Des auto-entrepreneurs témoignent : "Je gagne mieux ma vie qu'en étant simple salarié"

Par Collectif d'auto-entrepreneurs  |   |  657  mots
Les auto-entrepreneurs pourront-ils encore entreprendre? (DR)
Alors que la fronde des auto-entrepreneurs s'organise contre le projet de réforme du statut proposé par le gouvernement, cinq auto-entrepreneurs ont accepté de témoigner pour La Tribune. Ils sont menuisier, esthéticienne, créateur de mode ou communicant, autant de secteurs qui ne se sentent pas concernés par les dérives dénoncées par la ministre de l'Artisanat, Sylvia Pinel, et dont l'avenir est menacé par ce projet de loi...

Charlotte, créatrice de bijoux :
J'ai 29 ans et je suis créatrice de bijoux. Et pourtant j'étais partie pour être prothésiste dentaire ! C'est en 2009 que j'ai décidé de tenter l'aventure. J'ai pris le statut d'auto-entrepreneur et j'ai commencé à vendre mes bijoux tout en gardant mon métier. 4 ans après, c'est devenu mon activité principale mais j'arrive à peine à en vivre. Si vous m'obligez à changer de statut je tomberai dans la précarité car mon CA actuel ne me permet pas de supporter des charges supérieures. Laissez-moi juste essayer de vivre de ma passion et de mon talent ! Je vous promets que si ça ne marche pas, je rentrerai dans le droit chemin en m'inscrivant à Pôle Emploi !

 Pauline, esthéticienne :
J'ai 22 ans et je ne me plaisais pas dans l'enseigne de cosmétique dans laquelle je travaillais. Trop impersonnel. J'ai choisi de travailler en auto entrepreneur et peux ainsi collaborer avec deux instituts de soins très hauts de gamme. Ainsi je continue à perfectionner mon métier, mes techniques au contact de grands noms et d'une clientèle exigeante. Je me sens libre et je gagne mieux ma vie qu'en étant simple salariée. Un jour je créerai mon propre Institut. Ce statut me permet d'avoir ma propre activité. Je me sens entrepreneur à part entière !

Loïc, menuisier :
J'ai 37 ans, j'étais ouvrier dans une grande entreprise de menuiserie industrielle et j'ai été licencié. J'aime mon métier mais je n'ai pas envie de créer une grosse structure ou d'avoir des employés. J'ai décidé après une période de chômage difficile de me lancer. Je vois souvent des gens qui ont de petits chantiers de menuiserie pour lesquels les entreprises classiques ne se déplacent pas car le CA n'est pas suffisant pour couvrir les coûts fixes. Moi qui travaille tout seul je peux cibler ces chantiers à 1000 ou 2000?. Il y a peu de concurrence. Et j'ai le sentiment de rendre service à mes clients. Sans moi, ils auraient fait faire le boulot au « black ». Je me sens citoyen quelque part !

Pierre, journaliste :

J'ai 50 ans et je suis journaliste. Aujourd'hui la presse est en crise et mon revenu de pigiste salarié a fondu pour ne représenter que 7000? par an. Pour assurer mon revenu j'écris dans plusieurs revues professionnelles qui ne peuvent pas salarier de pigistes, ou pour des agences de communication. Ils me demandent normalement de facturer ma prestation. J'ai donc choisi le statut d'auto entrepreneur qui me permet de vivre puisque j'arrive à facturer ainsi 15 à 18000? par an avec un niveau de charges sociales limitées à 21%. C'est donc devenu de fait mon activité principale. Si vous supprimez ce statut, je n'ai pas de solution. Ce CA est trop bas pour supporter les charges d'une EURL. Je ne pourrai tout simplement plus travailler légalement alors que j'ai du travail... A se taper la tête contre les murs.

Sylvia, chef de projet évènementiel :
J'ai 42 ans et j'ai travaillé 20 ans en agence de communication comme chef de projet sur des évènements pour des entreprises. Il y a eu un plan de départs volontaires et je l'ai pris. J'avais envie de me lancer en indépendante pour mieux organiser mon temps personnel avec mes 2 enfants ados. L'auto-entrepreneuriat m'a permis de poursuivre mon métier que j'aime beaucoup mais sur des projets pour des agences de com différentes. Je suis très heureuse. Je gère ma vie professionnelle comme je l'entends et choisis les dossiers qui me plaisent. Il n'y a pas de routine. Mon seuil de CA ne me permettrait pas de créer une « vraie SARL » et de payer un comptable etc... Si ce statut disparaît, je ne sais pas ce que je vais devenir. Je n'ai plus envie de repartir en agence... ce serait régresser.

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