Hollande, la malchance jusqu'au bout ?

Par Ivan Best  |   |  577  mots
François Hollande a renoncé à briguer un second mandat alors que l'économie française semble enfin sur la bonne voie. Pas de chance, décidément... A moins d'un ultime coup de théâtre politique...

Hollande restera-t-il comme le "loser" définitif, le président le plus mal aimé de la cinquième République, et le seul contraint de reculer devant l'obstacle d'une campagne présidentielle post- premier mandat ? Son image de perdant et de malchanceux pourrait se trouver renforcée par l'évolution de l'économie qui, alors qu'il s'est retiré lui-même du jeu -fait inédit-, donne enfin de vrais signes d'amélioration. Après avoir passé le quinquennat à annoncer la reprise et la prochaine inversion de la courbe du chômage, sans convaincre de ses résultats, cette fois, quelques semaines après l'annonce de son renoncement, ce pourrait être la bonne. Les créations d'emplois reprennent franchement, notamment dans l'intérim, la dette publique se réduit (très légèrement), et, dernier indicateur scruté de près par les conjoncturistes, car riche d'information sur l'avenir, le climat des affaires se redresse nettement. En décembre, l'indicateur avancé publié par l'Insee a bondi d'un coup, retrouvant un niveau inconnu depuis... juillet 2011. C'est plus que prometteur pour la croissance des mois à venir.

Comme l'autre corrézien d'adoption

Un parallèle avec le Jacques Chirac de 1997 peut être fait. En décidant une dissolution à froid de l'Assemblée nationale, une autre première sous la cinquième République, le prédécesseur de François Hollande à l'Elysée s'était alors livré à une « expérimentation hasardeuse », pour reprendre l'expression du premier bénéficiaire de l'opération, Lionel Jospin. Une expérimentation qui s'apparentait à un quasi suicide politique. Pourquoi une telle dissolution ? Comme Hollande, qui vient de se faire, lui aussi, hara kiri, Chirac était à la peine avec sa majorité divisée entre balladuriens et chiraquiens ; comme Hollande, il doutait de l'économie, et se sentait incapable de boucler le budget 1997 avec un déficit public inférieur à 3% -déjà-, sans lequel la France ne pouvait se qualifier pour l'euro. Ce que n'avait pas vu Jacques Chirac, au moment de dissoudre la chambre basse, c'était que les premiers indicateurs d'une véritable reprise s'accumulaient, à la suite de la hausse du dollar qui dopait la compétitivité et donc le moral des industriels français. Et que, loin d'être impossible, le respect des 3% de déficit pouvait s'appuyer sur cette conjoncture souriante qui se dessinait.

On connaît la suite : le PS au pouvoir, et un Lionel Jospin se vantant avec son ministre des Finances DSK d'avoir organisé une reprise réellement perçue après leur arrivée, mais en réalité déjà en marche à la fin de l'hiver 1997. Pas de chance pour Jacques Chirac... comme pour l'autre Corrézien d'adoption qu'est François Hollande, qui renonce à se battre alors qu'il pourrait tenter de cueillir le fruit de ses réformes.

A quoi bon?

Lors du rituel des vœux télévisés pour 2017, notre encore président pourra bien sûr mettre en avant les indicateurs économiques encourageants. Mais à quoi bon, puisqu'il s'est mis hors-jeu ? A moins qu'il ne mette à profit le « bazar » à gauche, l'entrée en campagne peu concluante pour l'instant de Manuel Valls, pour tenter un ultime come back en forme de revirement. Il y songe manifestement, d'après les derniers échos entendus. Mais est-ce vraiment possible alors que sa popularité reste basse ? François Hollande aura sans doute la satisfaction d'avoir laissé à son successeur une économie en meilleure forme. Lequel lui en saura gré, bien sûr !