Poutine is watching you

Par Robert Jules  |   |  671  mots
La dilution du pouvoir des Etats-Unis actuellement à l'oeuvre permet à Vladimir Poutine de marquer des points sur la scène internationale, que ce soit dans le conflit syrien en soutenant le régime de Bachar el Assad ou dans le rapprochement avec Ankara après le coup d'Etat avorté contre Erdogan.
Barack Obama veut riposter contre la Russie, soupçonnée d'avoir piraté le Comité national démocrate et influencé la présidentielle américaine. Il accuse directement Vladimir Poutine, de plus en plus présent sur la scène internationale.

La cyber-conflictualité est la continuation de la politique par d'autres moyens, pourrait-on dire, en mettant au goût du jour la maxime du célèbre général et stratège militaire prussien, Carl von Clausewitz, à la lecture des révélations faites par la presse américaine.

Selon elle, des hackers russes, dans un scénario digne d'une série TV américaine, auraient infiltré en 2015 et 2016 le système informatique du Comité national démocrate, chargé de coordonner la campagne de la candidate Hillary Clinton pour l'élection présidentielle. En outre, ces hackers auraient également piraté l'intégralité des quelque 60.000 courriels de la messagerie personnelle de John Podesta qui présidait la campagne de Hillary Clinton, et dont certains messages ont été révélés par les Wikileaks.

Le manque de réaction des autorités américaines

Toutes ces opérations auraient été supervisées par Vladimir Poutine en personne, indiquent les articles citant des rapports du FBI et de la CIA. Mais ce qui fait problème, outre les faits s'ils sont avérés, c'est le manque de réaction des autorités pourtant tôt informées par les agences de renseignement.

Non que les Etats-Unis n'en aient pas les moyens, bien au contraire : les révélations de l'ex-employé de la NSA, Edward Snowden, réfugié en Russie, ont montré qu'au nom de la lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis espionnent tout le monde, jusqu'au téléphone de la chancelière allemande Angela Merkel, ce qui avait miné les relations entre Washington et Berlin.

Le coeur du système démocratique visé

Cette faiblesse des Etats-Unis, qui se voient manipulés au cœur même du système démocratique, se conjugue ces derniers temps avec la perte d'influence de l'Oncle Sam sur certains terrains. La chute de la ville d'Alep cette semaine devant les forces du régime Assad soutenues par les Russes montre combien Washington, qui avait aidé les rebelles au départ de la révolte, n'agit plus dans une logique impérialiste.

Cette dilution de l'unipolarité américaine, que l'on voit tant au Moyen Orient qu'en mer de Chine, est le signe d'une période de transition qui se caractérise par une diffusion de la puissance à travers d'autres pays, comme l'illustre par exemple l'action de l'Arabie Saoudite qui écrase la rébellion au Yemen dans une quasi indifférence de la communauté internationale.

Pour autant, sous Obama, les Etats-Unis ne se sont pas retirés du monde : ils se sont faits plus discrets, ayant vu les conséquences désastreuses des grands déploiements terrestres de l'ère Bush. Ils ont adopté une stratégie furtive fondée sur un dispositif qui combine le recours aux drones, les opérations des forces spéciales et le cyber.

Dilution du pouvoir

C'est donc cette dilution du pouvoir qui permet à Moscou de marquer des points sur la scène internationale, que ce soit dans le conflit syrien en soutenant le régime de Bachar el Assad ou dans le rapprochement avec Ankara après le coup d'Etat avorté contre Erdogan, qui soupçonne les Etats-Unis de l'avoir laissé faire.

Donald Trump lui-même a indiqué à plusieurs reprises vouloir entretenir des bonnes relations avec Moscou, et la nomination d'un novice en politique, mais qui a ses entrées au Kremlin, pour diriger le secrétariat d'Etat en la personne du patron d'Exxon Mobil en est un signe évident.

Faut-il pour autant y voir un succès du "soft power" russe, qui se diffuse via les médias et les réseaux sociaux, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir trop vite. En effet, Barack Obama veut réagir à quelque semaines de son départ de la Maison Blanche. Des mesures "seront mises en oeuvre en temps voulu et de la manière que nous aurons choisie. Certaines pourront être explicites et visibles, d'autres peut-être pas", a-t-il menacé.

La cyberguerre ne fait que commencer.