Les Pays-Bas, premier test électoral pour l'Europe post-Brexit

Par Robert Jules  |   |  535  mots
Geert Wilders, leader du parti d'extrême droite (PVV) (à gauche) et Mark Rutte, Premier ministre sortant, leader du parti conservateur (VDD), avant leur débat télévisé lundi.
Les Néerlandais votent ce mercredi pour élire leurs députés. Le PVV, la formation d'extrême droite de Geert Wilders, pourrait arriver en tête. Même s'il n'aurait pas les moyens de gouverner en l'absence de coalition, ses thèmes de prédilection - euroscepticisme et anti-immigration - gagnent du terrain en Europe en cette année électorale majeure pour la France et l'Allemagne.

Depuis le Brexit et l'élection de Donald Trump, il faut se méfier des pronostics. Aussi, lors des élections législatives qui se tiendront ce mercredi aux Pays-Bas, l'arrivée en tête du PVV, la formation de Geert Wilders, s'affichant ouvertement eurosceptique, anti-immigrés et prônant la « désislamisation » du pays, est un risque à ne pas écarter. Il adresserait un signe supplémentaire du rejet sinon de la méfiance à l'égard de l'Union européenne.

Le vote batave inaugure cette année une série de consultations importantes pour l'avenir de l'UE, avec en mai la présidentielle en France et le référendum sur la loi travail en Italie, et les législatives en Allemagne cet automne.

Extension de l'euroscepticisme

La confirmation d'une extension de l'euroscepticisme fragiliserait encore davantage une Union, dont les membres peinent à faire front commun, comme vient de l'illustrer la polémique entre la Turquie et les Pays-Bas qui ont refusé, contrairement à la France, d'autoriser le ministre des Affaires turc a mené campagne auprès de la diaspora turque.

Certes, même s'il arrive en tête, Geert Wilders - sa formation est créditée de 16% des suffrages dans les sondages, en deuxième position - aura toutes les peines à former une coalition de gouvernement, en raison d'un système électoral à la proportionnelle. Si parmi les 15 formations qui présentent des candidats, la majorité devrait envoyer des députés siéger au parlement, les principales refusent de gouverner avec Geert Wilders.

C'est à une équation semblable que se retrouve d'ailleurs confronté le Front National en France, où Marine Le Pen reste dans les sondages largement en tête au premier tour mais perd dans tous les cas de figure au second, en raison du scrutin majoritaire à deux tours.

Un bon élève européen

Il y a donc des chances que Mark Rutte, le Premier ministre sortant, dont le parti conservateur VVD reste en tête des intentions de vote (18%), soit le futur chef de gouvernement ou au moins un de ses membres éminents. Il restera à savoir s'il s'associera à nouveau avec les Travaillistes pour mener une politique de rigueur qui lui a permis d'afficher un taux de croissance en 2016 de 2,1% et un chômage à 6%. Pour autant, si ces chiffres font du pays un bon élève européen, ils restent dans la norme pour l'économie hollandaise, voire en deçà.

Durant la campagne, Mark Rutte a d'ailleurs plutôt durci le ton en matière d'immigration et réaffirmé ses valeurs conservatrices pour éviter que ses électeurs ne se tournent vers Geert Wilders, qui aura donc imposé son agenda.

La tentation du repli

Cette situation reflète le malaise qui s'est installé depuis plusieurs années dans une partie de la société néerlandaise, longtemps réputée pour son ouverture et son multiculturalisme. Aussi, une victoire de Geert Wilders mercredi indiquerait que la tentation du repli gagne du terrain. Et elle viendrait confirmer que l'euroscepticisme que l'on voit à l'oeuvre dans nombre de pays du Vieux continent nécessite un sursaut et une réponse ambitieuse de la part de ceux qui sont persuadés que la construction européenne reste un projet d'avenir.