Trump, de l'énergie à revendre

Par Robert Jules  |   |  661  mots
Donald Trump juste avant de prêter serment sur la Bible au Capitole.
En voulant déréguler le secteur de l'énergie, le nouveau président veut que les Etats-Unis obtiennent l'indépendance énergétique. Une telle politique pourrait créer des millions d'emplois, réduire la facture des ménages, et rendre les entreprises locales plus compétitives, tout en... luttant contre le réchauffement climatique.

Aujourd'hui, Donald Trump a pris officiellement ses fonctions de président des Etats-Unis. Il va donc commencer à appliquer son programme « America first ! ». Parmi les mesures majeures, il faut compter l'« indépendance énergétique » des Etats-Unis. Donald Trump y voit deux avantages. Le premier est de ne pas avoir à dépendre de pays, plus ou moins hostiles, pour l'approvisionnement : Opep, Russie... tout en marquant un point dans sa rivalité avec la Chine, l'autre grande puissance, qui doit importer près de 60% de son pétrole, plus de 32% de son gaz naturel et même, depuis peu, plus de 5% de son charbon. Cette indépendance s'affirme également à travers la nomination du patron d'ExxonMobil, Rex Tillerson, à la tête de la diplomatie américaine.

Une politique qui tourne le dos à celle de Barack Obama

Le deuxième avantage est d'ordre économique. Tournant le dos à la politique énergétique de Barack Obama, dont l'administration, au nom de l'environnement, conjuguait le rejet de plusieurs projets de développement dans les hydrocarbures et le soutien à celui des énergies renouvelables, Donald Trump veut, lui, déréguler et libéraliser l'ensemble du secteur. Il envisage en effet de lever toutes les restrictions en matière de permis d'exploitation et mettre fin aux subventions, notamment dans le solaire et l'éolien.

Le président américain compte ainsi, par cette opération de vérité sur le coût réel selon les sources de la production d'énergie, obtenir le meilleur prix, ce qui réduira la facture énergétique pour les ménages - notamment les plus pauvres - et pour les entreprises, qui gagneront ainsi en compétitivité.

Les réserves d'hydrocarbures estimées à 50.000 milliards de dollars

Selon le calcul de ses experts, l'exploitation des réserves de pétrole, gaz naturel, schistes, et charbon propre équivaudrait à 50.000 milliards de dollars. Une manne qui permettrait de créer des millions d'emplois et de réduire le déficit commercial.

Pour Donald Trump, tout cela favorisera la croissance de l'économie américaine.

Evidemment, une telle politique favorable à la consommation d'hydrocarbures va compliquer la lutte contre le réchauffement climatique, que le candidat Trump qualifiait durant sa campagne de « canular ». Mais pour le président américain, les investissements consacrés aux solutions comme la capture et le stockage du CO2 et les technologies d'efficience énergétique devraient permettre de résoudre ce problème.

Quand aux énergies renouvelables, la suppression de leurs subventions permettra de réduire la dépense publique, d'autant que certains affirment que leur prix de revient est désormais compétitif. Ce qui ne signifie pas pour autant leur disparition, loin s'en faut, mais, aux yeux de la nouvelle administration, elles doivent prouver qu'elles méritent économiquement leur place dans l'offre totale. Après tout, la révolution du pétrole et du gaz de schiste n'a-t-elle pas eu lieu sous une administration, celle de Barack Obama, qui avait fait du développement des énergies vertes sa priorité au détriment des hydrocarbures?

Investir dans la modernisation du réseau électrique

Il y a un autre volet de la politique énergétique de Donald Trump qui peut participer à la croissance économique du pays. Comme le recommande le département de l'Energie américain, dans une publication trimestrielle qui dresse un état des lieux de la situation énergétique du pays, du producteur au consommateur en passant par le distributeur, il est nécessaire d'investir dans la modernisation du réseau électrique qui montre des signes de faiblesse. Ces investissements devraient s'inscrire dans le plan de relance qu'a annoncé Donald Trump en matière de développement et de modernisation des infrastructures du pays.

Reste à savoir si une telle politique, qui va à rebours de celles menées à travers le monde, notamment dans les pays de l'Union européenne, est de nature à relancer la croissance économique et tiendra ses promesses en matière d'emploi. C'est en tout les cas l'un des paris des "Trumponomics".