Trump ne fait pas ce qu'il veut

Par Robert Jules  |   |  528  mots
Donald Trump.
Le rejet de "Trumpcare" par nombre d'élus républicains a refroidi les ardeurs des investisseurs et va pousser le président américain à devoir composer avec des démocrates pour faire passer ses futurs projets.

Ceux qui s'imaginaient que Donald Trump allait révolutionner les Etats-Unis en sont pour leurs frais. En se faisant retoquer vendredi son « Trumpcare », qui devait se substituer après abrogation, au système de santé mis en place par son prédécesseur (l'Obamacare), le président américain s'aperçoit qu'il est plus facile de faire des tweets que de convaincre des élus dont la majorité sont pourtant dans son propre camp.

Ce qu'il y a en effet de piquant dans cette affaire est que le projet de Trump a été jugé trop mou par le courant le plus à droite du Great Old Party (GOP), celui qui se reconnaît sous la bannière du Freedom Caucus, et trop dur par l'aile modérée qui s'inquiétait des conséquences négatives de ce détricotage. Bref, une partie des Républicains trouvent Donald Trump trop à gauche, une autre trop à droite.

Certes, on se souviendra que le président américain avait dû s'imposer contre des concurrents issus du parti qui ne l'avaient pas ménagé. Et il n'avait dû qu'à sa fortune personnelle de pouvoir mener une campagne contre l'appareil du parti. Certains élus s'en souviennent, mais cela n'explique pas tout.

Les investisseurs préfèrent l'obligataire européen

Le revers que Donald Trump vient de subir lui rappelle, au cas où il ne le savait pas encore, qu'un pays ne se gère pas comme une entreprise privée. Même les investisseurs, qui lui faisaient confiance au point d'envoyer les indices boursiers à des niveaux historiques depuis son investiture, ont pris leur distance en faisant chuter la Bourse, sont passés à la vente sur le dollar, au profit notamment de  l'euro, et à l'achat sur l'obligataire européen.

Le président américain s'est dit déçu, déclarant « avoir beaucoup appris à propos de la loyauté ». Ce qu'il apprend surtout ce sont les dures lois de la politique, dont la première est celle du rapport de forces, et d'une évaluation réaliste des situations. La communication n'est que l'habillage.

Du coup, il va se tourner vers les « démocrates modérés ». Les ennemis honnis d'hier pourraient donc devenir des partenaires notamment pour faire voter son projet fiscal, qui propose notamment d'imposer une taxe aux frontières et des baisses massives d'impôts, en ciblant les classes moyennes. Les tractations s'annoncent serrées.

C'est toute la différence avec la Russie

Au delà de ce travail législatif, on mesurera combien l'homme le plus puissant du monde voit sa marge limitée par des contre-pouvoirs réels. C'est toute la différence, que visiblement nombre de personnes en France, fascinées, négligent, avec la Russie. Comment on l'a vu ce week-end, Vladimir Poutine peut ordonner la mise au pas brutale de ses opposants pacifiques, qui défilaient pour dénoncer la corruption au plus haut niveau de l'Etat, sans que le parlement ou la justice s'en émeuvent. Ce qui fait l'essence de la démocratie est en particulier l'existence de contre-pouvoirs. En cette période électorale, propice aux envolées lyriques et promesses généreuses, il serait bon de ne pas l'oublier.