Fillon au finish ?

Par Robert Jules  |   |  530  mots
François Fillon a profité de chacun de ses passages télé.
La surprenante percée de François Fillon en troisième homme de la primaire de la droite et du centre augmente le suspense du premier tour qui se tiendra dimanche.

A cinq jours du premier tour de la primaire de la droite et du centre, et à deux jours du dernier débat télévisé des 7 candidats, la campagne est en train de prendre un tour inattendu grâce à la rapide ascension de François Fillon.

C'est du moins ce que montrent les derniers sondages. Longtemps cantonné à 10%, en compagnie de Bruno Le Maire, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy se rapproche désormais de la barre des 20%. Certes, c'est encore loin des 30% d'Alain Juppé - qui reste le favori - et de Nicolas Sarkozy dont le duel a largement dominé la campagne. Mais si Trump l'a fait, pourquoi pas Fillon ? Un sondage publié aujourd'hui et réalisé par l'Ifop pour le compte de Paris-Match, I-Télé et Sud Radio, donne ainsi Alain Juppé à 33% (- 4 points en deux semaines), Nicolas Sarkozy à 30% (- 1 point) et François Fillon à 20% (+ 8 points).

Après "L'émission politique", une image émancipée

Cette percée avait commencé après le premier débat télévisé des candidats et, surtout, s'est affirmée à l'issue du passage dans « L'Emission politique » sur France 2. Mis sur le grill, François Fillon n'y avait esquivé aucune difficulté, affirmant ses convictions, refusant de céder à la facilité, allant jusqu'à déstabiliser la pourtant pugnace journaliste Léa Salamé. Cette volonté de ne pas chercher à jouer de la séduction, mais au contraire à suivre sans dévier sa ligne politique mariant conservatisme et libéralisme, traduction d'un programme cohérent et assumé franchement à droite, est en train de payer. François Fillon n'est plus perçu comme le « collaborateur » de Nicolas Sarkozy, il s'en est définitivement émancipé.

L'incertitude d'une consultation ouverte à qui veut

Si l'écart du nombre d'intentions de vote reste encore important avec les deux favoris, François Fillon a d'ores et déjà réussi à instiller le doute dans tous les camps. C'est déjà une performance : il prend des voix à tous les autres adversaires. Et cela pourrait se poursuivre. Comment vont réagir ceux qui soutiennent les autres candidats, dont on sait qu'ils ne seront pas présents au deuxième tour. Vont-ils voter utile dans le secret de l'isoloir ?  Et puis, qui va aller se prononcer dans cette consultation ouverte à qui veut ? Des électeurs potentiels de gauche et du Front national peuvent faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. C'est la grande inconnue du scrutin.

Avoir été Premier ministre n'est plus un handicap

Quel que soit le résultat qui s'affichera dimanche soir, François Fillon aura au moins montré que le rôle de Premier ministre n'est plus un handicap pour postuler à la fonction suprême, une partie des Français et des Françaises semblant désormais sensibles à la persévérance, la loyauté, la patience, l'expérience, voire l'abnégation dont font preuve désormais les Premiers ministres avec le quinquennat présidentiel... Ne voit-on pas d'ailleurs le même phénomène apparaître à gauche, avec un Manuel Valls qui, dans les sondages, apparaît désormais comme le candidat à la présidentielle le mieux placé si François Hollande décide de ne pas briguer un nouveau mandat ?