable résultat sera l'élimination au premier tour.

Au contraire, un candidat sorti d'une telle primaire bénéficierait d'une forte légitimité pour affronter au premier tour de la présidentielle en 2017 le candidat de la droite qui sera choisi dimanche, et avoir une réelle chance de pouvoir reléguer Marine Le Pen à la troisième place. Mais la gauche veut-elle cette primaire ?